VII

par 411, samedi 17 octobre 2020, 19:50 (il y a 1281 jours)

le suicide ne se fait pas dans la souffrance,
un homme qui s’agite, hurle, tempête, et pleure
ne se suicide pas dans l’heure,
car alors il est perclus de douleurs,
un homme qui souffre est un homme qui danse
puis s’allonge sur le sol, se recroqueville, il est fini mais il éprouve
une sensation désagréable, il est affecté, chagrin le trouve
parmi les déchets, le linge sale, et les visages sans prénoms,
il est heurté, se sent mal, son corps est trop présent ; non,
le passage à l’acte vient pile à l’instant flou
où suicide est un bon choix - plausible en tout cas -
où arrêter de vivre paraît doux, si tendre le trépas,
tout doux tout doux, si plat, et cotonneux,
oh comme tout est radieux
là-bas, puisque ça n’est pas ici,
et que ça suffit,
un là-bas, ce seul espoir,
et on est tenté d’aller voir
dans les mensonges du miroir,
on veut se lover dans néant, dans abandon, dans plus d’égos
on veut pas le père lachaise, et on accepte les mégots
que le suicide apaise alors, l’idée que tout s’arrête, enfin
et c’est dans un soupir infini, un rictus, que l’on choisit sa fin
tout est beau dans l’après-corps, désir se tourne vers la mort
alors
on se jette du troisième, les bras en croix; espérant atterrir
quelque part dans un autre monde,
la chute est belle et l’on s’écrase et tout explose un grand rire
et la lune est haute, et jaune, un peu timide, et ronde,
c’est enfin fait, on a su évier le pire, et l'on se rit des ritournelles
un homme qui souffre doit encore vivre, et garder brûlures éternelles,
mais ne surtout pas sourire à la mort,
car alors c'est trop tard, elle vous rend un remord
et vous dit, comme dans une confidence,
que mourir c'est pas compliqué quand on y pense sincèrement
le cœur ouvert et l'âme immense
une âme qui danse qui danse qui danse une âme sans présence
et dans le ciel derrière le ciel, en lettres capitales:

TU SERAS MIEUX DEMAIN, MËME SI LE PASSAGE EST BRUTAL

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