profession de foi

par dh, lundi 31 août 2015, 17:46 (il y a 3172 jours)

comme si je pouvais prendre des mots

les jeter sur le papier

et faire quelque chose de beau



les gens diraient c'est bien c'est

comme si les mots étaient vivants

et depuis des années je fais comme si



écrire à partir de

voir fleurir un lotus dans l'ordure

étaient des occupations justifiées



pour archiver des perceptions

je fais avec peu je me protège du bruit de tout

ce qui est écrit sur la pierre repose dans le végétal



les convulsions du monde ne me concernent pas

la poésie nous apporte du bien à tous

sauf si quelqu'un a d'autres motifs pour s'en servir

profession de foi

par zeio, mardi 01 septembre 2015, 02:04 (il y a 3172 jours) @ dh

Ce poème (que j'ai déjà lu quelque part) peut en première impression sonner comme un aveu d'échec ("comme si je pouvais...", "depuis des années je fais comme si"...), pourtant, subtilement, derrière ce "rideau" trompeur on devine un sentiment guerrier. Ce qui le rend profond et rempli d'implications subtiles. Ce sentiment je trouve est surtout concentré dans cette ligne "ce qui est écrit sur la pierre repose dans le végétal" qui est un retournement du monde, une transfiguration, la recherche d'une impossible unification des contraires (la pierre et le végétal) qui annonce un dépassement de la réalité : "les convulsions du monde ne me concernent pas".

Ce geste (déposer les armes ordinaires, avouer un "échec" avant d'empoigner des armes invisibles de poète) me rappelle Pessoa.

profession de foi

par zeio, mardi 01 septembre 2015, 02:26 (il y a 3172 jours) @ zeio

Quelques extraits de Pessoa en échos. Désolé par avance, si je suis dans l'erreur. Mais je crois qu'il y a un parallèle.



J’emporte avec moi la conscience de ma défaite, comme l’étendard d’une victoire.



J'ai toujours été un rêveur ironique, infidèle à mes promesses intérieures. J'ai toujours savouré — étant autre, et étranger — la déroute de mes songes, spectateur fortuit de ce que j'avais cru être. Je n'ai jamais ajouté foi à cela même en quoi je croyais. J'ai rempli mes mains de sable, auquel j'ai donné le nom de l'or, et puis j'ai rouvert les mains et je l'ai laissé s'échapper. La phrase était mon unique vérité. Une fois la phrase dite, tout était accompli, le reste n'était que du sable, comme il l'avait toujours été.




L’infini se trouve dans une cellule comme dans le désert. La tête appuyé sur une pierre, on dort d’un sommeil cosmique.



J’ai toujours trouvé que le plus grand mérite consistait à obtenir ce qui est hors d’atteinte, à vivre là où l’on est pas, à être plus vivant une fois mort que de son vivant – à obtenir, enfin, quelque chose d’impossible, d’absurde, et à surmonter, comme autant d’obstacles, jusqu’à la réalité du monde.

profession de foi

par Claire, mardi 01 septembre 2015, 10:50 (il y a 3172 jours) @ zeio

Le début de la préface de Pierre Legendre à un livre consacré à Andreï Tarkovski


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profession de foi

par casimir, mercredi 02 septembre 2015, 23:53 (il y a 3170 jours) @ zeio

élève zeio
14,5/20 pour le commentaire de texte
et rangez moi cette pipe à crack
on ne fume pas les murs de l'établissement

profession de foi

par zeio, jeudi 03 septembre 2015, 00:25 (il y a 3170 jours) @ casimir

Je chasse le dragon dans la lézarde du mur

profession de foi

par casimir, jeudi 03 septembre 2015, 00:30 (il y a 3170 jours) @ zeio