Figures 2 (l'absent)

par Écrire, vendredi 14 novembre 2014, 20:57 (il y a 3451 jours)

Évoquer l'absent, c'est tenter de faire décoller son coucou alors que la piste s'effondre, avalée par un glissement de terrain. Le pilote est privé des conditions nécessaires à l'exécution de la manœuvre. Lorsque une mésaventure semblable se déroule "dans la tête", il reste encore une ressource : celle de recourir à une fiction de sol, un substitut d'appui. Mais si le réel à l'origine de cette fantaisie est lui-même trop fuyant, l'imaginaire s'y perd à son tour. Il suit le mouvement.

On peut se coltiner une existence dans cette perte et finir par la confondre avec la vie, puisqu'on y respire, malgré tout. D'ailleurs, n'y a-t-il pas toujours des petits plaisirs, ne serait-ce que la satisfaction éprouvée à l'occasion d'une cascadante miction ? Quant aux moments de suffocation, on les porterait volontiers au compte de la condition humaine. Une situation naturelle, en somme. Un travers "universel" dont on ne s'aviserait pas qu'il exerce cette universalité sur une catégorie circonscrite de la population. Il suffirait de n'être pas trop regardant, de mettre la vision en quarantaine et d'abandonner son cerveau à l'une de ses églises conformistes si prompts à nous servir l'alphabet de la liberté.

Bref, il serait tentant d'enterrer sa biographie avant d'avoir taché d'en décrypter "l'entre ligne" et parcouru les entrelacs. Mais l'inconfort est un stimulant mal estimé.

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