la neige

par seyne, mercredi 18 septembre 2019, 11:42 (il y a 1676 jours) @ Périscope

je ne sais pas si tu as eu la curiosité de visionner la vidéo que proposait en guise de critique (si délicate et charmante) senile ll (désolée, c'est trop long à copier).

L'intéressant se trouve dans les dernières minutes, où l'auteur dit que le roman (ou le poème) doit être bête...même un tout petit peu d'intelligence gâte tout, parce qu'un texte ou un poème n'est "pas fait d'idées mais de mots". Or je suis à 90% d'accord avec lui, et j'ai immédiatement vu en quoi mon poème était gâté par une lourdeur conceptuelle affligeante. Moi qui ai toujours défendu le renoncement à la pensée conceptuelle pendant l'écriture du poème.
Bien entendu toute œuvre artistique est irriguée et nourrie par tout ce que l'auteur a pu penser, lire, apprendre, mais cela ne doit pas être présent à son esprit pendant qu'il écrit, ne doit pas présider à l'écriture, faute de quoi le texte est ravalé au rang d'illustration d'une pensée conceptuelle.

Pour la défense de ce poème, il est né d'un moment d'émotion et non d'idées abstraites : moment - dans le musée - où je me suis rappelé ce que c'était d'être dans un paysage enneigé (exactement ce que décrit le poème qu'a posté Seyne, qui qu'il soit, à la suite).

Mais ce qui a donné son intensité à cette émotion, c'est l'art avec lequel le peintre partage avec nous cela : son ressenti d'être dans un paysage enneigé. Le soin incroyable qu'il met dans la couleur du ciel, l'éclat lumineux et pourtant atténué de l'allée, l'ambiance de cette fin de journée d'hiver, et qui parvient à nous faire venir, des années et des années plus tard, là, à côté de lui.
Et l'autre source de l'émotion c'est de sentir de quelle façon ma mémoire, comme un merveilleux instrument, trouve un moment qui ressemble, m'y transporte.


et donc le poème reste à écrire, ou plutôt à corriger, pour dire sans lourdeur l'ensemble de ces émotions, de cette gratitude, de cette nostalgie aussi.

si je disais que je suis d'accord à 90%, c'est parce que je m'autorise quand même à mettre des idées dans un poème, parce qu'elle font partie de l"être là" que nous promenons partout avec nous. Mais ce ne sont pas elles qui mènent le poème.

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