une citation

par dh, dimanche 02 octobre 2016, 11:34 (il y a 2756 jours)

« Il est ignoble, certes, le poète favori qui, à la cour des princes, vit aux crochets des autres et obéit au doigt et à l’œil de son maître. Il chante les noces de son seigneur ou ses chagrins d’amour, écrit des vers sur la naissance des jeunes princes ou sur leurs dents qui poussent.
Pour lui, l’humain commence là où il y a rang, fortune ou renommée.
Je reconnais que tu n’es pas comme ça. Mais tu lui ressembles dangereusement. Si ce poète vendu honore uniquement les personnages illustres, riches et puissants parce qu’ils sont illustres, riches et puissants, toi tu n’honores que les anonymes, les faibles et les miséreux parce qu’ils sont anonymes, faibles et miséreux. Si pour lui le pedigree est une référence absolue, pour toi, la référence absolue, c’est de ne pas en avoir. Si à ses yeux tout n’est que passé, ce qui fut, à tes yeux, tout est futur, ce qui n’est pas encore.
La soie lui fait tourner la tête, toi ce sont les guenilles.
À vrai dire vous êtes faits du même bois. Je sais d’avance ce que dans telle ou telle situation vous direz ; jamais, d’aucune manière vous ne pourrez me surprendre, parce que vous manquez d’audace. De véritable audace il n’en existe qu’une : être humain. Mais vous, vous n’êtes pas des humains, uniquement des favoris l’un comme l’autre. C’est là votre fonds de commerce. Le courtisan oisif dépend d’un maître et il lui lèche les bottes. Toi, tu en as des millions et des millions, et tu leur lèches les bottes. Ce qui aggrave ton cas, c’est que ceux-là, tu ne les connais même pas personnellement. »

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