En solitude - ou pas

par Poème d'anonyme, mercredi 01 avril 2015, 10:30 (il y a 3322 jours) @ Poème d'anonyme

Tu te sentais seul avec tes pensées grises un hiver
une âme solitaire en un cœur prisonnier.
(Mais le passé est-il vraiment le passé ? Quels temps fait-il ?)
Tu n'y arrivais plus.
Porter le corps quand le cœur n'y est plus.
Des gens t'aiment pourtant
toi aussi...
Mais à l'intérieur comme un chant de ruine
montant de la plainte
dans ton appartement
la joie n'était plus là
tu te sentais descendu.
Partie avec elle
avec ta jalousie en même temps
tu pensais encore à elle
tu te disais que tu ne l'aimais plus
tu étais persuadé qu'elle ne t'aimait pas.
C'était sans doute faux...
Tu étais seul à seul
dans ton appartement
- avec les miroirs, et avec les morts
et tu ne voyais pas d'issue. Tu hésitais...
C'était comme juste avant elle
tu n'en voyais plus non plus
à part la fenêtre...
Dehors les oiseaux chantent
tu aimes les écouter
mais tu n'y arrivais plus
tu avais envie de t'en aller
partir en chant
te jeter en l'air
par la fenêtre les rejoindre,
tu ne savais plus rien, ni où ni comment.
Des gens t'aiment pourtant
toi aussi...
Puis tu t'étais mis à dessiner au rythme de ton cœur et de ton esprit
comme tu respires
pour ne pas mourir.

Tu regardes par la fenêtre
tu écoutes les bruits les voix les pas
le chant des oiseaux...
Tu te souviens bien, des bruits bizarres venant du dessous
les portes qui claquaient
les partouzes des voisins nouveaux
comme le beaujolais
telles des orgies de baise
avec des rires et des cris en jouir
des paroles fortes comme te moquant, comme complotant
et cette silhouette brune vue de dos s'en allant au petit matin décoiffé
comme deux gouttes d'eau, jusqu'à ce qu'elle coupe de côté pour descendre par l'escalier de pierre
tu te disais que c'était elle à tes fantasmes
- salut petit bonhomme de gingembre fluorescent, glissé dans la chevelure, cligne
- adieu plénitude amoureuse, sois heureuse
elle s'en allant en jupe et talons aiguilles la culotte trempée
tout était présent à rebours pour te torturer l'esprit
à te tromper et à te perdre te descendre au fond d'un puits noir
mais c'étaient seulement encore des coïncidences ! Pas une fatalité.

En bas les poubelles sont ouvertes, les rats rodent toujours autour.
Ils ne sont pas mauvais.
Nuit et jour tu venais ainsi à la fenêtre
tu regardais le bout de ciel et par-terre
en fumant des cigarettes
il n'y avait plus que les oiseaux à jouer la musique nature.
C'est miracle qu'ils chantent encore, il n 'y a presque plus de jardin
seules les terrasses et les toits ocres
- et la Cathédrale ressemble toujours étrangement drôlement à un soldat romain
les luttes sont sans doute silencieuses
parfois des éclats de cris, passent les touristes
tout semble changer en permanence
ils ont coupé beaucoup d'arbres
ils ont chassé beaucoup de pauvres gens. Une ville nouvelle.
Tu vis au centre d'un quartier assiégé depuis des lustres, bombardé, trahi, piétiné, bafoué - l'Hôpital Dieu est un Hôtel Incontercontinental de Luxe 5 étoiles !
pourquoi étais-tu resté ainsi ? Comme immobilisé, tu n'as finalement pas bougé du Panier.
Tu t'étais peut-être arrêté le temps d'aimer, et puis partout tu t'es dis qu'il y a des mêmes scènes, mauvais théâtre d'ombre, des lumières clinquantes
où l'on fait semblant de vivre.
Soupire, l'amour semble s'être évaporé en fumée, comme dans une flambée, une histoire qui n'en finit pas de se terminer - tu y penses encore
quelle illusion pour continuer ? L'alcool était un faux ami que tu as quitté.
Ainsi tu pourrais te sentir libre
tu vivrais tu irais en respirant, tu continuerais à vivre ouvert - malgré les affres, au bénéfice du doute embrassé. La vie est telle un baiser !

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