Contre la poésie (Gombrowicz) — du poétique / quel chemin ?

par c., dimanche 16 novembre 2014, 17:09 (il y a 3446 jours) @ zeio

je dirais non, et oui. la moitié du propos accuse et juge la personne de l'écrivant dit "poète", l'autre moitié, la poésie. mais force est de constanter que 60 ans plus tard, ce pavé plein de verve et de ferveur et "tout contre" est toujours d'actualité quant aux maniérismes de certains, quant aux prétentions d'autres, quant aux atroupements, quant à la course à l'édition, aux rituels des soirées de lecture, à la non mémoire, aux paraîtres pompeux : ce sont des choses que j'aie vues lors de soirées, et ce sont ces mêmes choses qui me les ont fait fuir aussi, tout autant que je fuis ce milieu. par contre les écriveurs des trois décénies suivantes auront travaillé très fort à désengoncer l'écriture poétique et la sortir des corsets historiques autant que des ornières où poésie s'enfonçait, aussi la déshabillèrent-ils complètement, résolument. mais après les années 80, la cassure est évidente et a fait ressurgir une écriture "réactionnaire" c.a.d. plus conservatrice qu'elle ne le fût dans les années cinquantes, à croire que les valeurs que les sociétés dépassent étaient celles justement recherchées par les écriveurs arrivés dans un mur créatif dont ils ne surent que faire. ne trouvant plus aucune solution que de rebrousser chemin. sans audace (le péché dont parle Gombrowicz serait en réalité celui du manque d'audace...). donc certains avancent et certains reculent, et cela est une constante historique et ce, dans tous les domaines, du politique au scientifique, du sociétal à l'économique. cependant le schisme des années 90 me fait beaucoup penser à la crise islandaise des atomistes, où la société entière d'Islande se serrait dans l'âpreté du climat et de la vie en ecoutant ses poètes, l'éclatement des vers produisit l'éclatement de l'écoute, et incidemment fit lever le ton, les bras, la colère... contre les poètes par lesquels les écoutants se sentirent trahis et abandonnés. les années 2000 ont éclaté les styles, les minces parois ont volées en toutes directions et depuis tout traverse tout dans un flou assez magistral, tu diras brouillard, si tu veux, et tous les "ingrédients" des écritures se mélangent en une pâte tantôt étrange tantôt illisible, mais peut-être que ce grand flou ressemble-t-il ou s'apparente-t-il à un effet big bang, peut-être que la dispersion des matières pensées créera des "univers" viables, peut-être qu'à l'instar des mathematiciens de la quantique qui ont epuisé leurs capacités de langage et d'équations, après le siècle des atomes et de la relativité, après la quantique et les univers pliés en origamis savants, faut-il ouvrir une autre dimension, un autre entendement, d'autres équations, et apprendre à lire celles-là. mais pour ce faire ne faut-il pas rester ouvert et attentif, ouvert et attentif au moindre signe émergent, à la moindre et infime petite trace de vie, neuve ? et ne jamais perdre de vue que toute écriture reflète son temps ; en un éclair temporel l'histoire est passée de la particule du nom aux champs de particules, l'écriture poétique est passée du vers compté rimé à l'éclatement total de sa structure ; nous ne savons rien de ce qui s'en vient. rien.

ceci dit, et quoi que je ne sois rien, rien qu'un être vivant, certains ici savent assez que je ne définis pas la poésie selon les classiques et classicismes académiques instaurés par les siècles et les modes passées, mais que je la place dans le corps vivant à l'instar d'un membre ou aspect créatif qui ne se sépare pas de l'être tout n'étant pas l'être lui-même, que je la perçois comme un accès vers x inconnu, et étant donné cela, et bien qu'entendant très fort ce que voulait apporter bien que peut-être un peu superficiellement ce Gombrowicz ... je reste pour, tout en refusant de rester dans la glue du passé, en refusant de m'attacher, je lis les poètes comme on passe un seuil, une porte, comme se déchiffre un code et une équation donnée d'un entendement x contenant une clé pour passer un autre seuil, une autre porte. et mille et mille seuils encore, et peut-être ne trouverai-je pas le "chemin", le "passage", vers (peut-être le trouveras tu, peut-être sera-ce Pierre, ou Florian, ou un autre qui trouvera l'infime piste, le sentier neuf... ou ni nous ni personne de vivant à cette heure que dans cent ans) mais quelque chose me pousse, me tire, quelque chose appelle, et je reste tendue vers.. et je me désole quand je vois des esprits vifs et brillants comme des étoiles s'attacher, se garder attachés, "minervés", dans un conservatisme éteignoir, ou se clouer dans la matière d'une époque révolue sans avoir appris ou su marier tous leurs éléments et les transformer, et transcender.









bon, je sais pas trop, j'ai réfléchis tout haut et direct... je suis peut-être très à côté ou je n'arrive peut-être pas à formuler adéquatement ma pensée ou une portion de celle-ci... je reviendrai réfléchir autour de ce que tu apportes, mais là, faut que je me sauve... j'ai un moment spécial dans quelques heures et je me dois de m’y "rassembler" ;)
— je te salue !

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