12 - rêve de la jalousie

par Claire @, mercredi 25 juin 2014, 10:25 (il y a 3565 jours) @ Claire

Je suis amoureuse d’un homme. Il vit dans une grande chambre, dans une ville éloignée de chez moi. Je vais chez lui, en fraude, car moi-même j’ai un compagnon.
Sa ville, je la connais bien, j’y ai grandi, elle a des ruelles tortueuses aux murs de pierre claire, et beaucoup de monde y vit, des petits commerçants, des artisans. On dirait presque un souk. J’y connais encore pas mal de gens, je m’y sens chez moi (on dirait Arles).
Pour aller chez lui je quitte l’autre ville, celle où se trouve ma maison ; c’est aussi une ville du Sud, aussi une ville blanche, mais presque déserte, une ville où vivent des gens plus riches. Quand j’arrive chez lui, le soir tombe, et, alors que nous sommes déjà dans des préliminaires amoureux, sonne son amie habituelle. Empruntée, niaise, il ne lui a pas dit de ne pas venir bien qu’il semble assez autoritaire avec elle, je ne comprends pas pourquoi. Nous nous couchons à trois dans le lit, je n’arrive pas à dormir, je suis déçue, contrariée.
Alors que je suis repartie, le lendemain, j’entends dire que des gens le cherchent, une sorte de milice qui fait régner la terreur dans la ville. Ils sont aux ordres d’un homme qui est jaloux de lui, à cause de moi. J’ai peur, je m’inquiète.
Puis j’apprends qu’il a été capturé, qu’on l’a emmené avec d’autres prisonniers sur un navire qui fait la navette entre les deux villes, par le fleuve. On me raconte qu’il protestait, mais que soudain il y a eu un silence inquiétant, qui a duré plusieurs heures. En fait ils l’ont bâillonné, et lui ont brûlé les pieds, profitant du trajet où il n’y avait pas de témoin, tout en l’emmenant vers l’autre ville riche et froide.
Je le vois plus tard, il ne peut presque plus marcher. Il me dit qu’il regrette le temps où il pouvait le faire, courir et bondir.

le fleuve fait le lien
entre deux villes
allers et retours...
dans la ville de l’enfance se trouve ce qu’on désire
- et le danger.
dans la ville de l’enfance et du désir se trouvent
la chambre en triangle
de l’insomnie
un chagrin une colère lasse
une rage fanée.
dans le long et silencieux voyage du bateau se trouvent
les représailles, les miliciens.

ô toi qui m’as sortie de moi
te voici maintenant enfermé
contraint
dans les extrémités brûlées de toi.


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