Gueux de mots

par zeio, dimanche 30 avril 2017, 00:27 (il y a 2525 jours) @ Robot

J'ai eu quelques difficultés à voter, dans l'école de formation des psychothérapeutes. D'abord je n'ai pris qu'un seul bulletin parmi les onze, on me l'a reproché, on m'a envoyé de mauvais regards (les autres devant moi ont pourtant fait la même chose, mais en ramassant le bulletin avec le nom "Fillon" marqué dessus, c'est comme ça dans mon quartier), je me suis ravisé, j'ai pris les 10 autres, feignant une étourderie, mais qui en était peut-être une, après tout. Ensuite, les citoyens qui me précédaient (dont le mari de ma concierge, d'origine pakistanaise), sauf un, ne passaient pas par un des isoloirs, lesquels étaient presque tous vides et leurs rideaux grands ouverts, malgré le monde et la queue. Je me suis dit que j'allais faire de même, c'est vrai quoi, j'ai envie d'être bien vu par mes voisins, et ne surtout pas avoir l'air d'un rebelle de la république. J'ai glissé en douce le bulletin dans l'enveloppe, vérifiant quand même par deux fois que je ne m'étais pas planté, avec tous ces noms en "on". Celui devant moi était moins discret. Enfin, quand il a fallu déposer l'enveloppe dans l'urne, on m'a tout d'abord à nouveau demandé mon nom. J'avais choisi le mauvais poste : celui que devaient suivre les votants dont la première lettre du nom devait se trouver quelque part entre A et K. Ça n'était pas mon cas. J'ai donc été déporté vers le poste "K-Z". La personne n'a pas hésité à annoncer mon nom à voix haute, j'ai trouvé ça plutôt sans gêne. Elle a placé sa règle au niveau de mon nom, je m'apprêtais donc à signer mais un nouveau reproche m'a été adressé : "Il faut voter d'abord, monsieur". La pointe du stylo était déjà sur le papier, cela m'ennuyait passablement d'annuler mon action, j'aime assez finir ce que j'ai commencé, j'ai donc attendu quelques secondes voir si la semonce était sérieuse. L'homme répéta "Monsieur il faut voter d'abord !". "Bon bon", j'ai donc lâche mon stylo et placé mon bulletin dans l'urne, comme le veut la règle. J'attendais le fameux "a voté" qui aurait participé à la concrétisation de mon statut de citoyen à part entière, au vu et au su de tous. Il ne vint pas, sans doute l'assesseur n'était pas d'humeur, ou énervé par la perte de temps dont j'étais la cause. Par la suite enfin j'ai pu terminer ce que j'avais commencé, j'ai apposé ma foutue signature sur le cahier prévu à cet effet, avant de sortir de l'école et de rentrer chez moi, non sans être passé faire un tour avant au marché, pour acheter des myrtilles, des mangues et des avocats.

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