Le point de vue d'Elisabeth

par Écrire, dimanche 13 septembre 2015, 17:36 (il y a 3155 jours)

Je n’avais pas atteint 20 ans. Il approchait des 45. Et alors ? 25 années n’équivalent pas une montagne ! Et quand bien même, Eros a la réputation de les déplacer... A contrario, qui s’aventurerait à qualifier d’amour un sentiment qui remuerait un pâté de sable ? Imaginez l’impact d’une telle déclaration : « Chéri, pour toi je renverserais des taupinières ! ». De toute façon, je n'en étais pas là. Les premières semaines, j’étais séduite, flattée, attirée. Curieuse... Certes, je suis curieuse en général. Mais là, je l’étais singulièrement. Ensuite, l’alchimie s’est produite, mais elle a réclamé un délai plus conséquent que celui nécessaire à la dilution d'un carré de sucre dans un café. Peu à peu, l’émotion a pris forme en moi. Jusqu’à ce qu’elle acquière la densité d’une évidence et la précision d’un sentiment répertorié. À ce moment, ça tambourinait dur à l’intérieur. Ça voulait sortir. Quand bien même je l’aurais souhaité, je ne pouvais plus empêcher sa manifestation. J’étais « mordue ». Une expression qui m'enchante : les vampires sont des complices fantasmatiques depuis l’adolescence. Comme s’il l'avait pressenti, le soupirant choisit ma gorge pour cible première. Le parallèle n’allait toutefois pas au-delà. Le tendre assaut s’était produit en début d'après midi, sous une lumière vive qui eut instantanément réduit en cendres un non vivant. C'était le premier jour. Il y en aurait 4000 autres... Total dont nous déplorerions le caractère approximatif si nous ambitionnions d'agir en scrupuleux comptables du plaisir. Un métier à inventer, soit dit en passant. Le seul pour lequel un travailleur paierait afin d'obtenir des heures supplémentaires et assurer des permanences. Un simple baiser, donc. Un peu appuyé, mais exempt d'hémorragie. Mon sang s’était emballé à demeure, sans quitter l’organisme pour nourrir celui d’un zombie entreprenant.

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