les coquilles....et le commentaire

par Claire, dimanche 02 avril 2017, 19:09 (il y a 2600 jours) @ catr

..tous les jeudi Mathilde regarde. plus fort qu'elle, la main — la lame — la main. la lame. précise. le reflet argenté du métal, son flirt avec la blancheur. l'éblouissante porcelaine du comptoir que macule, poisse, la tache. l'agilité délicate du pénétrant. la perfection du glissement. ce fil si lisse et fin qu'il paraît fendre la soie d'un coussin d'air. un rêve. une nappe de crème. mais les écailles. et la chair. le long des vertèbres. plus fort qu'elle. la main — la lame — la main. la main. large — si sûre d'elle — sur l... Mathilde regarde, tremble légèrement des lèvres. (fuir le regard l'oeil le bijou la merveille d'or et de nuit insondable, ne pas — je/senti —m'animale/frémissante — ho..). Mathilde soupire sans s'en apercevoir, frissonne. elle savoure. la danse aérienne. mais l'autre main. ferme. le gant de velours tenant ce corps... Mathilde s'agite malgré elle (Ho la belle prise ! — dit-elle, plus fort qu'elle, les yeux pétillants, les joues subitement empourprées, le souffle coupé aussi habilement que si...). Mathilde vacille discrètement. regarde émue les cent reflets miroitants évadés du cuir huileux. cette peau souple. mais la main, les doigts en fuseaux. Mathilde mange des yeux le dessin des phalanges, le croissant des lunules, s'absorbe dans l'aigu des jointures, voudrait rire au milieu d'un ballet d'écailles irisées qui se déposent dans le sang pâle. Mathilde a faim d'une faim comparable à une fièvre, une fièvre qui semble s'évanouir pour revenir chaque fois trop vive. foudroyante. le ventre de Mathilde brûle tandis qu'elle frissonne de tout son corps devant l'art cru* qui s'ébat là. ce jeudi. chez le poissonnier pour un filet de chair onctueuse. lactescent. à peine rosé. d'une teinte si ténue qu'aucune fleur n'en est vêtue et Mathilde tremble et son coeur s'accélère encore... les jeudi. oui, les jeudi. plus tard le soir, Mathilde flotte dans sa cuisine en apprêtant la plus délicieuse de ses rêveries inondées de lumières et de vivances. dans la joie du désir, sa fête inopinée. soudaine. tous les jeudi. depuis des mois. Mathilde ne trouve pas les mots.


Sinon, j'ai trouvé délicieux ce texte, et vraiment convainquant, ce qui n'était pas évident. Je crois que j'aurais un peu moins insisté sur les modifications corporelles que provoque chez elle l'excitation, je veux dire je les aurais notées autrement, là on dirait un peu une jeune fille romantique invitée à sa première valse :)

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