Sketch bigophonique du cycliste urbain, à jouer dans les meilleures goguettes

par Rémy @, vendredi 14 avril 2017, 01:22 (il y a 2572 jours) @ Rémy

Le sketch est à la première personne pour être moderne ; en 1911 on parlait de la veuve et de l'orphelin à la troisième personne, bien sûr.
(Il ne parle pas de la veuve ni de l'orphelin, mais du cycliste urbain et de ses ennemis divers et variés.)
(Il faut le jouer avec une bonne dose de clowneries et d'onomatopées.)
Mesdames Zéméssieus, le Sketch Bigophonique du Cycliste Urbain ! La participation du public est exigée !


C'était un beau soir de printemps...
La brise faufilait dans les rues sa fraîcheur légère
Le fond de l'air était bien doux.
J'avançais calmement le nez au vent et l'esprit vagabond,
Sur la piste cyclable le long de l'avenue...
Le halo de mon falot halogène débusquait les derniers recoins sombres
Qu'une forêt de réverbères n'aurait pas réussi à illuminer a giorno -
Pas le moindre recoin, on voyait parfaitement.
Et d'ailleurs à l'horizon...
Enfin, à deux bateaux devant moi...
Je vis parfaitement
Une énorme voiture noire de marque allemande
S'engager en biais dans une place de stationnement beaucoup trop étroite
Et venir de tout son nez me barrer la route.
JE POUSSAI UN GRAND CRI ET FREINAI UN GRAND COUP.
(Ici une grosse onomatopée bigophonique de toute la salle.)
Bondissant de son char, un fort Turc m'agonit d'injures.
(Ici une grosse bordée d'injures bigophoniques de toute la salle.)
Et n'était sa bedaine et ma fuite éperdue sur mon fier destrier,
Il eût contourné sa caisse pour venir me cogner -
Le Turc cogne volontiers, et surtout le vélo qu'il a presque écrasé.

C'était un autre beau soir de printemps...
La brise séchait les dernières flaques d'une averse légère...
Le fond de l'air était bien doux.
J'avançais calmement le nez au vent et l'esprit vagabond,
Sur la piste cyclable le long de l'avenue...
Le halo de mon falot halogène (ici un petit malin bigophonique crie "allô, Eugène !" dans son téléphone portable, montrant qu'il a compris et provoquant l'hilarité de toute la salle) débusquait les derniers recoins sombres
Qu'une forêt de réverbères n'aurait pas réussi à illuminer a giorno -
Pas le moindre recoin, on voyait parfaitement.
D'ailleurs à l'horizon...
Enfin, à deux bateaux devant moi...
Je vis parfaitement
Un vieux monsieur qui promenait son chien.
Il avançait à ma rencontre, debout sur la bordure droite du trottoir,
Relié par une longue laisse enrouleuse
À son chien, qui reniflait
Et arrosait
(Force gestes bigophoniques entretenant l'hilarité de toute la salle.)
Les arbres disposés sur la bordure gauche du trottoir.
Le vieux monsieur me regarda dans les yeux.
(À partir d'ici, chanter en accélérant avec abondance de gestes bigophoniques hilarants.)
J'approchais assez vite. Il regarda la laisse, bien éclairée comme tout le reste.
J'étais de plus en plus près. Il me regarda dans les yeux.
J'arrivais vraiment très près. Il regarda le chien, bien éclairé comme tout le reste.
Ça devenait dangereux. Il me regarda dans les yeux.
JE POUSSAI UN GRAND CRI ET FREINAI UN GRAND COUP.
(Pause bigophonique avec regards.)
Il eut un hoquet.
(Pause bigophonique avec désarroi.)
Il se ressaisit.
(Pause bigophonique.)
Il tira sur la laisse.
(Pause bigophonique.)
Le chien me contourna habilement pour aller le rejoindre en agitant la queue.
(Pause bigophonique.)
Le vieux me contourna habilement pour aller rejoindre le chien, en agitant...
(Hilarité de toute la salle.)
En sucrant les fraises.
Soudain il se rendit compte qu'il était sur la piste cyclable et fit un grand bond de côté, manquant de s'étaler.
(Accélération bigophonique.)
Le chien inquiet vint le rejoindre par-derrière en agitant la queue.
Le vieux tenta de le chasser de la piste cyclable.
Le chien se réfugia entre mes roues.
Le vieux tira sur la laisse, qui résista.
Il s'accroupit pour tirer sur le chien, qui résista.
En se relevant, il se prit la manche dans mon guidon, qui résista.
Il lâcha la laisse, qui passa à travers ma roue. Qui résista de justesse.
Le chien attrapa la poignée de la laisse pour la rapporter au vieux. Qui résista. De justesse.
Bref.
Il y eut un nœud. Avec moi au milieu. Qui résistais de justesse - vous n'imaginez pas comme on peut se sentir Turc, parfois, et avoir envie de cogner.


C'était un troisième beau soir de printemps...
La brise accompagnait mes rêves de sa caresse légère...
Le fond de l'air était bien doux.
J'avançais calmement le nez au vent et l'esprit vagabond,
Sur la piste cyclable le long de l'avenue...
Le halo de mon falot halogène débusquait les derniers recoins sombres
Qu'une forêt de réverbères n'aurait pas réussi à illuminer a giorno -
Pas le moindre recoin, on voyait parfaitement.
Et d'ailleurs à l'horizon...
Enfin, à deux bateaux devant moi...
Je vis parfaitement
Une femme
Jeune et belle et fraîche et blonde
Avançant vers moi de ses longues jambes moulées
Terminées par de tout petits pieds
Posés l'un devant l'autre d'un élégant déhanchement de défilé
Bien au milieu de la piste cyclable
Précisément guidée par un téléphone dernier cri
Posé dans sa menotte et que ses yeux ne quittaient pas.
Je poussai
(Rugissement bigophonique de toute la salle : un grand cri et freinai un grand coup.)
gentiment le bitoniot de ma sonnette.
Drelin.
DRELIN.
DRELIN DRELIN.
DRELINDRELINDRELINDRELINDRELINDRE
Elle leva enfin ses beaux yeux et me vit.
En un instant ponctué d'un petit cri charmant de souris apeurée, elle réalisa qu'elle devait quitter la piste cyclable pour me laisser passer.
Elle fit un demi-pas vers la
Non, plutôt vers
Enfin, en ar
En av
JE POUSSAI UN GRAND CRI ET FREINAI UN GRAND COUP.
(Un ange bigophonique passe.)
Avec une petite moue charmante, elle descendit du trottoir pour me contour
IL POUSSA UN GRAND CRI ET FREINA UN GRAND COUP.
C'était le Turc en voiture noire.
Trop tard.

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