compte rendu de la lecture de guy bennet au comptoire des mots le 18/02/2016

par dh, vendredi 19 février 2016, 14:46 (il y a 2996 jours)

http://oulipo.net/fr/faitsetdits/guy-bennett-frederic-forte-poemes-evidents-au-comptoir-des-mots


à plusieurs reprise au cours de la soirée, frederic forte assène : "c'est de la poésie, de la VRAIE poésie !". comme si il subsistait un doute : ce que fait le professeur bennett est-il vraiment de la poésie ? alors oui ce sont bien des poèmes, mais un genre de poème spécial : des poèmes conceptuels. cela signifie que chaque poème est construit à partir d'un concept, évacuant ainsi les notions de sujet, d'émotions, de sensation, de beauté, ou de nécessité intérieur, au nom du progrès et de la modernité. tout doit être conscient, logique et explicable, et l'explication du concept qui mène à l’œuvre est plus importante que l’œuvre en tant que résultat de ce concept déployé. le résultat est souvent pathétique, proche d'une potacherie de collégien. mais justement, le professeur bennett ne manque pas d'humour. on pense à queneau ou aux espiègleries d'un prévert. bref rien de très nouveau pour quelqu'un qui se réclame de l’innovation et de la modernité la plus subversive. l'art conceptuel est la forme d'art la plus à la mode en art contemporain. 95 % des œuvres des frac est constitué d'art conceptuel. l'art conceptuel est l'art officiel d'état : kenneth goldsmith est invité à la maison blanche. difficile dans ces conditions de croire que cette forme d'expression puisse être autre chose qu'un académisme sclérosé. d'ailleurs le professeur bennett n'est-il pas détenteur de la palme d'honneur de l'éducation nationale ? son livre n'est-il pas financé par le cnl poésie, émanation du ministère orwelien de la culture ? mais, nous dit frédéric forte, derrière cette apparente innocuité et pauvreté du discours, derrière cette médiocrité revendiquée, se cache un véritable brûlot politique et révolutionnaire. car, on l'apprend en lisant ses poèmes, le professeur bennett est de gauche. ainsi, si on est de gauche, on peut acheter le livre du professeur bennett les yeux fermés. c'est donc ça la poésie politique du professeur bennett : dire qu'on est de gauche, le faire savoir, le clamer. la politique comme signe de reconnaissance entre bobo bienpensant. la politique comme argument marketing de vente. quelle pauvre idée de la politique et de la poésie. mais il semble que cela soit suffisant pour avoir un article sur son livre dans le monde. bon, ok. et si je n'aime pas la poésie du professeur bennett, si je la trouve déshumanisée, insignifiante, insipide et roublarde, si je ne rentre pas dans ce jeux de rôle et cette comédie de l'art conceptuel d'état, ça veut dire que je suis un réactionnaire de droite. je prends note, merci.

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