Des histoires
Nous vivons dans des histoires autant qu'elles vivent en nous. Il faut sûrement s'aviser du risque qu'il y aurait à s'en priver, car elles pourvoient subtilement à notre équilibre intime. Les gens sans histoire me donnent la chair de poule. Les rubriques des faits divers regorgent de leurs crimes. On y trouve maints témoignages de personnes déclarant avec des mines stupéfaites qu'un tel, avant de s'adonner au carnage, était un voisin aimable, un collègue épatant, un époux exemplaire. Bref, un condensé de normalité avenante. La positivité faite homme. Jusqu'au jour où l'abrégé de bonhommie trucide sa famille, l'animal de compagnie et le facteur qui sonna une fois de trop. Puis il débite les défunts en morceaux et s'emploie à dissoudre le macabre puzzle dans un bain d'acide. Les villageois sont choqués. Leur monde familier vient d'être aboli, balayé par l'étrangeté sanglante et la charge d'angoisse qu'elle génère. En de telles circonstances, raviver le sens s'avère aussi ardu que de convaincre les morts de participer à une randonnée pédestre. C'est alors que l'on convie une formule éprouvée pour ses vertus palliatives : «l'accès de folie». Avec ça du moins, on sait quoi dire. Le danger est circonscrit. Le chaos, remis à distance. On tient une explication. Et peut être même, qui sait, l'amorce d'une histoire...
Quelle pensée petite bourgeoise..
- pas de texte -
Quelle pensée petite bourgeoise..
Je doute par ailleurs que les réactionnaires de cet ordre n'aient beaucoup de choses à se raconter (comme histoires), si ce n'est ce genre de méfaits et d'accidents dont ils se pourlèchent les babines.
Des histoires
Mouais
Quelle pensée petite bourgeoise..
D'abord, pour t'arroser un peu, arroseur, je dirais que le besoin de qualifier avec mépris telle ou telle forme de pensée et de mettre en place entre elles un échelle de valeur est également petit bourgeois, c'est à dire dans la position de quelqu'un qui fantasme une échelle dont il rêve d'atteindre les échelons élevés.
Ensuite, le texte me semble assez juste dans ses questions autour de l'hypernormalité...mais ne semble pas bien deviner ce qu'elle cache. Winnicott parle des personnalités en faux-self. C'est très intéressant d'ailleurs ce qu'il en dit : une fausse personnalité protectrice entourant, lisse et sans faille, un vrai self enfantin, fragile, blessé, attendant tel une princesse captive d'être perçu et compris - mais capable lorsqu'il est atteint par le désespoir ou lorsque quelque chose démolit la barrière protectrice de déclencher une fureur meurtrière.
Aider quelqu'un qui fonctionne ainsi c'est parvenir à entrer en communication avec ce vrai self en lui laissant toute liberté d'ouvrir peu à peu la barrière. Parce que bien entendu son désir profond est de le faire, malgré sa peur.
Comme souvent, la clef c'est le sentiment d'être un peu deviné dans sa vérité, mais d'avoir le choix.
Ensuite, le texte me semble assez juste dans ses questions autour de l'hypernormalité...mais ne semble pas bien deviner ce qu'elle cache. Winnicott parle des personnalités en faux-self. C'est très intéressant d'ailleurs ce qu'il en dit : une fausse personnalité protectrice entourant, lisse et sans faille, un vrai self enfantin, fragile, blessé, attendant tel une princesse captive d'être perçu et compris - mais capable lorsqu'il est atteint par le désespoir ou lorsque quelque chose démolit la barrière protectrice de déclencher une fureur meurtrière.
Aider quelqu'un qui fonctionne ainsi c'est parvenir à entrer en communication avec ce vrai self en lui laissant toute liberté d'ouvrir peu à peu la barrière. Parce que bien entendu son désir profond est de le faire, malgré sa peur.
Comme souvent, la clef c'est le sentiment d'être un peu deviné dans sa vérité, mais d'avoir le choix.
Quelle pensée petite bourgeoise..
Intéressant ce que tu écris, Claire. Ce faux self dont tu parles, cette barrière protectrice, c'est ce qui nous empêche d'avoir "toutes les possibilité", de ne pas avoir trop de choix, justement, dont celui de tuer un inconnu comme ça, parce qu'on a la possibilité de le faire. La question est: est-il réellement possible de faire passer cet ami, ce frère, cette soeur, par-dessus la barrière du balcon<? La réponse est oui, si l'on est pragmatique, pourtant, en faisant cela, le moi profond risque d'éclater, de se morceler, et c'est la dernière des limites. D'ailleurs, il y a une différence entre celui qui met les membres des victimes dans un bain d'acide, c'est-à-dire l'être tout à fait organisé, qui a tué parce qu'il avait le choix, et l'être qui, trempé de sang, appelle la police pour dire que tout a éclaté, et qu'il n'a pas eu le choix, justement, que quelque chose l'a dépassé.
Aussi, dans le texte, le personnage me fait plutôt penser à un psychopathe méthodique q'à un pétage de plomb dans une personnalité dite "normale".
Aussi, dans le texte, le personnage me fait plutôt penser à un psychopathe méthodique q'à un pétage de plomb dans une personnalité dite "normale".
Quelle pensée petite bourgeoise..
Ce texte vise à prouver que les tueurs sont coupables de leurs crimes au-delà de leur histoire (mais à vrai dire cela va plus loin : la thèse qui est soutenue affirme qu'ils n'ont aucune histoire, et donc aucune excuse) et fixe ainsi une hiérarchie quasi tangible entre être humains : les monstres et les gentils (toutous).
M'enfin, selon Claire c'est moi qui crée des hiérarchies...
M'enfin, selon Claire c'est moi qui crée des hiérarchies...
Quelle pensée petite bourgeoise..
En fait je faisais allusion à un type des personnalités très particulières, mais tu as bien raison d'élargir les choses et d'aller chercher ce qui "nous" ressemble et nous concerne. La folie est une extraordinaire occasion d'interroger la liberté, la justesse et la mort.
Quelle pensée petite bourgeoise..
Je crois que tu as fait un contresens sur le texte d'Ecrire. Il disait plutôt je pense que ceux qui essaient d'être des gentils toutous qui ne font jamais d'histoire risquent de devenir des monstres....(mais c'est à lui de dire).
Après, Anna Harendt a bien montré comment l'Histoire transforme certains gentils toutous (et la peur est son alliée) en monstres, c'est encore autre chose.
Après, Anna Harendt a bien montré comment l'Histoire transforme certains gentils toutous (et la peur est son alliée) en monstres, c'est encore autre chose.
Quelle pensée petite bourgeoise..
...je ne crois pas au tueur méthodique, au sens où tu sembles le décrire. Disons que ce côté méthodique et froid n'est que le paravent derrière lequel l'explosion ancienne est toujours au présent, toujours active comme une espèce de centrale nucléaire en fusion. Il n'y a pas de meurtre sans haine, je crois, seulement des mécanismes d'isolation. Et parfois ce sont les actes qui seuls témoignent des émotions intérieures, enfouies, claquemurées.
Quelle pensée petite bourgeoise..
de grands auteurs de policiers, comme Ruth Rendell par exemple, évoquent ça superbement, de l'intérieur.
Quelle pensée petite bourgeoise..
enfin tout ça bien sur c'est un corpus théorique, mais ça colle bien avec la réalité qu'on observe et ça a l'avantage de ne pas décrire des "monstres" auxquels on dénierait les qualités d'êtres humains.
Quelle pensée petite bourgeoise..
quoi tu lis des polars, toi, claire ?
je n'aurais jamais cru ça.
je n'aurais jamais cru ça.
Quelle pensée petite bourgeoise..
Je crois que c'est surtout un texte qui joue sur le double sens de "sans histoire" et s'y prend un peu les pieds. On ne devient pas un tueur sans une histoire particulière, même si on a jusque là donné toutes les apparences d'une vie sans histoire. Je ne comprends pas bien non plus la logique du raisonnement de Claire, qui répond ici que le texte fait allusion à tout un chacun "gentil toutou" et plus bas qu'elle parle, en référence à ce même texte, d'un profil psychologique particulier.
mange-tout
ben pourquoi pas, faut lire de tout, polar, essai, poésie, roman, s-f, sont tous des aliments.
ne manger que des carottes ça craint
ne manger que des carottes ça craint
Quelle pensée petite bourgeoise..
je n'ai pas parlé d'un "tout un chacun" gentil toutou...je ne comprends pas ce que tu ne comprends pas, mais bon, ça va rapidement devenir fumeux, je crois, si on continue. Tu as raison de relever la dualité, ou l'ambiguïté du "sans histoire", c'est aussi ce qui est intéressant.
Des histoires
tu parles, dans plusieurs de tes textes récents, de la question d'être visible ou invisible, d'avoir ou non une histoire, une place peut-être, où on vous "voit". C'est ce qui me semble le plus riche et le plus complexe dans ces écrits.
Des histoires
nihilisme thérapeutique !
Des histoires
tu n'y comprends rien, c'est de la prose...
quand est-ce que tu nous postes un poème, ô prince de poètes ? (je suis sérieuse).
quand est-ce que tu nous postes un poème, ô prince de poètes ? (je suis sérieuse).
Quelle pensée petite bourgeoise..
Ça fait à peu près 50% de mes lectures depuis des années.
Quelle pensée petite bourgeoise..
ça alors. jordy aussi est un grand lecteur de policiers.
Des histoires
Oui. Ce sont des thématiques récurrentes, particulièrement la question de la place et celle de l'histoire. Merci pour l'ensemble de tes remarques.