nuit

par Claire, mardi 29 septembre 2015, 12:11 (il y a 3139 jours)

quand pour la première fois
tout petit enfant on a vu la nuit
loin des figures tutélaires
occupées de leur propre vie,
à-demi allongé dans une poussette.

on a saisi le sens de l’adieu :
quand tout est dit.
quand le mouvement va reprendre.

on a saisi l’incohérence
bien-aimée du monde
le trou de la haie la maladie qui commence
le verre reposé sur la table
un bâtiment inconnu où il faut entrer.
le dur pays de l’adolescence.

tout ça on le voit
dans le collier de perles que font les lumières
lointaines, insaisissables.

nuit

par dh, mardi 29 septembre 2015, 12:19 (il y a 3139 jours) @ Claire

ce n'est pas bon, c'est trop didactique, trop discursif et explicatif.

nuit

par Claire, mardi 29 septembre 2015, 12:26 (il y a 3139 jours) @ dh

Ah c'est marrant
Pour moi c'est le truc le plus fort que j'ai écrit depuis longtemps.
Ça me serre le cœur de le relire.
pas de chagrin, de beauté.


si, d'ailleurs, une sorte de chagrin.

nuit

par dh, mercredi 30 septembre 2015, 09:58 (il y a 3138 jours) @ Claire

claire,

quand on croit qu'on vient d'écrire un truc génial, en fait c'est souvent mauvais.

nuit

par Claire, mercredi 30 septembre 2015, 10:26 (il y a 3138 jours) @ dh

oui, peut-être. J'ai dit à peu près tout ce que je pouvais en dire.

sans dramatiser du tout, le mot "convenu" m'a un peu sidérée, je ne m'y attendais pas. Il faut que je laisse passer un peu de temps.

nuit

par kelig, vendredi 02 octobre 2015, 00:42 (il y a 3137 jours) @ Claire

...

pour moi c'est ça la poésie.

(élagué)

par Claire, mardi 29 septembre 2015, 12:40 (il y a 3139 jours) @ Claire

quand pour la première fois
tout petit enfant on a vu la nuit
- loin, les figures tutélaires
à-demi allongé dans une poussette

on a saisi l’adieu :
quand tout est dit.

quand le mouvement va reprendre.

saisi l’incohérence
bien-aimée du monde
le trou de la haie la maladie
les bâtiments inconnus
le lieu des adolescences.

(élagué)

par julienb, mardi 29 septembre 2015, 13:29 (il y a 3139 jours) @ Claire

La seconde version est sans doute meilleure.
Sans être aussi radical que dh, je trouve qu'il y a quelque chose d'un peu convenu dans ce poème.

(élagué)

par Claire, mardi 29 septembre 2015, 13:47 (il y a 3139 jours) @ julienb

bon, c'est le poème qui est raté alors. il n'y a rien de convenu dans ce que j'essayais de dire...que j'ai même du mal à penser.

(élagué)

par kelig, mardi 29 septembre 2015, 14:33 (il y a 3139 jours) @ Claire

C'est étrange comme poème.
J'y ai senti l'émotion à la lecture, Claire (on peut toujours retoucher mais je crois qu'on peut faire confiance à l'impulsion, à l'émotion qui mène à écrire quand ça coule.)

(élagué)

par julienb, mardi 29 septembre 2015, 18:32 (il y a 3139 jours) @ Claire

"Pour moi c'est le truc le plus fort que j'ai écrit depuis longtemps"

"il n'y a rien de convenu dans ce que j'essayais de dire"

J'osais pas le dire , mais j'y vais : je trouve tes réponses bizarres, Claire ; hors sujet, voire d'une certaine manière prétentieuses (mais c'est peut-être juste mon interprétation). Visiblement, c'est un poème qui te tient à coeur.

(élagué)

par Claire, mardi 29 septembre 2015, 18:40 (il y a 3139 jours) @ julienb

oui, je comprends que ça te surprenne, j'ai fait un peu exprès de dire ça comme ça.....pour y mettre de l'énergie.

des fois tu ressens quelque chose qui te semble nouveau, un truc sur lequel tu n'avais jamais mis le doigt, une émotion très particulière. tu essaies de l'écrire et comme tu en es encore envahi, relire le poème te touche tout autant. c'est bien utile des lecteurs qui te disent : "ah ouais, bof.." parce que tu vois que la forme du poème n'est pas la bonne.
mais l'émotion, sa singularité, son sens, tu sais que c'est important.
Peut-être je vais écrire un bouquin entier sur ce truc.

le mot clef c'est "incohérence" (de la vie) pourquoi ça m'a semblé lié à des sensations visuelles d'un enfant qui n'a pas encore de langage, et donc à l'abstraction, pourquoi c'est lié aussi à la douce tristesse de la nuit ?

(élagué)

par ynos, mardi 29 septembre 2015, 15:42 (il y a 3139 jours) @ Claire

Le premier est meilleur. Je le trouve même chouette. Il y a peut être des choses à modifier dans la façon de le dire mais il n'est certainement pas convenu. Tu tiens quelque chose

(élagué)

par Rémy @, lundi 05 octobre 2015, 01:36 (il y a 3134 jours) @ Claire

C'est davantage peaufiné. Vu le thème, je préfère la version à échardes, la première.

(Ceci indépendamment de la question des syllabes de fin de vers.)

nuit

par Claire, mardi 29 septembre 2015, 18:32 (il y a 3139 jours) @ Claire

il faut que je le retravaille, et je crois qu'il faut qu'ils soit plus long, finalement, pour arriver à bien toucher sa cible.

merci à vous tous de vos avis, différents....mais justement.

à kelig

par Claire, mardi 29 septembre 2015, 19:05 (il y a 3139 jours) @ Claire

en fait, je crois que certaines critiques négatives sont liées aux goûts du lecteur, d'autres à des réels défauts du poème et qu'il faut essayer de faire la part des choses.
toi tu as bien perçu, en tout cas, merci.

à la relecture

par kelig, mercredi 30 septembre 2015, 18:35 (il y a 3138 jours) @ Claire

Je ne vois personnellement pas de défaut à la première version de ce poème.
Je le trouve fort, beau.

à la relecture

par Claire, mercredi 30 septembre 2015, 21:36 (il y a 3138 jours) @ kelig

Ben j'vais dire, au risque de paraître prétentieuse, moi aussi, à la relecture :)

l'idée qu'il faut continuer à creuser, prolonger, par contre...


(merci kelig)

à la relecture

par kelig, vendredi 02 octobre 2015, 00:24 (il y a 3137 jours) @ Claire

fais comme tu veux, claire.
moi il me plait ainsi.

nuit

par catr, mercredi 30 septembre 2015, 19:54 (il y a 3138 jours) @ Claire

j'aime le fond
je préfère la première version

peut-être la seconde strophe devrait-elle ralier la première ?
je trouve que le premier vers de la seconde strophe appartient à la première strophe
mais c'est toi qui vois..

une chose que je trouve dommage ou facile cependant c'est les quand x 3
et x 2 dans la seconde mouture
(une oie passait-elle par là?) ;)

nuit

par Claire, mercredi 30 septembre 2015, 21:35 (il y a 3138 jours) @ catr

oui, merci de me donner aussi ton avis.
je n'ai pas dit qu'il était parfait, je l'ai posté trop vite certainement, il faut le polir, et très probablement le prolonger.
Peut-être aussi le verre vide est en trop après le trou de la haie, une direction trop univoque : le manque ? Mais le trou dans la haie est pour moi le contraire du manque, et cette incohérence aussi.
J'essaie de comprendre ce qui a pu donner à Denis l'idée d'un truc convenu, c'est à dire l'impression que je reprendrais sans m'en rendre compte quelque chose de rebattu, remâché, livresque. Parce que j'estime sincèrement son avis et que c'est ce dont j'essaie de débarrasser mon écriture.

nuit

par catr, mercredi 30 septembre 2015, 22:07 (il y a 3138 jours) @ Claire

denis a dit : didactique, discursif , explicatif

ce que j'en comprends et je me trompe peut-être c'est que l'écriture est dans un discours plus que dans l'évocation, cad que cette forme est extérieure et reste extérieure donc le lecteur n'y entre pas, n'habite pas, forme observatrice donc, tandis que l'évocation fait en sorte que le lecteur habite et constitue même le poème ou peut apporter une part de lui et "l'aménager". aussi le discours oblige un regard ou un angle, ce qui explique pèse. on sent que quelque chose se trame dessous, quelque chose de très fort qu'une forme d'analyse/jugement vient altérer. ceci dit je sens que tu t'approches d'une chose importante, une forme de puissance même ( ça s'en vient ! ), mais peut-être l'outil rationnel est-il trop en avant encore (je réfléchis..)..


comment dire ça autrement... tu écris "au-dessus de" et non pas dedans

nuit

par catr, mercredi 30 septembre 2015, 22:23 (il y a 3138 jours) @ Claire

julien a dit : convenu


ceci je crois vient de l'aspect analyse/jugement dans la forme du discours, et aussi des référents + toutes les sociétés critiquent les "figures tutélaires" et les pointent du doigts.. ensuite dans le poème on est pas sûr si ces figures sont coupables ou pas, mais pourquoi et de quoi au fait, puis, le sentiment d'abandon, c'est le lieu commun par excellence. donc tu multiplies les difficultés.

pourtant ce dont tu veux parler c'est du moment de conscience et de presque précognition chez l'enfant, en fait, du moment exact où une sorte d'entendement de la "solitude" se fait vraiment, d'où naît une "visualisation" future, sculptante, qui déterminera l'enfant vers... ben.. moi je lis ces choses là je veux dire ton texte déborde comme un verre plein ;)

effectivement, ça gagnerait certainement à être continué, élaboré, tout en veillant à éviter le... didactique..

nuit

par Claire, mercredi 30 septembre 2015, 22:29 (il y a 3138 jours) @ catr

oui c'est exactement ce que je sentais confusément et qui faisait que je ne pouvais abandonner ni le poème ni les critiques qui lui étaient faites...merci beaucoup.

nuit

par dh, jeudi 01 octobre 2015, 09:46 (il y a 3137 jours) @ Claire

ce qui me pose problème c'est le côté trop explicatif et psychologisant du poème.

la poésie est plus proche de la folie que de la psychologie, selon moi.

nuit

par julienb, jeudi 01 octobre 2015, 10:23 (il y a 3137 jours) @ dh

plus proche de la folie que du logos, oui

nuit

par Claire, jeudi 01 octobre 2015, 11:01 (il y a 3137 jours) @ julienb

Oui, je suis bien d'accord avec ça moi aussi.
Je vais le revoir.

nuit

par kelig, vendredi 02 octobre 2015, 00:34 (il y a 3137 jours) @ Claire

moi je suis pas d'accord mais bon et j'ai beau retourner les choses je ne comprends ces critiques qui pour moi ne collent pas à ce poème-ci, mais bon c'est toi qui voit.

nuit

par Claire, vendredi 02 octobre 2015, 19:36 (il y a 3136 jours) @ kelig

je pense que ce sont ces mots : "figures tutélaires " et "incohérence" qui ont pu faire penser denis et julien à un texte discursif, psychologisant.

Je les ai utilisés de façon (intérieurement) décalée, bizarre - et donc pour moi poétique - mais le poème est trop court pour que ce décalage se sente suffisamment.
J'aime bien utiliser des mots qui ne font pas partie du vocabulaire poétique classique, des mots d'anatomie par exemple, et là en général ça passe bien parce que la bizarrerie est évidente.

en fait j'ai envie de développer toutes les images et je pense que ce sera mieux. on va remplacer le verre par une bassine :)

nuit

par kelig, samedi 03 octobre 2015, 09:34 (il y a 3135 jours) @ Claire

"les figures tutélaires" je les ai vues comme les adultes qui promènent la poussette.
le terme incohérence je ne le trouve pas gênant, il va avec ce que dit le poème.
en fait ce poème me parle beaucoup, tu l'auras compris. et je me dis aussi qu'il bien possible qu'il puisse être dérangeant.
mais si tu en fais un poème encore meilleur, je dirai évidemment bravo.

nuit

par julienb, samedi 03 octobre 2015, 09:43 (il y a 3135 jours) @ Claire

Pour ma part, c'est plutôt des formules comme "incohérence bien-aimée du monde" ou "le dur pays de l'adolescence" qui me saoulent ; je trouve que c'est un poème politiquement correct. Chacun son truc ; ça n'est pas le mien.

nuit

par kelig, samedi 03 octobre 2015, 09:51 (il y a 3135 jours) @ julienb

A propos des mots- qui sont importants - C'est quoi pour toi politiquement correct ? Parce que sais-tu ça nous est venu ce millénaire d'outre-atlantique et que ça a une origine et aussi que c'est chargé de sens, sinon de visée.

nuit

par julienb, samedi 03 octobre 2015, 10:09 (il y a 3135 jours) @ kelig

Traiter / résoudre la question de l'absurdité du monde et de notre condition (cf. Beckett, Cioran, Kafka, Sartre et tant d'autres) par "incohérence bien-aimée", ou bien qualifier cet unique éclair de lucidité avant zombification générale que constitue l'adolescence dans la plupart des vies par "dur pays de l'adolescence", c'est ça pour moi le politiquement correct (et je me fous d'où vient le concept, car je me l'approprie ici et ne suis pas anti-américain - les meilleurs auteurs sont américains selon moi). C'est un poème que je trouve juste chiant, même très bien écrit.
Désolé Claire, j'aime en général beaucoup ton travail, mais pas là (j'insiste simplement pcq toi-même tu insistes pour comprendre pourquoi tout le monde ne trouve pas ce poème génial).

nuit

par julienb, samedi 03 octobre 2015, 10:16 (il y a 3135 jours) @ julienb

Kelig, pour te répondre plus directement, je donnerais donc ici comme synonyme à "politiquement correct" : consensuel, ne faisant pas de vagues, ou bien encore : visant à préserver les illusions rassurantes. Encore une fois, c'est juste mon avis.

nuit

par kelig, samedi 03 octobre 2015, 10:18 (il y a 3135 jours) @ julienb

D'ac'... Je trouve justement que c'est l'opposé de ça que propose le poème.
Comme quoi.

nuit

par Claire, samedi 03 octobre 2015, 10:49 (il y a 3135 jours) @ julienb

mais non, faut pas du tout être désolé, au contraire c'est drôlement bien pour une fois d'aller fouiller ce qu'on ressent dans tel ou tel poème de mauvais. Les quelques progrès que j'ai pu faire grâce à d'autres c'était surtout après des critiques négatives. Et c'est marrant parce que moi aussi j' aime beaucoup certains trucs que tu écris et beaucoup moins d'autres et pour des raisons que je ressens assez similaires. C'est comme une symétrie qui mériterait une attention.

"bien aimé " est peut-être nunuche et mal choisi. Je l'ai utilisé parce que je voulais surtout ne pas tirer le poème du côté d'une déploration : " "ah l'incohérence du monde ! " mais au contraire vers l'idée que c'est cette incohérence, ce côté grumeleux, incompréhensible, discontinu, haché, caillouteux qui provoque le désir, l'amour. Et que c'est à l'adolescence que c'est le plus puissant.
Le nourrisson qui regarde la nuit, solitaire et immobilisé dans sa poussette, sans mot, sans attraction vers les adultes, sans leur présence puissante ( et "figures tutélaires" me plaisaient effectivement avec la poussette) je voulais dire qu'il ressentait cela.
Je ne comprends pas ce qu'il peut y avoir de politiquement correct par contre. Pour moi c'est une notion qui renvoie toujours à une position moraliste empêchant d'exprimer quelque chose de vrai dans le ressenti. par contre je comprends bien ce que tu voumais dire par "convenu".

nuit

par Claire, samedi 03 octobre 2015, 10:57 (il y a 3135 jours) @ Claire

il y a quelque chose je voudrais ajouter : ce n'est pas une élaboration intellectuelle comme semble l'avoir ressenti denis....ça pourrait l'être, mais c'était vraiment une émotion que j'ai essayé de transcrire, une émotion étrange qui plongeait dans la nuit des temps.

nuit

par julienb, samedi 03 octobre 2015, 10:59 (il y a 3135 jours) @ Claire

Alors repars de là, et change 'bien-aimé" ! (car en voulant éviter le lieu commun, tu es tombé dans le lieu commun opposé).
"familière" irait peut-être mieux, mais je ne sais pas si c'est ce que tu veux dire.

nuit

par Claire, samedi 03 octobre 2015, 11:15 (il y a 3135 jours) @ julienb

ah non, justement, "infamiliere " conviendrait mieux :)

nuit

par Claire, samedi 03 octobre 2015, 11:19 (il y a 3135 jours) @ Claire

tiens, "inconnue", tout simplement.

nuit

par kelig, samedi 03 octobre 2015, 11:29 (il y a 3135 jours) @ Claire

oui tiens.

nuit

par Claire, samedi 03 octobre 2015, 11:41 (il y a 3135 jours) @ kelig

surtout avec le retour à la ligne.

nuit

par kelig, samedi 03 octobre 2015, 12:20 (il y a 3135 jours) @ Claire

nuit

par Rémy @, lundi 05 octobre 2015, 03:01 (il y a 3134 jours) @ Claire

En fait ce retour à la ligne est une faute de frappe, il remplace malencontreusement une virgule. Tu voulais évidemment parler de l'incohérence, qui est la bien-aimée du monde. Et donc, si tu cherches à remplacer "bien-aimée", le mot exact serait "promise". Il indique très précisément que c'est une personne encore étrangère avec qui on va devoir partager intimement toute sa vie.

nuit

par julienb, samedi 03 octobre 2015, 15:26 (il y a 3135 jours) @ Claire

Le contraire de familière, c'est étrangère.

nuit

par Claire, samedi 03 octobre 2015, 21:40 (il y a 3135 jours) @ julienb

ah oui,
l'incohérence
étrangère du monde

c'est bien ça, merci.

nuit

par julienb, samedi 03 octobre 2015, 21:49 (il y a 3135 jours) @ Claire

je trouve que tu devrais n'en faire qu'un seul vers :

l'incohérence étrangère du monde

?

nuit

par Claire, samedi 03 octobre 2015, 21:54 (il y a 3135 jours) @ julienb

Ah ben merci ! un seul vers où tu aurais trouvé le plus beau mot ? pas question ce poème est À MOI !!

nuit

par kelig, dimanche 04 octobre 2015, 02:41 (il y a 3135 jours) @ Claire

pour moi incohérence n'était pas liée à inconnue.

nuit

par kelig, samedi 03 octobre 2015, 11:31 (il y a 3135 jours) @ Claire

pour moi c'est évident, à ma lecture du moins.

nuit

par Rémy @, lundi 05 octobre 2015, 02:47 (il y a 3134 jours) @ Claire

« en fait j'ai envie de développer toutes les images et je pense que ce sera mieux. on va remplacer le verre par une bassine »

Oui, je suis très d'accord.

nuit

par kelig, vendredi 02 octobre 2015, 00:36 (il y a 3137 jours) @ catr

"ton texte déborde comme un verre plein"

c'est ça.

nuit

par catr, vendredi 02 octobre 2015, 01:17 (il y a 3137 jours) @ kelig

nuit

par catr, vendredi 02 octobre 2015, 01:23 (il y a 3137 jours) @ kelig

oui, mais je voulais tout de même tenter de comprendre le point de vue de Denis, celui de julienb, puis le tiens.
ensuite re-venir au texte (mais sa chair). je pense que ces "déplacements" permettent de mieux appréhender

nuit

par kelig, samedi 03 octobre 2015, 09:25 (il y a 3135 jours) @ catr

je suis bien incapable de détailler le corps du texte ou analyser les avis finement comme tu sais le faire. notamment parce que souvent ça se bouscule dans ma petite tête et je n'arrive pas à exprimer sinon maladroitement.
mais j'ai bien lu ça aussi dans le poème :
" moment de conscience et de presque précognition chez l'enfant, en fait, du moment exact où une sorte d'entendement de la "solitude" se fait vraiment, d'où naît une "visualisation" future, sculptante, qui déterminera l'enfant vers... "
et je trouve qu'il est bien écrit ainsi, qu'il coule "de source", mais je l'ai déjà dit.
et je crois que claire ne peut ne pas être claire, si je puis dire, c'est-à-dire écrire avec ce qu'elle est, comme nous le faisons chacun.

nuit

par Rémy @, lundi 05 octobre 2015, 02:04 (il y a 3134 jours) @ Claire

C'est l'idée enfance-peur du noir-adolescence-appréhension qui est convenue, non ?

Sinon mutatis mutandis c'est le thème d'Erster Verlust de Goethe, ça ne date pas d'hier.

nuit

par Rémy @, lundi 05 octobre 2015, 02:23 (il y a 3134 jours) @ Rémy

En fait dès qu'on colle un "petit enfant" quelque part ça tombe dans le pathos gouzigouzi. Pareil pour "adolescence", on écrit le mot et paf, le lecteur se sent mal à l'aise et boutonneux. De là, tu auras les lecteurs qui aiment le pathos gouzigouzi et le malaise boutonneux, et ceux qui trouvent que c'est des ficelles faciles. On doit pouvoir évoquer la même chose sans convoquer ces réflexes émotifs parasitaires, peut-être en se passant de ces mots-clés-là.

nuit

par Rémy @, lundi 05 octobre 2015, 02:41 (il y a 3134 jours) @ Rémy

En fait le défaut de ton pouem c'est que pathos gouzigouzi et malaise boutonneux y sont évidents alors que ce qu'il y a autour est plutôt dur à comprendre. Pourquoi diable remplacer "parents" par un alambiqué "figures tutélaires" après avoir mis "tout petit enfant" et "poussette" simples et banals ? Qu'est-ce que le mystérieux "verre qu'on repose" peut bien vouloir symboliser, juste avant "bâtiment inconnu" complètement terre-à-terre et "dur pays de l'adolescence" poncivial ? Lumières, perles, quésaco ? Ça fait un contraste d'appréhensibilité un peu criard.

nuit

par Claire, lundi 05 octobre 2015, 09:01 (il y a 3133 jours) @ Rémy

eh bien (je te dis ça à postériori parce que je ne pense pas toutes ces choses-là en écrivant), j'avais plutôt l'image de sortes de totems que de parents, dans ce que j'étais en train de décrire : des divinité lointaines, détournées et indéchiffrables mais quand même rassurantes (pas des parents quand ils sont en train de vous faire gouzi-gouzi). Et la rencontre "petit enfant" (gouzi-gouzi) - "figures tutélaires" (livresque) - poussette (prosaïque) me convenait (j'aime bien les mélanges qui ne vont pas ensemble).

Pour les reste, le poème ressemble un peu maintenant à un malabar trop mâché (et par plusieurs enfants), alors je vais faire ce que je faisais quand j'aimais beaucoup les malabars : je vais le coller sous mon bureau et je le reprendrai plus tard pour retrouver le goût et pouvoir le retravailler.

mais je suis maintenant convaincue qu'il a besoin d'être allongé, développé, même s'il est pour moi comme un condensé de ce que je tentais de dire.



En tout cas merci à tous, j'ai toujours aimé partager mes malabars, c'est d'ailleurs comme ça que j'ai été initiée au chewing-gum par une grande (un minuscule morceau). C'était vraiment intéressant tous ces échanges.

nuit

par kelig, lundi 05 octobre 2015, 12:43 (il y a 3133 jours) @ Claire

Alors c'était comme un étrange carambar au caramel, avec une énigme à l'intérieur.
Moi je le laisserai tel quel et puis aime, ou pas.
Et il n'y a pas pathos dans ce poème, quelle lecture bizarre.

nuit

par Claire, lundi 05 octobre 2015, 13:05 (il y a 3133 jours) @ kelig

je vais te dire mon idée : je vais le laisser tel quel (ou à peu près), et puis en dessous je voudrais écrire une série de petits textes en prose qui résonnent avec chaque vers....quand le malabar aura retrouvé son goût.


les carambars c'est délicieux aussi, mais pour les partager il faut les couper. c'est une façon plus classique de partager :)

nuit

par kelig, lundi 05 octobre 2015, 13:17 (il y a 3133 jours) @ Claire

bonne idée... à te lire.

ah bon d'accord toi tu les refiles de bouche à bouche comme ça les malabars, ben c'est du joli !

nuit

par Claire, lundi 05 octobre 2015, 13:57 (il y a 3133 jours) @ kelig

non, plus maintenant. :(

nuit

par kelig, lundi 05 octobre 2015, 14:06 (il y a 3133 jours) @ Claire

(c'tait pour rire)

nuit

par Rémy @, lundi 05 octobre 2015, 01:33 (il y a 3134 jours) @ Claire

Les fins de vers ne sonnent pas bien, je trouve.

À ta place je classerais en diphtongues ouvertes (fois, nuit, adieu, voit), ouvertes sans diphtongue (vie, dit, peut-être aussi entrer), fermées liquides (tutélaires, reprendre, table, lumières - avec diphtonque ET liquide, insaisissables), fermées sonores (monde) et fermées sourdes (poussette, incohérence, commence, adolescence). Ou bien peut-être en syllabes qui font gigoter l'appareil phonatoire (fois, nuit, laires, dieu, prendre, rence, table, trer, voit, mières, sables) et syllabes qui ne font pas gigoter (vie, sette, dit, monde, mence, scence). Et de là, composer, c'est-à-dire suivre les pistes que tu ouvres ou t'abstenir de les ouvrir, ou bien réduire la variété ou bien l'augmenter ou mettre autant de chaque catégorie, ou bien voir la répartition des sons dans chaque catégorie, ouc., composer sur ce point-là, quoi.

nuit

par Claire, lundi 05 octobre 2015, 17:39 (il y a 3133 jours) @ Rémy

je suis absolument incapable d'écrire comme ça, sauf pour m'amuser avec la sécheresse des cistes et des chemins schisteux. Je ne dis pas qu'on ne peut pas écrire de la bonne poésie ainsi mais rechercher de façon analytique la musicalité ce n'est pas mon truc....ou alors sans m'en rendre compte.

(je crois même que tu me taquines)

nuit

par catr, lundi 05 octobre 2015, 17:47 (il y a 3133 jours) @ Claire

lolll
et si ça s'trouve il nous prépare un orgasme linguistique

nuit

par Rémy @, mardi 06 octobre 2015, 13:15 (il y a 3132 jours) @ Claire

Disons que ces fins de vers m'ont frappé d'abord, et que je voulais attirer ton attention dessus à ma manière. (Çtun plaisir d'essayer de transmettre sa manière...) De là, ce que tu leur fais et comment tu t'y prends, c'est ton affaire, bien sûr. Et puis ensuite il y a eu toute la réflexion collective à propos de ce poème, qui rend peut-être caduque la question des fins de vers.

nuit

par Claire, mardi 06 octobre 2015, 17:22 (il y a 3132 jours) @ Rémy

non, ce n'est pas caduque, disons que ma manière à moi se fait à l'affinage, par la voix silencieuse et que probablement peu à peu j'aurais modifié des choses. mais je ne peux pas travailler de façon analytique.

j'aime souvent ta manière à toi, ça me fait poser des questions autrement, mais là tu en as fait une telle accumulation que ça ressemblait à une plaisanterie, et puis ce sont des choses que je ne connais pas. imagine-toi, j'avais oublié ce que c'est qu'une diphtongue !

nuit (2)

par Claire, jeudi 08 octobre 2015, 20:37 (il y a 3130 jours) @ Claire

quand pour la première fois
tout petit enfant on a vu la nuit
loin des figures tutélaires
occupées de leur propre vie,
allongé dans une poussette.

on a saisi le sens de l’adieu :
quand tout est dit.
que le mouvement va reprendre.

on a senti l’incohérence
inconnue du monde
le trou de la haie le verre limpide sur la table
un bâtiment inconnu où il faut entrer
le pays de l’adolescence.

tout ça on le voit
dans le collier de perles que font les lumières
lointaines, insaisissables.


°°°°°°°°°°°°°°°

il n’y a pas de frontière entre la nuit et l’intérieur de ses yeux, rien qui empêche sa vision ; liquides, noires, les prunelles, et l’ourlet des deux paupières immobiles, comme son corps enveloppé, bien au chaud - tout près, la mère (ou le père) est une montagne obscure, absente
- le petit enfant voit, et ne fait rien d’autre
rien ne fait rien, c’est la nuit.

je ne t’ai pas dit adieu, c’était trop tard, rien n’y faisait rien. le temps d’avant était plein, le temps de maintenant vide.

ce qui était surprenant et qui s’interrompt avant qu’on l’ait vraiment vu.
ce qui a été terriblement long à venir, ou a duré longtemps
contre toute logique.
la personne qui est devant vous, dans la file, qui attend son tour.
l’aéroport après minuit
les grandes vitres où se reflète un homme assis.
ce qu’a fixé la mémoire sans aucune raison.

le jardin en juin qu’on a visité, l’échappée d’un vert acide
entre deux sureaux. la soif dont on prend conscience en entendant couler de l’eau.
la première fois où elle vous a parlé de sa maladie, le poing d’un bébé qui dort encore
à-demi ouvert.
la lumière orange dans la rue d’hiver familière, un dimanche soir, en fermant les volets.

ce qu’on n’a pas eu, ce qu’on a eu.
ce qu’on a juste en ce moment.

ce qu’on aime, c’est à dire exactement ce qui va disparaître, que la nuit éloigne - cette liberté des objets, des vivants, quand on ne peut plus les voir.

et tout ce qui va apparaître
dont on ne comprendra
que la facette qui nous regarde.

toi, maintenant
c’est à l’intérieur de moi que je peux saisir
quelque chose qui se mélange, un point de fusion
lave pourpre se déversant dans l’eau, plonge dans la mer nocturne et bouillonne...

que la nuit reste toujours présente, que le jour se lève, que le jardin se livre à sa fermentation lente, à ses propres lois, que je sois là pour l’endiguer.

que rien ne gêne ma vision.

nuit (2)

par julienb, lundi 12 octobre 2015, 17:42 (il y a 3126 jours) @ Claire

par exemple, celui-ci (le second texte), personne ne l'a commenté, alors qu'il est vraiment très beau (je le préfère largement au premier, même retouché).

"que rien ne gêne ma vision" : sublime

nuit (2)

par Claire, lundi 12 octobre 2015, 18:00 (il y a 3126 jours) @ julienb

merci julien,
moi aussi je préfère la seconde partie, mais la première sert d'ouverture. il y a des poèmes qui fonctionnent comme ça à l'écriture : une première partie statique, puis le vent commence à souffler et à l'emmener. ce sont vos remarques peu enthousiastes à denis et toi qui m'ont poussée à prolonger l'écriture, c'est bien.

nuit (2)

par Claire (pour écouter), samedi 17 octobre 2015, 23:47 (il y a 3121 jours) @ Claire

nuit (2)

par Ecrire, lundi 19 octobre 2015, 21:23 (il y a 3119 jours) @ Claire (pour écouter)

J'ai aimé ta lecture. Ta voix confidentielle contraignant l'auditeur à tendre l'oreille, à se pencher au plus près du texte, jusqu'à ce qu'il soit saisi. Et le lointain indifférent. Le contrepoint automobile. La rumeur amadouée.

nuit (2)

par Claire, lundi 19 octobre 2015, 21:53 (il y a 3119 jours) @ Ecrire

merci de ton écoute.
je n'ai jamais oublié non plus ta lecture d "Héroïne", de Jean Pierre Clémencon.
c'est ça l'avantage des longs trajets :)

nuit (2)

par dh, lundi 19 octobre 2015, 22:28 (il y a 3119 jours) @ Claire (pour écouter)

j'aime bien ta façon durassienne de lire.

par contre je n'aime pas le texte.

nuit (2)

par Claire, mardi 20 octobre 2015, 00:18 (il y a 3119 jours) @ dh

aie..
moi c'est la diction robotique de Marguerite Duras que je n'aime pas.
:)

je pense que je perçois ce que tu trouves où crois trouver dans ce texte et j'espère que tu te trompes.

nuit (2)

par julien, mardi 20 octobre 2015, 12:50 (il y a 3118 jours) @ Claire

Duras, en effet ; il y a un côté "sec" qui y fait penser, et qui t'échappe sans doute (je parle de ta voix, de ta diction, pas du texte).

nuit (2)

par zeio @, mardi 20 octobre 2015, 18:25 (il y a 3118 jours) @ julien

Moi je n'entends pas du tout duras mais fanny ardant ! Comme quoi...

nuit (2)

par Claire, mardi 20 octobre 2015, 18:40 (il y a 3118 jours) @ zeio

franchement je préfère....

je crois que ça a à voir avec la question de l'émotion : comment on la livre, comment on essaie de lui donner toute son intensité par le refus du débordement, du pathos. Du coup elle semble inaudible pour certains.
Mais c'est ce que j'entends depuis longtemps aussi par rapport à ce que j'écris.

nuit (2)

par julien, mardi 20 octobre 2015, 18:50 (il y a 3118 jours) @ Claire

moi, ça ne me gêne pas ce côté "sec", j'aime bien.

nuit (2)

par mariestein, mardi 20 octobre 2015, 21:10 (il y a 3118 jours) @ zeio

La lecture de Fanny Ardant est tonique et accentuée alors que celle de Claire est plus atone, neutre, murmurante
de toute façon une voix, c'est tellement nu et propre à chacun, on peut comparer des styles, des thèmes d'écriture mais pas les voix

celle de Duras, encore autre chose :

https://www.youtube.com/watch?v=IxvjJCOfxHA

nuit (2)

par Claire, mardi 20 octobre 2015, 21:34 (il y a 3118 jours) @ mariestein

Oui, et je retire le mot de robotique, ici il y a du sentiment.
Mais je sens quelque chose de préremptoire chez Duras qui me fait toujours renâcler. C'était un peu l'époque aussi qui voulait ça.

nuit (2)

par Claire, mardi 20 octobre 2015, 21:47 (il y a 3118 jours) @ zeio

Ce que j'aime dans cette voix, cette lecture, c'est l'interrogation qu'elle porte.

nuit (2)

par mariestein, jeudi 22 octobre 2015, 14:29 (il y a 3116 jours) @ zeio

Je trouve aussi la voix de Claire plus jeune, c'est drôle comme certaines voix mûrissent, d'autres pas.




Le texte de Lispector est très intéressant.
Il fait la part belle à ces femmes "réduites au silence" de leur plein gré, alimentant anonymement la vie, et c'est sûrement en effet une des plus belles preuves d'amour que de renoncer à certains aspects de la vie pour ne se consacrer qu'aux travaux domestiques et à ses enfants.
Ce qui pose problème, à beaucoup d'hommes du sérail littéraire, c'est qu'une femme puisse faire le ménage, préparer le repas familial et puis écrire. Comme si cette part de vie matérielle assumée rendait suspect son travail d'écrivain.
Comment pourrait-on faire de la littérature, s'élever au rang des pÔètes, avec la recette de la soupe aux poireaux ??!

C'est pourtant désormais ce qui me touche le plus dans les écrits des femmes que je lis. Cette possibilité d'associer le quotidien domestique, ses tâches considérées comme ingrates ou routinières, à la "noble et intellectuelle" Poésie.
Il faut lire des écrits épistolaires de femmes, ceux d'Amantine Aurore Lucile Dupin ;-) sont exemplaires, les articles que donnait Gabrielle Colette aux magazines féminins également.

Aloïse Corbaz ne déployait son ardent génie de coloriages qu'après de longues séances de repassage.

nuit (2)

par kelig, mercredi 21 octobre 2015, 10:36 (il y a 3117 jours) @ Claire (pour écouter)

j'aime bien.
je reste attaché au premier poème, si tu veux je le mets sur mon blog et j'en fais une lecture ?

nuit (2)

par Claire, mercredi 21 octobre 2015, 11:52 (il y a 3117 jours) @ kelig

oui, bien sûr, avec plaisir kelig !

nuit (2)

par kelig, mercredi 21 octobre 2015, 12:17 (il y a 3117 jours) @ Claire

si ça te va dis-moi, je peux refaire une autre lecture sinon. :)

http://aufildelavie.hautetfort.com/archive/2015/10/21/nuit-de-claire-5703643.html

nuit (2)

par Claire, jeudi 22 octobre 2015, 08:54 (il y a 3116 jours) @ kelig

non, c'est vraiment très bien, cette simplicité, cet appui sur l'enfance. C'est vraiment le poème et c'est vraiment toi aussi, merci beaucoup.