La répétition fait avancer

par Claire, samedi 18 mars 2017, 13:14 (il y a 2588 jours) @ Périscope

Il y a deux choses que j'ai envie de dire : d'abord la façon dont le poème montre la puissance sensorielle, hypnotique, de la répétition : ce carrelage, plus le poème avance, plus il devient présent, puissant. Avec son contact froid, son quadrillage, les sons qu'il produit quand on le heurte...et du coup, toutes les représentations anciennes qu'éveille ce mot : piscine, salle de chimie, laboratoire, salle d'examen médical, et pourquoi pas salle de torture. Tous les lieux qu'on doit pouvoir laver à grande eau. On n'imagine pas un carrelage doux et ancien, fêlé, rouge ou ocre. Les talons de la femme évoquent en claquant la brillance et la dureté.
A partir de ce mot, de cette image, tu introduis peu à peu, savamment, comme dans une mayonnaise, les représentations de l'homme et de la femme : désir, sexualtité, plainte, incommunicabilité, pouvoir. C'est fort parce que c'est en même temps excitant, désirant, rien d'un manifeste. Encore une fois, ton écriture me fait penser à l'expressionnisme allemand, Max Beckman en particulier. Ce peintre dont la sensibilité a été si profondément et définitivement blessée par la Grande Guerre, et qui n'a cessé ensuite de relier cela à la sexualité.

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