les trois remarques et la suite.

par Claire @, mercredi 16 juillet 2014, 17:55 (il y a 3571 jours) @ Claire

1 Il va de soi que dans ta façon d'envisager les choses, je fais partie des prédateurs, payant sans problème mes factures, voyageant etc....ce qui disqualifie au moins partiellement mon propos, qu'on peut voir alors comme une façon de me déculpabiliser.

2 Mon interrogation est pourtant honnête, je me suis honnêtement interrogée, je poursuis donc.

3 Derrière cette question s'en profile une autre : que faisons-nous ici ?



J'aurais plutôt tendance à penser que nous sommes des primates dérégulés.
Des primates dirigés par un appareil instinctuel de primates, avec en particulier un instinct grégaire, et une tendance à la compétition pour des positions dominantes. Tous les systèmes politiques qui ont tenté de faire disparaître cette tendance ont abouti à des catastrophes.
Dérégulés au sens ou tout ce qui chez les primates limite la violence des affrontements pour ces positions dominantes, et limite les exactions auxquelles se livrent les dominants sur les dominés est fragile, vite débordé. Nous n'avons plus ou peu de régulation instinctuelle, ce qui explique les horreurs dont sont capables les humains entre eux, l'absence de limite à leur avidité qui effectivement autorise les termes que tu emploies de prédateurs et de proies. Mais ce n'est pas, je crois, au départ, des termes qui rendent compte de la nature des rapports humains

Ce qui nous dérégule, je crois que c'est notre intelligence, la conscience que nous avons de notre dépendance, de nos interactions insatisfaisantes, du destin qui nous attend....et donc l'angoisse qui nait de cela.
Mais notre intelligence est aussi un moyen de s'opposer à la dérégulation, elle l'a toujours été, elle a créé toutes sortes de formes culturelles, de remparts moraux, de formes de lutte contre l'injustice, elle nous amène à nous identifier à l'autre etc....
Je crois que notre intelligence mène une guerre contre elle-même : forces de dérégulation contre forces de régulation.

Voir l'espèce humaine simplement en terme de prédateur/proie conduit au désespoir ou au cynisme. C'est à dire à une incapacité à s'opposer aux forces de dérégulation qui nous menacent, à la fois pour soi-même (et donc à un risque de s'identifier encore plus à une proie) et pour l'ensemble du corps social.
Voir l'espèce humaine en évacuant la dimension de cette prédation c'est occulter la réalité, et donc perdre toute efficacité dans le lutte contre la dérégulation.

Toutes les productions culturelles jouent leur rôle dans cette lutte, d'un côté ou de l'autre, et voilà peut-être ce que nous faisons ici.

tout ceci dit naïvement, sans aucune remarque sur la forme de ces poèmes, uniquement sur le fond.

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