La course vers la vie VI

par François, lundi 16 avril 2018, 02:45 (il y a 2174 jours)

La comète est comestible. Elle a le goût de l’oxygène. Je l’ai goûtée sur ses lèvres ouvertes. Je l’ai goûtée sur sa langue qui remue. Cette primeur est mienne. Mon luxe, mes retrouvailles. Son visage approchant, fanal d’entre les nuits. Tout contre ma naissance. Les émotions que je récolte. Sur sa peau parfumée de baies roses de souffre et de
Il n’est rien d’autre à goûter que l’aube
J’aime le commencement des choses
Et le perpétue
Animé par une couleur
Par un parfum gainé dans le repli
Puisqu’après l’enfance il n’y a rien
Rien que l’angoisse et le délitement
Paraît-il
Nous fixons le diadème dans la lézarde
L’instant dans sa lucarne
Il nous faudra frayer avec les sortilèges. Pour préserver la joie des premiers jours. L’oscillation des astres dans tes cheveux bruns. Le timbre magique du crépitement. Le feu commun se nourrit de l’ordinaire, de la crainte ou de l’ennui. Le feu sacré est rare. Il consume nos peaux mortes. Dis-moi que nous n’allons jamais ternir. Fais-moi pâlir d’ouvrir les portes condamnées. Arrive. Pose ta joue mignonne sur mon ventre. Travaille avec ta main mon totem d’apache. Des gouttes coulent à nouveau de tes hanches fatales. « This is your sperm » dis-tu. Quel beau mal m’a rongé pour donner naissance à cette fête choisie. J’avais tout prévu, tout écrit. Noir sur blanc sur mes pages lentes. Je ne composais pas je déclarais mon avenir. En processions de renaissances. Il tonnait, je croyais raconter un autre monde, une autre vie. J’ai traversé les lieux me séparant d’Alyona. Parcouru les kilomètres me séparant de moi-même. Rien ne vient par enchantement. Tout vient par enchantement. À nous autres poètes affligés de condoléances. Nous autres asphyxiés de somnolences cruelles. Il n’est d’autre solution que le risque, à l’aube multipliée. Au moment où tout commence. Coupe la corde. Bats la campagne sans raison. Pour une lueur. Une fissure entraperçue. Mange le monde. Il y a un lapin de l’autre côté. Un carré de prairie. Quelque chose d’absent qui nous sied à merveille.
Le moment venu.

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