8 - rêve du jeune homme accidenté

par Claire @, vendredi 20 juin 2014, 13:18 (il y a 3591 jours) @ Claire

(impression d’un très long rêve, mais découpé, cahoteux.)

Le personnage principal est un jeune homme, très mince et fragile d’aspect. C’est un artiste de talent. Il vient d’avoir un grave accident, son corps est comme replié, enchevêtré de débris du véhicule qu’il utilisait (un vélo ?). Il agonise dans un immeuble pauvre, entouré de gens que sa présence encombre. Je propose qu’il vienne chez moi, il me semble que je pourrais au moins aider à une fin moins douloureuse. Dans la même famille vit ma nièce par alliance, c’est une jeune fille, et elle non plus n’a pas d’endroit où s’installer dans cet appartement vieillot, crasseux. Je propose de l’accueillir elle aussi, il y a plus de place chez moi. Mais sa mère m’agresse : « tu sais, je vois bien pourquoi tu l’invites : ta fille est en terminale S et la mienne est brillante en maths, tu comptes bien en tirer une aide gratuite ». Je suis offusquée d’une telle bassesse, et je renonce aussitôt à inviter la jeune fille, dont les cheveux d’un blond-roux profond sont étendus sur ses épaules, tandis qu’elle travaille à sa table de cuisine, sous une lumière faible.
Le jeune homme longiligne est transporté chez moi, un lieu guère plus confortable, même immeuble, même ambiance de lumière grisâtre, mêmes papiers peints pisseux. Dans la chambre où on l’installe, il y a un lit, une table de nuit. Je m’approche de lui et commence très doucement à tenter de démêler l’amas que forment ses membres et les bouts de métal. Je déplie, peu à peu, et oins d’un liquide apaisant ses longs bras, son dos, ses jambes. Je me rends compte qu’il est très souple et que c’est assez facile, indolore. Peu à peu il se déplie presque complètement. A ma surprise, il se lève et commence lentement à déambuler sur le palier, ployé en avant. Il est bien vivant, il n’est pas en danger, il va aller mieux.
Je suis très satisfaite, fière de mes soins. Je vais regarder sur internet (Wikipédia) ce qui le concerne, c’est effectivement une sorte de génie, mais je vois soudain avec stupéfaction qu’il est mort en 1980. Tout ce que j’ai vécu ces derniers temps, ce sauvetage, n’est qu’une illusion. Il est mort depuis plus de 30 ans, je ne l’ai jamais côtoyé.

Je vis tout en haut d'un escalier d'immeuble
de pallier en pallier ce sont des vies superposées
des fenêtres donnant sur des cours obscures
de vies pauvres, enlaidies.
le destin est une épicière rapace
qui serre nos enfants dans ses doigts
découpant leurs talents, leurs corps, les perçant d’éclairs roux.

Mais
quand tout espoir semble absent, parfois se déplie
derrière la mort annoncée une guérison
native - il suffit de la regarder
étendre ses membres vivants, partout ses vrilles neuves
une sorte de rire secret se déploie
et le temps s'emboîte
se répercute.


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