Tombées

par zeio, vendredi 08 août 2014, 23:47 (il y a 3550 jours)

J'aime la pluie, pour son bercement amniotique
pour ce balancement métronomique et lent, pour sa multitude
et pendant cette pluie, dans le déclin du jour, je lisais

Tombant dans ce livre sur une pensée qui faisait naître
d'elle-même en moi
l'espace nécéssaire à son éclosion
Je relâchais mon regard et le laissait se perdre
sur les murs, les angles, les fenêtres
Je m'arrêtais un moment

Une forme inhabituelle, sous la fenêtre, attirait mon regard
C'était le papillon, le même, immobile
Je le pensais disparu, il était près de moi
Attendait-il la fin de l'orage pour reprendre sa course, la fin du livre
La fin de sa courte vie ?

C'était un simple papillon
Pourtant, inaltéré par la raison, un plaisir obscur, un contentement
remontait et tintait innocemment dans mon être
Le voici, en vie, en réfugié qui me donnait des nouvelles du ciel et des orages
Autant de preuves amoncelées que la vie court toujours

Lui qui avait ajouté sa part infime
à la continuité de l'ordre des choses
à la mise au jour de la lente métamorphose des imprévus, des miracles
en rituels naissants
plus subtils, insaisissables et rares que les levers de lune

Ces innombrables animaux sur la terre, étrangers familiers
qui vivent et meureut imperceptiblement sous mes yeux
incitent à récolter tous les fragments mystérieux d'une passagère
et fragile éternité

Tombées

par cat, samedi 09 août 2014, 01:20 (il y a 3550 jours) @ zeio

"qui vivent et meureNt"


j'aime assez le début du poème, une idée de lecture, la distraction, retrouver le papillon.. le climat
..hm.. je ne sais pas pour "éternité"... tu sais je me méfie du mot.. je trouve qu'il s'ajoute aux mots convenus ..pour la poésie..

Tombées

par zeio, samedi 09 août 2014, 01:39 (il y a 3550 jours) @ cat

Ouch
Il est si nul que ça ?

Tombées

par zeio, samedi 09 août 2014, 02:27 (il y a 3550 jours) @ zeio

C’est vrai que pour moi l’expression j’aime assez est ce qu’il y a de plus dur à entendre, en particulier en poésie. Elle confine à l’entre-deux, au gris : —à l’insignifiance. C’est pourquoi j'ai toujours préféré mille fois un je n’aime pas. J’aime assez ça signifie que le poème (ou une partie mais ça revient à l'ensemble au final) est bien plus que raté : il est insignifiant. Il n'est même pas un poème. Un verre d'eau, tout au plus, une ficelle qui pend. Insignifiance qui, en plus de me terroriser plus que tout, signifierait aussi que je n’ai plus la moindre lucidité sur mon travail pour ne pas m’en rendre compte et tout le tralalala. ce qui, finalement, est possible.
Le terme éternité n'a pas été choisi par hasard. Il décrivait précisément mon ressenti à cet instant t. Il n'était pas là pour enjoliver. À propos des mots convenus poétisants, tu sais bien que je les rejette, et de voir revenir cet argument en pleine poire comme un boomerang, c'est violent, et signifie sans doute que je dois remettre, pour le énième fois, tout en question et cheminer à nouveau vers les bouleversements intérieurs, faire table rase.

Tombées

par cat, samedi 09 août 2014, 06:06 (il y a 3550 jours) @ zeio

t'exagère cher compère de vers t'exagère

attends, attends, faut pas tout bousculer
faut pas tout de suite avoir les baguettes en l'air
grimper aux rideaux, capoter, mourir, remourir,
se péter la tronche ou se la trancher
faire des Tsunamis dans un verre d'eau
se faire un super film de la fin d'un temps
de la fin des poèmes un film de grands
bouleversements de tout l'écrire de sa vie
tout ça pour une expression que tu lis
selon ton environnement culturel
et m'enfin... moi qui m'applique
et tu dis que c'est violent — attends
je sais plus où marcher où m'asseoir
qu'au bord de ta fin d'un monde sans
me mettre à basculer moi-même dans
la putain de question impossible à répondre à..
parce qu'un hostie d'Atlantique me fait la nique
pendant que tu dors en pelote de papillon d'or
en cul de fleur blanche bordée de mica velu
en cocon tissé serré sur ta chrysalide craintive
où tu te tortilles et t'entortilles comme
dans un de ces mauvais film à cauchemars série D
Allo ! Allo ! ici la pointe Est de l'Amérique
celle qui dit qu'elle parle français par coeur
ici la langue toute nue parce qu'elle a pas d'culotte
même si elle ne manque pas de culot
toute nue parce qu'elle a pas d'pays non plus
que des révolutions tranquilles et 400 printemps
de 20 minutes après l'hiver de six mois
ici la langue qui meurt dans son enclave d'anglais
ici une fille de rien qui te fait des sémaphores
que tu prends pour de tristes métaphores
Allo ! Allo ! ici la couleur de l'éternité ! ici !
Allo ? et si l'éternité s'était trompée ... ?
attends j'attrape un mégaphone pour tromper l'eau
le fond la fin l'idiotie la perdition des déperditions
Allo ? et si l'éternité s'était trempée les doigts
le bout du nez dans le mica fin d'une illusion ?
allo, cher ami, comment tu vas, tout simplement...

regarde, tout est calme et tout va bien

Tombées

par zeio, samedi 09 août 2014, 21:55 (il y a 3550 jours) @ cat

Merci catrine pour cette énergie toute particulière, audacieuse et pleine d'impulsions, que tu transmets, dans tes textes et dans tes commentaires.

Tombées

par cat, samedi 09 août 2014, 22:47 (il y a 3550 jours) @ zeio

hawnon non merci à toi zeio d'accueillir tout ça tout ça, comme c'est !
(et bordel, respirons, pendant qu'on est vivants !! ) ;)

et puis si jamais je te froisse par inadvertance, toi ou quiconque,
faut surtout pas hésiter à l'dire et clarifier,
j'mettrai des gants .. en fait non, je les enlèverai ;)

Tombées

par cat, samedi 09 août 2014, 05:24 (il y a 3550 jours) @ zeio

non non... pas dans ce sens là, dans le sens ça m'intéresse plutôt assez beaucoup il y a une petite musique un truc qui trotte dans la tête mais mais mais je ne me lance pas dessus comme une affamée lol

tu sais, expressivement, c'est ça exactement ne pas avoir le code fr.: dans mon code qc. "j'aime assez" est plutôt enthousiaste et toi tu le lis proche de l'ennui ( mince que c'est compliqué...)

Tombées

par zeio, samedi 09 août 2014, 18:29 (il y a 3550 jours) @ cat

Hier j'avais hésité à retirer le dernier paragraphe.
À tête froide, je pense que c'est mieux de l'enlever. Il gagne en abstraction.

version 2.0

par zeio, samedi 09 août 2014, 18:26 (il y a 3550 jours) @ zeio

J'aime la pluie, pour son bercement amniotique
pour ce balancement métronomique et lent, pour sa multitude
et pendant cette pluie, dans le déclin du jour, je lisais

Tombant dans ce livre sur une pensée qui faisait naître
d'elle-même en moi
l'espace nécessaire à son éclosion
Je relâchais mon regard et le laissait se perdre
sur les murs, les angles, les fenêtres
Je m'arrêtais un moment

Une forme inhabituelle, sous la fenêtre, attirait mon regard
C'était le papillon, le même, immobile
Je le pensais disparu, il était près de moi
Attendait-il la fin de l'orage pour reprendre sa course, la fin du livre
La fin de sa courte vie ?

C'était un simple papillon
Pourtant, inaltéré par la raison, un plaisir obscur, un contentement
remontait et tintait innocemment dans mon être
Le voici, en vie, en réfugié qui me donnait des nouvelles du ciel et des orages
Autant de preuves amoncelées que la vie court toujours

Lui qui avait ajouté sa part infime
à la continuité de l'ordre des choses
à la mise au jour de la lente métamorphose des imprévus, des miracles
en rituels naissants
plus subtils, insaisissables et rares que les levers de lune

Tombées

par 411, lundi 11 août 2014, 11:47 (il y a 3548 jours) @ zeio

Franchement, et totalement, c'est superbe. La chute est impressionante de cohérence et de finesse, rapport au corps du poème. J'y ai senti une profondeur qui a du sens, je veux dire que même si je l'avais lu au chiotte j'aurais retenu uelque chose (j'écrirai d'ici peu sur mon principe de "poésie au chiotte"). Bref. Le rythme marche. L'intelligence n'est pas trop démonstrative. J'ai compris le poème. Puis sa fin m'a invité à réfléchir. Bingo. J'approuve.

Tombées

par zeio, lundi 11 août 2014, 13:01 (il y a 3548 jours) @ 411

Merci Pierre à bientôt

Tombées

par cat, lundi 11 août 2014, 19:54 (il y a 3548 jours) @ zeio

..tu vois ? :)

Tombées

par Claire @, samedi 16 août 2014, 10:48 (il y a 3543 jours) @ zeio

ta voix, qui n'appartient qu'à toi, zeio. Depuis le temps que je te lis, je suis toujours incapable de la définir.