pour claire et zeio

par zeio, lundi 25 août 2014, 23:50 (il y a 3503 jours) @ konsstrukt

Bonsoir Christophe,
Je rentre tout juste d'un voyage à la montagne, perclus de crampes, mais requinqué, putain, ça fait du bien, de se retrouver perché là-haut une semaine, sans électricité, sans eau courante, sans tel, sans rien d'autre, pour capter l'attention, qu'une vue imprenable sur une vallée immense.
Hier encore j'étais monté seul à 2000 mètres pour courir après des fraises des bois dans une forêt domaniale (pour ma femme), une semelle à moitié décollée, j'y suis resté plus longtemps que prévu, causant la panique dans la famille qui était déjà partie à ma recherche !
Concernant le forum, je ne sans pas trop quoi te dire. Je n'aime pas non plus les forums de façon générale. D'ailleurs, tu verras que dans ce lieu ce terme n'est inscrit nulle part. Tu peux l'appeler forum, tu peux aussi l'appeler laboratoire, ou encore foutrerie cataplasmique, boulodrome pour poètes du dimanche, vide-grenier, etc. Disons que c'est un lieu, un espace sur internet consacré à l'écriture, évidemment, et les participants en font ce qu'ils en veulent de ce lieu : il n'est rien d'autre que ce qu'on en fait. Il peut être vu comme une version moderne de la tradition épistolaire entre les écrivains. Du point de vue de la réussite personnelle (carrière littéraire) son apport est certainement très pauvre, sauf si par le plus grand des hasard un personnage important du monde de l'édition venait y faire un tour en vue de publier quelqu'un(e), vaut mieux pas espérer.
Du point de vue du travail "ouvrier" de la maîtrise du travail d'écriture, il peut servir, malgré le fait qu'il soit très consanguin, la quasi totalité des participants étant des auteurs et non de simples lecteurs.
Mais au-delà de tout ça, son intérêt majeur résiderait dans le plaisir qu'on prend à écrire ici, et à lire les auteurs, si tu n'en as pas, c'est sûr qu'il ne faut pas rester !
Je pense que c'est une illusion de se dire que les forums sont le niveau zéro du degré de la réussite littéraire, un truc de débutants, d'auteurs incapables d'être publiés, ou un refuge de loosers de la littérature, à dépasser, à laisser derrière soi sitôt "l'envol" pris. Tu vois ça me fait penser aux écrits de Thomas Bernard (je suis en train de lire tous ses livres et j'adore cet auteur) dans "Des arbres à abattre" il exprime à quel point les dîners artistiques à Vienne (dans lesquels il côtoyait le "gratin des artistes de Vienne, haha) dans lesquels il a passé une énorme partie de sa vie, à quel point ils ont été une perte, perte affective, perte intellectuelle, perte littéraire, un atroce gâchis général, une atrophie, une asphyxie, bref. S'il était né plus tard il serait sans doute passé par la case internet et en aurait dit la même chose. Peut-être encore plus atrophiant puisque virtuel, dénué de contacts physiques entre les êtres (comme les lettres et les livres), multiplicateur de solitudes. Tout ça pour dire que, je crois, tout est ainsi, tout est atrophiant à ce niveau et en même temps, rien n'est véritablement atrophiant puisqu'en dernier lieu, c'est dans la tête que tout se joue, c'est entre soi et soi que ça se joue, tout particulière en art et encore plus particulièrement en littérature. On se borne à une vision des choses. Ce forum, ou ce laboratoire, n'est rien qu'un outil, il n'est certainement pas une fin en soi. On n'en sort pas, on n'y entre pas, pas plus qu'on entre ou sort d'une clé de douze ou d'un trombone à coulisse. C'est du moins ce que je pense. Il s'agirait d'en revenir toujours et sans cesse au plaisir du travail littéraire, de la créativité, je crois vraiment qu'il n'y a que ça qui compte. Les outils et les instruments sont multiples.

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