Orphée

par zeio, samedi 25 février 2017, 03:26 (il y a 2620 jours)

Retourner au travail, puisqu'il n'y a rien d'autre à faire. Le matin, frais et dispos, prêt à reprendre le cours. Ô doux engourdissement du cerveau, je te bénis. Ainsi soit-il. Presque à court de gasoline. Une tempête orageuse a eu lieu cette nuit. C'est une certitude. Nul besoin de l'expliquer. Qui ou quoi pourrait mettre le feu aux poudres, après tout ? Un singe bondit sur sa chaise, en proie soudainement à une vision de sable blanc. Vite, une souffrance quelconque, pour se rassurer. Pour la stabilité. Je suis prêt à prendre les armes, pour la stabilité. Voilà. Prêt à mourir sous le drapeau de la stabilité. Un manque, irisé tel un diamant, posé de tout son long sur l'estuaire. La fesse rose du singe tant convoitée. Après tout, je suis investi d'une mission bien plus essentielle que les autres. Je n'ai pas paru pour rien parmi les constellations et les quasars. Je reçois sur ma peau les photons émis par le bon vieux Soleil, à juste titre. Je ne le mérite pas moins que les autres. Ma mission est mystérieuse. Ils sont si concrets. Je suis certes si nébuleux. Un tropisme les meut. J'ai égaré ce tropisme. Il a fui. Je l'ai fixé des yeux trop longtemps. Au sortir des enfers je n'aurais pas même dû me retourner. Mon dieu que l'univers est immense et magique. L'air frais du matin me fait le plus grand bien. Où donc ai-je bien pu ranger le satané iPhone. Il me faut vérifier mes messages, les actualités. Une catastrophe quelconque. Il me serait impossible d'aller au travail sans lui. Quitte à perdre le contact, ma peau, mon âme, ma satanée âme, où donc ai-je aperçu mon iPhone pour la dernière fois ? On croirait apercevoir un petit diable dans sa course folle à travers la fôret noire. On ne saura jamais ce qu'il fuit. Mieux vaut ne pas le savoir. Il était là, je le savais. Aucun message. Ça n'a pas d'importance, il faut continuer le cours, c'est là tout ce qui importe. Tant qu'il y a de la lumière. De la batterie. Ô célestes plongeons ! Le monde m'attend, ouvert, béant, prêt à être comblé. Je ne suis rien peut-être, qu'un peu de poussière portée ça et là. Ciel. Je me complique tellement l'existence. Me reconnaîtra-t-on seulement ? Je ne suis pas certain de me reconnaître moi-même. Avec mes rêves oblongs. Il subsiste un risque de méprise. Quelque part. Où ? C'est tout juste si je suis éveillé... pas eu le temps encore de reconstruire tout à fait l'infrastructure des choses environnantes... Mieux vaut ne pas y songer. Faire tout comme. Agir tout comme. Comme chacun finalement. Tout le reste suit. La vie pleine et entière. Exercice de voltige dans les basses et hautes sphères. Un peu de volonté, que diable. Bon dieu que la ville est sensuelle, le détail des architectures et des corps pressés. Je suivrai ma route, avec tout ce qu'il faut de présages et d'ordonnances.

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