36 fois la nuit

par Périscope @, dimanche 06 septembre 2020, 17:25 (il y a 1319 jours)

36 fois la nuit

Du châssis de la nuit la brise m’envoie ses coups de pinceau
Je deviens squelette de vent il s’engouffre dans les couloirs de mes os
Le froid s’écrit avec un F comme feu
La nuit charrie des marées humaines invisibles
La nuit me fait statue charnelle
La nuit on n’avale pas sa salive pour ne pas déranger la nuit
La nuit enfile son manteau pour affronter la nuit
La nuit permet aux dames de bailler sans retenue
La nuit ricane sous le regard ébahi des étoiles
La nuit a encore ses poches pleines de la chaleur du jour

Une nuit sans nuage est nue
La nuit claque ses portières éteint ses phares essuie ses pieds sur le paillason
rentre se coucher et enfile sa chemise de nuit
La vie du ciel la nuit est considérable
Les ramures des arbres sont des éventails ouverts sans motif
J’ai suspendu mon hamac à deux étoiles et je m’endors
Les motards font du rodéo sous la lune avec les étoiles pour spectateurs
Une turbine tourne au cœur de la nuit des cliquetis dans ses poumons de métal
Les voitures la nuit raclent la chaussée comme des pantoufles usées
leurs yeux aux ampoules si faibles
La nuit est coupables de son obscurité
Sur les murs les reflets changeant d’un téléviseur allumé raconte une histoire

Une moto grimpant la côte se met à beugler
Un aboiement de chien remplit de sang l’encre noire de la nuit
Une fleur frêle qui dans la nuit témoigne du souffle du vent
On ne peut parler de la nuit que par tout ce qui nous éloigne d’elle
La nuit les arbres sont les ombrelles des parcs silencieux
Les gros nuages la nuit sont les trous du ciel
La nuit la pluie nous laisse tranquille car on ne la voit pas
Dans la nuit on retrouve l’écriture des enfants
Le jour les nuages assombrissent le ciel tandis que le ciel la nuit se blanchit de nuages
Selon les aspects de l’air les bruits de la nuit se déplacent

Quelqu’un nuitamment a fermé les portes de la nuit pour nous nuire
des portes si hautes que disparaît le ciel froidement dans le froid
La fraîcheur de la nuit forme des pluies invisibles
La nuit compréhensive ferme les yeux sur nous
Les arbres cathédrale de la nuit l’ombre d’une femme se jette par la fenêtre
et la nuit lui dédie ses chants d’orgue
Les voitures voguent dans la nuit
petits paquebots qui accostent aux embarcadères des parkings
Les doigts de dactylo de la pluie frappent sur mon clavier

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