MOISSONS

par seyne, samedi 08 décembre 2018, 15:26 (il y a 1963 jours) @ sobac

Merci à vous deux. J’ai écrit ces textes à quelques jours d’intervalle il y a une dizaine d’années. En les retravaillant m’est venu le souvenir des tableaux du moyen âge, les riches heures du Duc de Berry, et bien entendu toutes les références que tu cites, Périscope, sont aussi les miennes.
Ceci dit il y a aussi du vécu et je suis frappée de me rendre compte que l’ensemble à une valeur de témoignage du changement qu’il montre de la vie paysanne
.
Le premier peut se rattacher à un souvenir d’enfance, dans le Gers où je passais chaque année des vacances familiales. On avait été invités au « dépiquage » dans une ferme. À l’époque, la « dépiqueuse », monstrueuse machine, allait de ferme en ferme pour dépiquer le blé qui venait d’être moissonné. Et tous les fermiers suivaient eux aussi la machine qui nécessitait une main d’œuvre importante.
Dans la ferme on avait dressé partout des tables pour l’impressionnant repas de midi que les femmes avaient préparé depuis le matin. Je me souviens que tout semblait démesuré : le nombre de convives, la chaleur, la dureté du travail, l’ambiance de fête, le nombre de plats (l’époque était à l’agriculture de subsistance, chaque ferme avait des vaches, lapins, poules, canards, cochons, vignes et potagers). Les gens n’avaient pas d’argent mais mangeaient très bien. Je crois que j’étais impressionnée aussi par le corps des gens, la force, ça se sent dans le texte. Je n’ai que ce souvenir de moisson, mais beaucoup d’autres de travail agricole, souvent plus solitaire.

Le dernier renvoie à une expérience beaucoup plus récente : une fin d’après-midi, de retour du travail sur la route de Corbie à Amiens : je m’étais demandé ce qu’étaient les volutes de fumée jaune pâle qui progressaient au loin dans la plaine, une belle vision.
Entre les deux, des jeux dans une grange inutilisée mais encore parfumée de l’odeur de la paille qui y était entreposée...la petite émotion assise sur le plancher, au bord du trou qui servait à basculer les bottes, avec quelques mètres de vide au dessous. On jouait librement dans toutes sortes d’endroits.

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