Des post-it un peu déplacés

par Ramm77 @, dimanche 09 novembre 2014, 16:25 (il y a 3450 jours)

Des post-it un peu déplacés


Les enfants jouent dans la cour de l’école. Il a fallut grimper le versant nord du Mont Begousse. C’est une belle journée de chaleur. Les maisons sont blanches et les volets grenat. La machine à café est branchée dans la salle des profs. Martin écoutent les enfants, sous le préau. Sur les meubles et le bout de la table s’empilent brochures, classeurs, cahiers de présence. Les cartables en cuir sont ouverts. Madame Curutchet a un visage très régulier. Le café pour les intervenants extérieurs est offert. Le ballon rebondit sous le préau. Brouhaha et cris dans le hall de l’école. Madame Curutchet est assise sur sa chaise.

Martin explique méthodiquement les mouvements aux enfants. Des profs barbus discutent debout autour de la table. Jamais de sucre dans le café. Madame Curutchet boit un verre d’eau. Une sonnerie retentit. Les containers à ordures sur le parking sentent mauvais. La voiture de Martin est garée à l’ombre des mélèzes. Les enfants sont habillés de vêtements colorés. Dans le rayon de soleil madame Curutchet est assise, un cahier sur les genoux. « Un deux trois sautez ! » dit Martin au groupe d’enfants sous le préau. L’échancrure du décolleté de madame Curutchet est très évasée. Le proviseur passe rapidement dans la salle des profs. « Ce midi vous mangerez à la cantine » dit le proviseur à Martin.

Les fenêtres de la salle donnent sur les bois. Le sein rondelet de madame Curutchet avec son tétin apparaît par l’échancrure. Les enfants marchent tous à la queue leu leu en levant un bras. Un ballon encore roule sous le préau. C’est une robe légère à poix qu’elle porte aujourd’hui, madame Curutchet. Son tétin est épais. Martin attend un collègue qui ne viendra pas. Une femme à lunettes, sur un coin de la table, corrige des devoirs. Les professeurs racontent des anecdotes à propos d’une sortie à la montagne. Un gobelet se renverse. Madame Curutchet a mis un pied sur le barreau de sa chaise. On sort des kleenex pour tamponner le café renversé.

Le fun souffle venant d’Espagne. Ce midi, au repas, il y a du hachis Parmentier. La cuisse de madame Curutchet se dévoile plus haut que d’ordinaire. Dans une ferme voisine un chien aboie. Sur la cuisse laiteuse les pores dilatés pigmentent la peau. Des guirlandes de papier décorent le plafond abîmé dans le hall d’entrée. L’espace médiathèque se situe en haut d’un petit escalier. Le tailleur serré de la documentaliste est quadrillé de formes géométriques. Un enfant commence à réciter une fable de La Fontaine. Tous l’écoutent sérieusement. Le chien aboie toujours au loin. Selon le vent la robe légère à poix de madame Curutchet se soulève.

Les autres élèves sont rentrés dans leur classe. Un mini bus se gare sur le parking. Elle a des lèvres bien dessinées et des dents blanches, madame Curutchet. Martin continue son cours. Sous la robe de la dame un coin de culotte se révèle. Sur son cahier elle prend consciencieusement des notes. La documentaliste fait asseoir les enfants par terre sur la moquette. Une fumée grise s’échappe d’une usine, au-milieu de la forêt. Le tétin épais se granule dans le corsage de madame Curutchet. Une portière de voiture claque violemment. Le garçon qui récite la fable de la La Fontaine mime un étrange animal. Dans la salle des profs les ferronneries des fenêtres sont rouillées.

Le voyant de la machine à café n’est pas éteint. Une goutte de sueur glisse sur le cou de madame Curutchet. Elle n’a pas changé de position sur sa chaise. L’air chaud s’engouffre dans ses aisselles. Martin demande à un autre enfant de rejoindre celui qui joue l’animal. Une odeur de cuisine se répand. La cour de récréation est maintenant vide. Sous l’épaisse chevelure de madame Curutchet sa nuque est mouillée. Au gré du vent le pubis est visible. Le proviseur parle très fort dans son bureau, au téléphone. Tintement de vaisselle et roulement de chariots envahissent le réfectoire.

Elle ne cache plus la rondeur de ses genoux, madame Curutchet. Elle passe sa langue sur ses lèvres sèches. Martin bientôt va achever son animation. Les enfants grognent bruyamment en improvisant des cochons ou galopent en imitant le cheval. Les instruments d’une musique symphonique résonnent dans la médiathèque. Le réfectoire est baigné dans l’ombre. Des voitures démarrent sur le parking. Un homme barbu fait monter des amis dans son camping-car. Un troupeau de moutons bloque la route qui conduit à la vallée. Martin mange une salade tomate et concombre au menu du jour. Il est assis à côté du proviseur.

Les néons son allumés. Une fresque peinte recouvre les murs : bateaux, palmiers, chameaux, étoiles dans le ciel azuré. Madame Curutchet est installée à table, en face de Martin. Il fait frais dans le réfectoire. Les élèves se jettent des boulettes de pain. Les stores des baies vitrées sont descendues. Elle engloutit des fourchetées entières de hachis Parmentier, madame Curutchet. Sur son verre la trace pâteuse de ses lèvres. Le vol d’un épervier dehors au-dessus des sommets. Madame Curutchet essaie de dire, la bouche pleine, que le cours de Martin était intéressant. Un élève magrébin chantonne la symphonie du Nouveau Monde.

Au dessert, il y a du riz au lait. Elle a quitté sa chaise. Sous le préau le ballon roule lentement, poussé par le vent. Un tracteur circule devant l’école, son tombereau chargé de paille. Il y a des cartables posés à terre dans les couloirs. Elle revient, se rassoit, soulagée, souriante, madame Curutchet. Les palmes des ventilateurs au plafond sont à l’arrêt. La fresque murale montre une petite fille pataugeant dans la mer. Le portail en bois de l’école est couleur rouge sang. Martin monte dans sa voiture. Les containers à ordure ont été vidés. Un escadron de moustiques s’excite autour d’un vieux pneu. Elle se dirige vers la Land Rover. « Il nous faut bien ça pour quatre enfants et mon mari passionné de randos. Au revoir monsieur Martin » dit madame Curutchet, puis elle écarte un peu ses jambes et appuie sur l’accélérateur. Martin est comme dans le nid d’un oisillon entre les pédales.

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