manuel de préparation de la divinité (2)

par Claire, lundi 11 juillet 2016, 10:45 (il y a 2847 jours) @ Rémy

eh tu vois : à force de nous expliquer comment on doit écrire, ça te revient :)
Ceci dit, c'est le thème aussi sans doute qui t'a inspiré.

Je poursuis l'échange malgré mes bonnes résolutions parce que ça devient intéressant, je trouve.

J'allais te dire que toutes tes recettes d'écriture, toutes les propositions de bonne humeur créative et de plaisir partagé que tu nous proposais ne fonctionnaient pas, ne provoquaient pas l'inspiration, parce qu'elles passaient à côté de l'essentiel : l'être humain, que ce soit dans le moment de la création ou dans le moment de l'accès à une œuvre d'art, cherche non pas seulement le plaisir et l'émotion (sinon Johnny Halliday serait le plus grand artiste français du XXème siècle), mais des réponses à des énigmes essentielles : sa naissance, sa mort, celle de ses proches, sa tendance au mal, sa souffrance, le sens du monde qui l'entoure, etc...
Ce ne sont pas (seulement) des questions qui appellent une réponse intellectuelle, que tentent de donner la philosophie et la psychologie, mais des questions qui ont une tonalité "tripale"...et cette dimension, ce sont l'art et la religion qui y répondent.

J'y réfléchis depuis un moment parce que j'ai été frappée par cette phrase de Paul Verhoeven : "L'espèce humaine est accro à la noirceur", qui me paraît assez juste.

L'art a toujours été "noir" en occident, et déjà bien avant le christianisme. Pas seulement noir, mais beaucoup quand même, il suffit de se promener dans le galerie des Offices à Florence ou dans l'équivalent de n'importe quel pays européen pour le constater. L'art oriental est différent, peut-être parce que les religions orientales répondent mieux au côté "tripal" des questionnements, parce qu'elles prennent soin du corps, l'intègrent à la pratique.

En tout cas le côté "tripal" de l'inspiration artistique est pour moi essentiel, et pour la majorité des artistes occidentaux, j'en suis convaincue. Tu confonds cela avec l'introspection, l'auto-thérapie, voire le geignardise, mais tu as tort.

Tu as raison quand tu interroges cette tendance au noir, ceci dit, comme un péché mignon ou une épice qu'on rajouterait à la soupe quand elle est un peu fade.

Et puis encore un truc : l'émotion esthétique dont on a déjà parlé est très particulière. Elle n'est pas dans les oppositions, elle n'oppose pas le gai au triste, le bien fini au brut, ni même le beau au laid. Je crois qu'elle a à voir avec une perception de la vérité, une vérité qui est au delà de l'intellectualisme.

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