Ceci n'est pas de la littérature - 4

par kel, mercredi 19 novembre 2014, 16:13 (il y a 3440 jours) @ kel

Rapports de forces en souterrain

Tu es trop dans le flou.
Oui, ce n’est pas seulement l’écriture. En fait l’écriture c’est en parallèle, même si quelques fois ça se recoupe. Dans la vie je suis dans le flou. Et parfois c’est compliqué, je rencontre des difficultés au niveau des limites, à me mettre des limites, je peux faire des pas de côtés, des écarts qui peuvent me mettre en danger. C’est aussi vrai au niveau mental, gymnastique, que concrètement. Ca me joue des tours…
Tu n’es pas passé loin, cette fois ?
Si je regarde bien, avec le recul, je n’ai pas eu envie de mourir, mais je me sentais acculé, et je suis passé tout proche c’est vrai. A deux petits doigts… J’avais même entamé une préparation pour organiser l’après, à rédiger des lettres, etc. Je me sentais désespéré et foutu.
Mais qu’est-ce qui t’a retenu ?
Je ne pouvais pas partir comme ça, c’était impossible. Les forces qui me maintiennent en vie ont gagné. Ce sont les relations humaines, surtout, les racines, en fait. Je ne pouvais pas m’arracher comme ça, je n’avais pas le droit. J’ai des engagements de vie, et des choses à faire aussi. Rien que familialement c’est impensable… Et j’ai senti qu’on me donnait des forces, en retour, qu’on croyait en moi, des proches, des gens que j’ai croisés aussi, une guérisseuse par exemple avec qui je suis resté en contact. Car quelque part il s’agissait d’affronter des démons, pas seulement les miens, ceux que j’avais porté dans ma relation avec J., je me retrouvais avec triple poids sur les épaules. Et je me suis affaissé, écroulé. Dans ce cas, c’est bête à dire, mais il y a l’espoir qui fait vivre, littéralement, je ne savais pas si j’allais y survivre, j’espérais… Quand je l’ai dit à J., tout de suite elle a eu le réflexe de parler de chantage affectif. Aujourd’hui, ça ne me fait plus grand-chose mais sur le moment ça m’avait fait mal.
Affectivement tu as des problèmes ?
Bien moins maintenant. Mais quand ça s’est produit, j’étais affaibli et en proie à des besoins affectifs qui ne pouvaient pas m’être donnés, en réponses adéquates, car trop importants, je le sais bien. C’est pour ça que je suis retombé « malade », plus personne ainsi dire n’y pouvait rien, le mal était fait.
Mais tout n’incombe pas à ta relation avec J…
Non. C’est une part, mais comme je disais ça n’allait déjà plus avant. Je trimballais des idées noires, des choses mal guéries depuis des années, et je m’étais dispersé, j’avais commencé à me perdre, il y avait des côtés très vivants mais aussi suicidaires quelque part dans mes façons d’être. J’étais en quête, mais habité aussi par des « forces obscures ».

Fil complet: