et je réfléchis et..

par cat, vendredi 08 août 2014, 00:40 (il y a 3522 jours) @ cat

tu sais ce qui est drôle de cette manière que j'aie d'ouvrir des textes et de fouiller ? c'est que l'auteur pense être fouillé ou que son texte se fait fouiller/détruire alors qu'en fait j'aime le texte, j'aime la langue, j'aime l'écrire, je suis curieuse et je veux comprendre, et j'essaie d'y entrer, je dépose tout et j'essaie d'entrer — c'est que je veux — et si on y pense vraiment bien deux fois plutôt qu'une c'est moi qui m'ouvre et devient transparente dans ma lecture de texte et devant les autres...

d'où le fait que je trouve un peu con oui parfois je trouve bon un peu con la réaction de l'auteur qui grimpe dans les rideaux et s'insurge et qui m'insulte et met le feu aux poudres pendant que je reste à peu près nue et transparente au beau milieu des jérémiades de pluies de refus et des amis qui viennent soi-disant défendre l'auteur comme s'il y avait un combat où ça un combat..


...


alors imagine ....

c'est un laboratoire particulier et tout nickel les murs sont couleur nuit et les tables alignées sont blanches luminescentes toutes propres et brillantes, au début on en voit trois allumées mais on perçoit les pourtours des autres tables dormantes dans l'espace définit que par la couleur nuit des murs. à côté de chacune des tables un petit plateau sans couteaux ni pinces mais sur lesquels reposent des parenthèses, des points de suspension, ce qui ressemble à de petits encadrements de gauche et de droite séparés au centre pour être placés et déplacés, et une boîte avec les lentilles grossissantes juste pour assez pour arriver à une certaine précision d'italique. dans un coin non éclairé de cet espace il y a un microscope endormi, ce n'est pas un microscope électrique avec plein de pièces compliquées, non, c'est un microscope organique qui fonctionne par correspondance sentie et analogie — cet organe spécial a un double situé dans l'autre coin de cet espace couleur nuit et sa fonction est contraire à l'organe micro c'est à dire que celui-ci fonctionne comme un Hubble, un Hubble organique et, lui aussi il dort pour le moment — la pièce est calme et il y flotte comme une musique ou plutôt une tonalité, c'est très léger. une femme entre. c'aurait pu être un homme, mais ce n'est pas dans le scripte pour cette vie-ci. la femme est petite et ses mains sont minuscules et fines. elle porte un vêtement dont la couleur se fond à celle des murs si bien qu'on a l'impression qu'elle en fait complètement partie. sur une des tables soudainement plus illuminée que ses suivantes est déposée — et nous ne le découvrons que maintenant — une page, une page posée comme un corps. les bras le long de son propre corps la petite femme fait le tour de la table très lentement. elle est attentive et penche la tête, s'approche et recule. elle met ses lunettes et entreprend de séparer le corps du poème du corps de la page. la page étant un objet sacré et le poème étant une sécrétion de créativité toute aussi sacrée, les gestes de la femme sont très précis. il ne faudrait endommager ni le corps ni la sécrétion de créativité. la seconde table s'illumine fortement. un corps de verbe vient d'y être déposé, sevré de son support qui repose inerte et pur sur la première table. le femme les bras le long du corps fait le tour de cette table où le spécimen dort. il lui semble que des membres soient en désordres... quelque chose ne va pas. elle le met sous respirateur artificiel. en son for intérieur elle n'est pas certaine que ce corps exprimé puisse survivre, mais elle fera tout ce qu'elle peut. dans un micro suspendu au-dessus du plan de travail luminescent la femme identifie et nomme les membres du poème endormi. les heures qui suivront, elle le sait, vont requérir toute sa concentration et sa minutie...

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