l'endroit où on ne se quitte pas (fin)

par seyne, samedi 10 novembre 2018, 11:18 (il y a 1993 jours) @ Périscope

Merci de ta lecture, c’est vrai que c’est très stimulant d’échanger autour de ce qu’on a écrit dans un esprit de critique et d’amélioration.
Une de tes critiques vient en plein dans un de mes péchés mignons, je le sais, c’est celui du sentimentalisme. Sentimentalisme et idéalisme, c’est certainement un écueil à éviter, particulièrement dans un récit comme celui-ci qui parle de l’effet d’une rencontre.

Pour les autres critiques je me suis plus interrogée, parce qu’elles pointent justement dans les directions que j’essayais d’explorer.
Un des thèmes essentiels de la nouvelle c’est la question des limites, et particulièrement lorsqu’elles s’effacent, sont floues ou remises en cause. Je fais rapidement la liste :

- La vitre qui joue un rôle essentiel au début et à la fin, qui sert à la fois de séparation transparente entre les personnages et le reste du monde, sert aussi de miroir.
- L’état de santé du narrateur, entre vie et menace de mort, ce qui explique sans doute partiellement son côté un peu transparent, spectateur, passif, mais aussi sa disponibilité, son attention.
- Le caractère androgyne de l’héroïne. Il y a quelque chose de fascinant dans l’androgynie.
- Le côté paradoxal de la différence entre eux de génération : c’est lui qui dès le début, en rêve, est en position d’enfant face à elle (la poussette), et d’ailleurs elle lui parle comme à un enfant (ce qui explique peut-être le côté « trop dit » que tu relèves). Elle est beaucoup plus jeune, mais on devine des épreuves qui l’ont forgée et la mettent par rapport à lui dans une position d’initiatrice, de guide. Les rêves qu’il relate sont très liés à l’enfance, ses récits très enfantins.
- Le fait qu’elle soit visiblement « entre deux » : deux pays, deux langues, et elle le porte sur elle..
- L’importance dans les récit des rêves, qui occupent presque la même place que le réalité vigile, et font du narrateur un rêveur éveillé, qui cherche sa vérité dans les deux états.
- La question de la présence et de l’absence. Avec ces deux sens du mot « présence » : le fait d’être là, mais aussi la force d’incarnation de certains êtres.

Je ne sais pas à quel point je me suis projetée dans ce personnage masculin qui a à peu près le même âge que moi, mais dont la vie est quand même très différente de la mienne - et je ne me sens pas en danger de mort. Peut-être sa fascination pour Peter Pan, héros à la fois initiateur et habité par la mort. Les références culturelles aussi : « If », et le visage faunesque de l’acteur principal ; l’intérêt aussi pour les rencontres et l’écoute, bien sûr.

Alors bien entendu c’est ennuyeux que ce qui était pour moi les axes sous-jacents puissent apparaître comme des défauts. Sans doute faut-il penser cela en terme de maladresse, et comme tu dis, réécrire. Mais poursuivre la nouvelle serait un projet complètement différent, je crois.

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