Le 30 Novembre

par 411, dimanche 30 novembre 2014, 09:49 (il y a 3429 jours)

Ils sont là, partout, ils promènent leur chien, ils mordent dans un sandwich, ils ne vous regardent pas dans les yeux mais regardent vos yeux, il ne vous prennent pas la main, c'est votre main qui pénètre la leur, ne vous caressent pas le dos mais laissent votre peau caresser leur geste, leurs pupilles sont flottantes, leur regard est fixe, ils ont fini leur sandwich et déjà ils se remettent en route, ils n'oublient pas mais abolissent, ne parlent pas mais laissent passer les mots, ils ont créé de puissants flamands roses, ils ont peint les fleurs les plus chères du monde, ils ont conquis tout un pan de toute la peau du monde, ils m'emboîtent le pas, ils sont en contact avec une certaine idée de l'absolu, ils n'ont rien de particulier, ils ont cousu un bas de jogging à leur pantalon beige, ils sont bruns, costauds, ils s'appellent Camille grimpent dans les phrasent chutent éclatent d'un rire malsain et accrochent à leur porte accouchent de messages hostiles, ils ont conquis la face sombre de la lune ta beauté me foudroie, j'élève la voix puis la rejoint et les syllabes sont autant de marches inégales, ils sont à présent derrière moi, leur souffle fait toutes sortes de messages dans le petit jour, ils ont flairé ma piste puisqu'ils sont canins, bien habillés, bien pansus les salopards, ils ont le code de mon immeuble, ils me touchent par leur fragilité, ils ont ouvert ma boîte aux lettre et écrit les grands chef-d’œuvres de l'histoire, ils s'appellent Antonin Daniel et X253, je les connais par leur absence, par leurs pupilles fixes et leur regard flottante, ils sont là, partout, il sont avec moi, ils m'obligent à regarder ce qui se déroule sans conscience, ils n'écrivent pas mais demandent pardon, ne communiquent pas mais donnent la patte, et internet est une prolongation de leurs fantasmes, lorsqu'ils tapent ils hurlent, l'un se balance doucement, l'autre a déjà fait 500 fois le tour du salon, le dernier a peut-être apporté au monde un angle de vue nouveau ta beauté me foudroie, je les fixe sans mot-dire, je jette ce qu'il me reste de sandwich, j'ai déjà trouvé ma proie, ça y est, ils voient tout en bleu, s'incarnent dans leur chaise, tempêtent, ils sont prostrés quand ils sourient, ils sont de tous petits enfants, et nous en savons des râles inouïs, nous regardons vos yeux et nous sommes là, partout, en vous, en moi.

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