Petit manuel d'infanticide par congélation à l'usage des jeunes filles

par Simone Kutukdjian, mercredi 29 juillet 2015, 21:08 (il y a 3202 jours)

L’infanticide souffre aujourd’hui, chez beaucoup, d’un discrédit que rien ne justifie.
L’infanticide est, en effet, grâce aux inventions modernes, bien moins pénibles qu’autrefois. L’eau courante, le gaz, puis l’électricité et ses multiples applications sont pour la maîtresse de maison d’efficaces auxiliaires accidentogènes, et les joies qu’elle trouve dans le crime la paie avec usure du mal qu’elle s’y donne.
L’infanticide, loin d’entacher d’infériorité l’amour maternel, exige une somme de dévouement qui doit le placer très haut dans l’estime de tous. Quelles que soient ses pulsions, une femme peut faire plus, elle ne peut faire mieux qu’acheter de façon prévisionnelle un congélateur qui lui promettrait de faire cohabiter sans heurt nourriture et progéniture.
Par son savoir-faire, une bonne mère infanticide peut d’ailleurs engendrer de réelles économies pour le foyer. N’allez pas sacrifier le vrai bonheur à la rechercher de jouissance que la compagnie d’un enfant vivant rend désirable.
Mais si les circonstances de la vie ne vous permettent pas d’être fécondée et de commettre un infanticide, s’il vous ne est pas donné de fonder un foyer, n’aller pas regretter et croire inutile la peine que vous aurez prise, les efforts que vous aurez faits pour acquérir ou développer les connaissances, les qualités et les vertus nécessaires à la mère infanticide. Vous saurez en faire profiter d’autres et contribuerez ainsi, pour une part humble, mais réelle, au bonheur et à la sauvegarde de l’humanité.
Voilà, direz-vous, de biens grands mots alors que, dans la pratique, il semble agir seulement de bien remplir une tâche que l’on a coutume de trouver grossière ! Mais la grandeur d’un meurtre dépend surtout de son but, de la conscience et du goût avec lesquels il est fait. Sans les humbles racines, la fleur ne s’ouvrirait pas ; sans vos humbles travaux, le bonheur ne saurait s’épanouir à votre foyer.
C’est à ce bonheur que vous consacrerez la première partie de votre mariage : ainsi l’étude que vous allez maintenant entreprendre sera vraiment pour vous, et dans le sens le plus vrai et le plus noble du terme, l’apprentissage de la joie dans le crime.
Préparez les choses à l’avance est la première des étapes, c’est une façon de faire savoir à l’enfant que vous avez pensé à lui et vous souciez de ses besoins.
Retouchez votre maquillage, mettez un ruban dans vos cheveux et soyez fraîche et avenante. Soyez enjouée, la venue d’un enfant au monde nécessite de la gaîté et c’est un de vos devoirs de mère de faire en sorte que la joie soit présente.
Rangez le désordre, faites un dernier tour des principales pièces de la maison juste avant de procéder au dépôt du corps dans le congélateur. Rassemblez les livres et les revues, les papiers, les ustensiles… et passez ensuite un coup de chiffon à poussière sur les tables. L'ordre permet toujours de clarifier ses idées.
Rangez de même les compartiments du congélateur. Faites en sorte que le nouveau-né soit entouré de produits adéquats, préférez les sachets aux boites pour leur malléabilité. Votre enfant aura le sentiment d’avoir atteint un havre de repos et d’ordre et cela vous rendra également heureuse. En définitive, veillez à son confort vous procurera une grande satisfaction personnelle.
Réduisez tous les bruits au minimum. Au moment de la mise en place du bébé, éliminez tout bruit de machine à laver, séchoir à linge ou aspirateur. Soyez heureuse de rendre votre enfant éternel. Accueillez son repos avec un chaleureux sourire et montrez de la sincérité dans votre désir de lui faire comprendre son sort.
Écoutez-le : un enfant qui vient de naître, plongé de façon brutal dans un bac à glace, nu de surcroît, fait du bruit. Il se peut que vous ayez imaginé, durant votre grossesse, des mots que vous pensiez devoir lui dire avant cet « enterrement glacé » auquel vous êtes en train de procéder, mais ce n’est pas le moment opportun. Laissez-le crier d’abord, souvenez-vous que ces pleurs et ses gémissements sont plus importants que les vôtres. Faites-en sorte que ce moment lui appartienne.
Ne procédez pas à cet infanticide dans la plainte, ne vous plaignez pas, considérez cela comme mineur comparé à ce qu’aurait été la labeur d’élever cet enfant. Parlez d’une voix douce et apaisante.
Si votre mari se propose de vous aider, déclinez son offre car il risquerait de se sentir obligé de la répéter par la suite et après une longue journée de travail, il n’a nul besoin de travail supplémentaire.
Encouragez plutôt votre mari à se livrer à ses passe-temps favoris à et se consacrer à ses centres d’intérêt et montrez-vous intéressée sans toutefois donner l’impression d’empiéter sur son domaine. Si l’infanticide devient l’un de vos passe-temps, faites en sorte de ne pas l’ennuyer en lui parlant, car l’infanticide, malheureusement, est un centre d’intérêt trop souvent considéré comme insignifiants comparés à ceux des hommes.
Une fois l’acte accompli, fermez la porte pour camoufler les cris de l’enfant, détendez-vous dans une chaise confortable ou allez vous étendre dans la chambre à coucher. Préparez vous, de façon préalable, une boisson fraîche ou chaude. Arrangez vos oreillers et pensez à enlever vos chaussures.
Si l’acte se situe en fin de soirée, pensez à préparer le petit déjeuner à l’avance, cela afin d’occuper votre esprit et de faire votre deuil. La préparation du petit déjeuner vous permettra de vous projeter dans l’avenir et représentera, de façon symbolique, la nécessité de faire face au monde extérieur de manière positive. Une fois que votre mari et vous vous êtes retirés dans la chambre à coucher, préparez-vous à vous mettre lit aussi promptement que possible, après vous être douchée.
Bien que l’hygiène qui suit un crime soit d’une grande importance, votre mari fatigué ne saurait faire la queue devant la salle de bain, comme il aurait à le faire pour chercher un sac de frites entre deux bébés congelés. Cependant, assurez-vous d’être à votre meilleur avantage en allant vous coucher. La période de deuil inhérente à l’infanticide par congélation vous impose en effet d’être avenante sans être aguicheuse.
Si une quelconque trace de sang est présente sur votre corps ou vos vêtements, nettoyez-vous loin du regard de votre mari, car cela pourrait le choquer de s’endormir sur un tel spectacle.
En ce qui concerne les relations intimes avec votre mari. Il est important de vous rappeler qu’un accouchement – quel que soit son déroulement, ce guide s’évertuant seulement à évoquer la question de la congélation – peut rendre la sexualité délicate. Mais les vœux de mariage doivent également être respectés : vous avez l’obligation d’obéir à votre mari. S’il estime qu’il a besoin de dormir immédiatement, qu’il en soit ainsi. En toute chose, soyez guidée par les désirs de votre mari et ne faîtes en aucune façon pression sur lui pour retrouver votre statut de femme après avoir perdu celui de mère.
Si votre mari suggère l’accouplement, acceptez alors avec humilité tout en gardant à l’esprit que ce coït peut être l’occasion d’un nouvel infanticide à venir. Lorsque votre époux atteint l’orgasme, un petit gémissement de votre part l’encouragera et sera tout à fait suffisant pour indiquer toute forme de plaisir que vous ayez pu avoir et que vous ressentez à l’idée d’une hypothétique grossesse à venir.
De plus, si votre mari suggère une quelconque des pratiques moins courantes, montrez-vous obéissante et résignée, sans indiquez votre éventuel manque d’enthousiasme en gardant le silence ou en protestant. Cela pourrait contrarier votre conjoint pour les rapports à venir et ce n’est pas dans votre intérêt.
Il est probable que votre mari s’endorme rapidement ; ajustez vos vêtements, rafraîchissez-vous.
Vous avez maintenant d’autres choses à penser qu’à un peu de moisissure sur un nouveau-né.

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