Recherche sans objet

par zeio, dimanche 26 octobre 2014, 03:51 (il y a 3468 jours)

Le voyage est lent, propre à l’oubli. Je poursuis des lueurs
intermittentes. Ce sont les mêmes qui m’obsèdent depuis
toujours. Elles passent de visage à visage, de pièce à pièce,
d’écrit à écrit. Je n’ai jamais eu lieu. Je les attends. Ce sont
elles qui se jouent de moi. À la fin je tombe dans leur piège.


Ne pas se fier à ces apparences. Je penche la tête en arrière, à
la merci des corps flottants. J’ai choisi cette nuit pour me
figurer une lumière ancienne. Les étoiles sont les fragments
décousus de mon périple. Elles parlent un language anachronique.
Je les entends se déplacer dans mes vertèbres.


Je m’écarte un peu. Les sons variés du monde perdent de leur
netteté. Un voisin referme une porte, tourne le verrou. C’est
une note supplémentaire sur la partition de la nuit calme. Une
voix, au loin, puis un rire se fait entendre. Mon esprit imagine
le visage que recèle ce rire, avant que l’image ne s’évanouisse,
à pas lents vers les profondeurs de la mémoire des choses
abstraites. Le même visage surgira à nouveau dans d’autres lieux,
dans d’autres sonorités. À l’intérieur d’autres pensées. Cette fois,
c’est le son métronomique des gouttes d’eau sur les pavés de la
cour intérieure. Je dissèque ainsi les modulations sonores qui se
succèdent, comme je dissèquerais les nuages avançant en processions
sur ma table de travail. Une léthargie monte dans mon sang,
narcose induite par un flux d’événements sonores, hors de portée
de mes yeux et qui vont se collisionner, puis ricocher à la surface
liquide de mon imagination, avant de couler lentement, rejoindre
l’abysse indiscernable où sont entassés les visages, les êtres, les voix,
les choses. Ils vont rejoindre le fond cosmologique, le point aveugle du
rêve, là où je ne peux plus les démêler mais d’où je devine distinctement,
traversant les distances, une musique qui se joue pour moi.

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