maintenance

par Ecrire, mardi 06 octobre 2015, 17:41 (il y a 3133 jours)

Seul l’individu qui ne disposait pas de quoi vivre décemment vivait sans se demander pourquoi. La persévérance biologique monopolisait son attention, obnubilait ses pensées, accaparait son énergie.

Lorsque votre être se risque en chaque instant, la finalité de votre présence en tel ou tel point du globe ne vous effleure pas. Encore moins les considérations sur un hypothétique ailleurs recelant une existence accomplie où vous auriez réalisé la plénitude de vos possibilités. Le sens se suffit dans la simple perpétuation de l’existant. Le renouvèlement du bail corporel.

Ainsi l’homme animalisé renouait-il avec l’heureuse sauvagerie qui ne s’interroge pas. La nature le reprenait en son sein généreux, tel un adolescent fugueur qui retrouverait le chemin de sa maison natale. Le misérable se dévouait à sa seule maintenance au jour le jour, approchant ainsi cette félicité spéciale qu’autorise la disette.

Il s’en fallait de peu qu’il l’atteignit.

Il aurait suffi qu’il soit conscient de sa bonne fortune et fier de l’avoir provoquée.

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