The last day in the last night

par Claire, mardi 22 septembre 2015, 15:24 (il y a 3146 jours) @ Rod.

je reprends le "allez vous confronter aux éditeurs" (ce que je crois nous faisons pour la plupart). Derrière cette adjuration, j'entends autre chose : l'exigence d'une écriture différente, quelque chose sans doute de plus "écriture contemporaine"....le genre d'éditeurs avec lesquels tu te confrontes.

C'est une question compliquée pour moi, parce que j'ai fait un trajet à l'envers, en quelque sorte : j'ai commencé par Ivar Ch'Vavar et tous les gens qui gravitent autour de lui, avec un côté poésie expérimentale, assez différent d'ailleurs de celle qui pouvait avoir pignon sur rue dans ce registre à l'époque...j'ai expérimenté des choses, utilisé des formes bizarres, des contraintes etc....et puis peu à peu j'ai ressenti cela (en ce qui me concerne) comme un truc qui ne venait pas de moi. Comme si je ne savais pas ce que je cherchais à dire, que je ne faisais que répéter des choses - même en ce qui concerne le fond, pas seulement la forme - et faire comme si ça venait de moi.

J'ai tellement douté que je me suis mise à écrire de façon purement descriptive, volontairement plate, naïve, comme si je ne pouvais qu'être témoin de la réalité et que je devais renoncer à toute coquetterie personnelle, toute recherche du "beau". Les poèmes que j'ai retravaillés à cette époque c'était toujours pour aller vers le plus simple et vrai.
C'était une période difficile, tâtonnante...la seule part de créativité personnelle à laquelle je me sentais tout à fait autorisée c'était la recherche de la simplicité, et puis le fait que mon œil ne choisissait pas n'importe quoi, bien entendu. Le pompon ça a été ces rêves si étonnants, qui m'ont donné l'impression de retranscrire au plus près le scénario d'un film qu'aurait tourné un autre intérieur.

Maintenant c'est différent, j'ai l'impression d'être plus libre de ces questions, de faire comme les choses me viennent, vers une exploration de la nature même de l'art, de sa fonction, qui me fascine et m'émeut, comme lien entre les humains au plus profond, et aussi pour une interrogation de soi, une description du paysage de son propre esprit. Et puis s'appuyer sur la création des autres, ça je l'ai toujours fait...l'admiration au sens le plus émotionnel du mot, cette énergie-là.

Je crois que si je me remets à beaucoup travailler la forme ce sera pour la bonne cause, et moins pour "suivre" des exemples ou m'insérer dans des mouvements.
Parce qu'il y en a, de bien intéressants d'ailleurs, je le vois, avec des circuits d'édition spécifiques.


Je précise que je ne dis rien de tout ça pour toi, dont la rigueur et la "nécessité" dans ce que tu écris m'a toujours touchée.

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