IV

par 411, mercredi 07 octobre 2020, 13:47 (il y a 1290 jours)

IV


ai revu les fantômes, les hasardeux du passé, par hasard, ai senti la folie furieuse, toutes les choses que j'ai cassées, dont ma grand-mère, ma soeur, et mes amours,
ai senti nœud dans gorge, vu les anciens de cette époque où je me suicidais à mort, reconnu le mal rasé cinquantenaire aux jambes immenses, et qui tousse fort,
vu l'autre sur le lit, pleine montée de subutex, la table était poisseuses, la mort venait du ciel, ou du plafond trop bas, du foie, des artères ou de la fumée dense, j'en sais trop rien,
on attendait le shit,
alors on parlait de shit,
causait gros poissons, kilos, halls, berlines, kalash, crimes, complots et fin du monde
et pourtant,
treize petits anges veillaient sur nous,
ils étaient derrière la télé,
ils étaient doux, ces anges, ils avaient pitié de nous, n'avaient jamais connu la pipe, les casinos, la sodomie,
et mômô parlait de son chaton, d'un type qui l'avait écrasé le chaton, le chaton à mômô, comme ça, qui avait écrasé, comme ça, du pied, le chaton de mômô, pour faire rigoler les potes,
ça parle bouffées délirantes, voix intérieures, de doigt qu'on s'est tranché, puis ça parle de moins en moins car alors le shit se fait attendre,
c'est plus pareil,
on se fait chier,
l'un s'en tamponne,
déjà perché
dans les vapeurs
du subutex,
mais chez les autres le genoux tremble on parle pluie on se fait chier ou politique on se fait chier tous des pourris y'a rien à dire,
c'est que mômô il l'a r'trouvé, le pépé, l'écraseur de chaton, ce vieux gitan barbu,
l'a planté trois fois puis l'a frappé à la matraque télescopique, et l'a mordu,
ça hurle BEDOT entre les côtes, ça hurle SHIT au fond des gorges,, bordel qu'on puisse s'aimer un peu, qu'on parle esprit et failles, de nos fragilité, projets, bouffe ou voyages, ou massages thaïlandais ou de n'importe quoi,
m'en branle, tant que ça fait vivre,
le shit, ce messie jaune et mousseux, le shit a noyé toutes les âmes, le temps est à chier, la musique est à chier, tout est malade et je me sens guéri,
moi,
qui toujours défends les marginaux, qui veux parler le fou, le nervalo, qui nique des article, moi, là, je suis à l'opposé du monde
camarade tousse, fort, on croit qu'il va crever,

gulli à la télé,

et puis ça y est: le shit arrive, les petits anges sont désolés, nous voient rouler nos ters épais,
ça sourit fort ça en dit long, ça chante, fait blagounettes entre collègues,
le soleil sort et tout est nettoyé,
le cri du môme, le chant des siècles,
le monde est beau, la vie revient
et se découpe en quatre petits bouts, l'horizon
est arrivé.
Et l'horizon nous tue, tant notre espoir est abimé.
Je m'en vais. Il faut que je m'en aille.
Point.
Je ne veux plus me suicider. Je veux aimer enfin. Et devenir papa.
le reste
je l'ai déjà écrit.

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