épistolaire, disais-tu..

par cat, samedi 06 septembre 2014, 18:56 (il y a 3519 jours) @ cat

il pleut, il pleut sur le jour lourd — jour lourd aussi à delivre
quelque chose voudrait vaincre casser punir comme un vieux réflexe incassable, comme un enfant fâché se venge en brisant le bibelot précieux rapporté d'un bout du monde. une part de moi est en colère, une part de moi est triste et ne voit que de la tristesse glisser sur les fenêtres et dans le chant des cloches qui appelle les esprits. entends-tu les larmes briller dans la nuit nouvelle de l'homme, vois-tu l'obscurité se tendre à nouveau sur le monde..? dans mon pays sans pays, nous avons déserté les maisons d'esprit, les livres qui devaient nous ouvrir le monde tarissent nos sources de pensée, vident par vide. est-il un appel plus grand ? marchant sous la pluie, je regarde la musique triste qui tombe et glisse, se répand et trempe toute chose. Montréal, Paris, Toulon, Nice ? même au soleil, le monde se pleut de chagrin et l'ombre se tapit dans la chair.

peut-être ma fuite réside-t-elle dans ces messages trop plein que j'adresse dans la nuit ? peut-être est-ce mon seul moyen contre l'ombre qui mange ma chair comme elle mange lentement le monde ? je ne sais pas, je ne sais que cette nécessité d'articuler comme on allume une bougie, je ne sais que tisser un fil a relier des états d'êtres, des motifs émotifs, des aspects vivants. je m'imagine que ce fil est chaud et conduit telle chaleur au travers et à l'instar d'une circulation sanguine qu'il transmet un peu de souffle à vivre. mais peut-être est-ce là chose bien inutile, peut-être le fil que je tisse arrive-t-il trop tard ou trop tôt... je ne sais pas.

des paroles devaient être dites sur les mots meurtriers. j'irai toujours au-devant, tu sais bien que je ne peux m'en empêcher, dussé-je en périr une n-ième fois, et payer le prix d'une mortification avant de me revenir, et de revenir aux mondes des autres. comme tant d'autrefois où élancée et intraitable j'allais jusqu'au bout du feu qui me consumait, c'était pour ne pas être brûlée d'autrui. j'ai ce réflexe de garder la vie vivante, même contre moi. combien de fois ai-je plongé au-devant, je ne sais plus, puis, parce qu'il n'y avait aucun coeur brillant dans l'obscurité dévorante, aucune vaillance ni aucun courage, j'ai abandonné... et assise en bordure j'ai ajouté mes larmes silencieuses et noires au bleu trop bleu de l'imbuvable.


il n'y a pas de refuge, il n'y aura pas de refuge autre que celui que nous aménagerons dans la nuit profonde du monde.
mais garde le feu allumé comme la flamme de ton propre courage, garde le feu allumé qui de loin — comme les hauts feux des collines veillaient et signalaient la place forte — fait signe aux voyageurs éveillés, aux traverseurs d'obscurités. ici, dans ce plein espace, ouvert.

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