VIII

par 411, mercredi 21 octobre 2020, 20:54 (il y a 1281 jours)

naître prend du temps parfois toute une vie
le souffle est force en marche une dalle une envie
d’exister de faire corps d’être un lieu dans l’espace
d’être un point dans le temps nerf sauvage et coup de grâce

de résister à dépression il faudrait naître sans arrêt
naître de tout son poids de chaque esprit de toute idée barrée
naître d’une étreinte enfin
de l’étreinte d’un père qui n’est pas le sien

d’une accolade virile où l’on serre fort
avec puissance avec le cœur de tout son corps
on peut naître d’un parent lointain d’un ami d’un exploit
on peut naître d’une fierté d’une perte de poids

bien des choses nous donnent envie de naître
de tenter l'aventure de passer par la fenêtre
car nous naissons parfois sans le faire exprès
dans la grande chaleur dans bras si doux des bien aimés

je meurs de n’être qu’un homme dont les fondations
sont bâties sur champ de ruines de drames de passions
il m’a fallu du temps pour naître comme ils prient
sans les poings sans la mort lente et sans les cris

j’ai 31 ans bientôt 32 j’ai bourlingué dans mes écrits
peux plus mourir à 27 ans me suis enfermé dans l’esprit
me reste peut-être l’âge du christ
et au fond j’ai toujours été bien triste

ma première naissance fut un déluge un coup de pelle
il m’a fallu contre-naître qu’apocalypse me révèle
à mes passions à mes craquelures fissures à mes tangages
que je m’éveille à la présence au corps qui sent et au langage

je ne veux plus penser je veux renaître encore et puis devenir vierge
devenir tout nu et soudain sentir que quelque chose émerge
à la face de tous au cœur de toute âme un peu artiste qui nous lit
car je ne suis pas seul nous sommes quelques-uns

à chier de l’encre à torcher de l’adverbe à fréquenter des ton voisins
à gronder fort à bander sec à féconder le fond du lit
y’a des millions de gens qui naissent comme moi en plusieurs temps
et chacune de leurs vies existe explose et fleurit tel doux printemps

avant de faner de tomber le déclin est voyage la colère est instant
et nous naissons toujours à ce moment
dans l'ombre flouté de maman
quand écrire n’est plus simple passe-temps

mais engage et l’âme et les tréfonds la sale enfance qu’on à vécu
nous sommes gentils par dépit nous sommes les souriants déçus
et n’être qu’un fantôme quand on nait de deux fracas
c’est naître au bras d’un monstre et puis devenir tracas

un bébé qui pleure c’est un membre qu’on arrache

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