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par c., mercredi 10 décembre 2014, 17:02 (il y a 3418 jours) @ Claire

de la résistance :


j'aurais pu dire autrement, j'aurais dit rugosité comme ici : «Rien n’est lisse sauf la manière dont les choses, les instants, les matières semblent glisser, se déplacer puis nous déplacer; rien n’est lisse, pas même la sensation du glissement entre un état et un autre. Ce qui transforme et nous transforme, ne serait-ce que par la perception, produit ou concourt d’un choc, d’un mouvement subit, vif, qui renverse ou bascule subtilement la relation que nous avions avec les choses, les instants, les matières et les êtres. Dès ce glissement perçu, nous nous trouvons dans la rugosité même du changement (parmi), nous nous trouvons dans la transformation de la forme, et si celle-ci nous demande et exige un ajustement étroit, senti, c’est qu’elle cherche et appelle une fluidité renouvelée, un aspect mobile – ou, à rendre à nouveau mobile.» — "à propos" / trajectoires vers l'incertain.



de la résistance elle-même, tu as un référent et des références internes à ce référent, hm.. des choses que tu lies entre elles...
mais résistance contient énormément de notions idées concepts valeurs, aussi ton entendement de "résistance" fait partie d'une olistique, ou si tu préfères, est une partie d'un tout. je me réfère à ce "tout" là, dans toutes ses "dimensions" à la fois...

on a l'habitude de penser et penser l'être en tant que solide, on se réfère aux pierres représentant le seul immuable qui soit. hors, même les pierres bougent, marchent, craquent, fendent, s'écroule, fondent, coulent, si bien que même la pierre n'est immuable. alors l'être, quand bien même il le voudrait, ne peut s'inscrire dans l'immuable. parce que tout bouge et change à chaque instant et que l'esprit et le coeur se fatiguent des efforts à faire pour suivre ce rythme, cette "vitesse luminique" qui nous charrie d'instant en instant, nous trichons. nous trichons en "cristallisant" des choses, et nous tenons très fort, nous nous tenons à. mais en même temps nous changeons, beaucoup et vite parce que chaque instant nous change, et alors, l'être se trouve changeant parmi des agrégats, ses cristallisations — aimées, chéries — limitent de plus en plus les mouvements, la vie vive. la cristallisation d'une valeur x est une résistance à l'instant rugueux.



dans l'imprécision :

une notion extérieure venant d'une altérité autre avance un geste ou une idée. une chose étrangère. un corps de pensée étranger. ce corps étranger te mobilise. ou tu les perçois comme un danger et tu lui envoies des "soldats" pour défendre ta position (comme dans ton propre corps), ou tu tentes de t'approcher et de le rencontrer. ou il y a rejet, ou il y a absoption/amalgame. dans la proposition d'une approche, tu es devant une valeur inconnue , ni x ni y, une chose pour laquelle tu n'as pas de référent, dans ton esprit mille choses bougent en même temps, idées, analogies, concepts, valeurs, toutes les échelles se superposent. tu te trouves alors dans un enchevêtrement de choses et cet enchevêtrement fait un flou sur ta pensée, ta vision. ce flou, c'est l'imprécision, un focus que tu ne peux pas faire pour le moment même si tu luttes et résistes au flou en tentant de formuler des phrases balises ancres marques dans la direction de "la chose étrangère à toi qui est entrée dans ton territoire". comme l'esprit ne peut pas soutenir cette "défocalisation" bien longtemps, il arrive à l'instant très précis où il lâche. il s'arrête. ça ne dure qu'une pico seconde. dans cet instant extrêmement compressé, serré, infime, ton esprit fait une chose extraordinaire, une chose toute simple qui ne pouvait pas se faire tant qu'il "forçait" à maintenir "sa forme initiale", une chose qui est un mouvement vital : il se renverse et/ou renverse le "corps donné" à sa résistance. le contraire de la résistance étant la poussée... l'esprit trouve, il rencontre (il se rend contre / il rend compte / rencontre)

le mot clef de ce qui est formulé/nommé là est : renversement.
et son référant prime est utérin ; le (prime) renversement est le premier geste de vie, il est capital.



si l'être, le soi, est comme une maison,
j'ai construit une maison qui inclue le mouvement,
qui s'y adapte. une maison mouvante où il n'y a pas de murs
mais des parois souples et changeantes comme
les nuages sont changeants, des escaliers qui marchent,
des fenêtres qui s'ouvrent comme les yeux s'ouvrent le matin.
et comme chaque instant est un jour tout entier,
ma maison y marche, et y respire.

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