feu de joie

par 411, mardi 29 septembre 2015, 17:45 (il y a 3140 jours)

Bonjour. Longtemps que je n'étais pas venu. Je retranscris ici mon dernier texte de rap, qui n'a pas encore d'instru.
Je mets le texte tout nu car je crois enfin avoir pu réussir ce que je souhaitais: un texte à la croisée entre rap et poésie. Je vais le poser, bien sûr, mais j'hésite entre trois instrus. Je vais les mettre à la suite du texte, et j'aimerais bien avoir votre avis sur celle qui serait le mieux à même de soutenir le texte. J'ai essayé, elles ont toutes trois la bonne longueur, mais elles sont très différentes les unes des autres et je ne sais pas laquelle choisir. Peace.


FEU DE JOIE


tout m'interpelle tout s’interprète se tête avant
d'y planter les dents d'y ranger des enfants
dans nos cases vides et enfin d'en finir
d'un geste élégant

tu pestes et tu t'élèves le reste tue tes rêves
et la nuit et le jour ne sont rien
qu'des
ombres tutélaires

mais tu délires tu défiles tu t’exiles
t'ériges en king élu des pires désastres

tu pues l’éclat la pluie t'égare
le pus qui sort de ton regard me tord
les tripes et sous le fard
se cache un astre doux et fort

ou un salaud sourd et fou

tu n'es rien tu es tout
tue des chiens tue des loups
tu es plein tu n'as rien et tu t'en
fous

tu es saint et partout ton reflet te rend fou
rageux rare creux et rouge de colère

tu

c'est moi et je connais tes sources de poète
tes bouges peu honnêtes où tu allais alors
pour oublier l'aurore le jour qui se défait
l'amour qui se sait mort l'épreuve la belle idée

d'avoir conjugué l'imparfait
un passé compliqué
au présent du sur ta face

tu pues la farces
te rues dans l'tas comme on s'étonne de
tuer son papa

tu passes traces baisses
la tête longes les tess les tox les crs
tu sais la place que laisse l’ego blessé
lorsqu'il se sait surveillé

lorsqu'on le tire par l'oreiller
par le sommeil du condamné

c'est con la vie, hein?
c'est toujours par la perte qu'on
connaît ses richesses qu'on
se promet des ivresses telles qu'elles

changeront nos vies


viens voir la pluie de météores
la destruction de la terre
tu es né dehors semblable
et pourtant devenu corps

entier quittant ton
premier domicile
ta première pensée racine
est un rêve d'homicide

et te voici ici couché remuant faiblement
en position fœtale toi mon bel enfant
ma chair dormante mon tendre enfer

tu es mon bien depuis toujours
tu n'y peux rien je suis ta mère

et je te vois là au plus proche de la rime
tu es ce rythme imprévisible ce débordement sacré
cet atome indivisible

tu es la preuve que je suis là tout près
même si risible
mais toujours imprévisible

indécise et distraite
je suis la main qui te dissèque
je suis la voix qui te rassure

c'est moi ton dernier texte
tes premières ratures

tu viens de moi je vis pour toi
sache-le mais cache-le et garde ceux
qui te savent le mieux comme un pare-feu

et si ton art saigne
c'est que tes nerfs vieillissent
tu n'as plus cet air seul sacré
telle une nef d'église

tel un haut regard surplombant les beaux débats
naissant des gros dégâts
qu'annoncent les faux départs

le sort
de tout homme qui ne se respecte plus
ta plume est une secte de plus
dont tu es le gourou malhabile

et tu ne sortiras jamais plus
te ton souffle maladif
allez mon gars parle de toi
de la croix que tu portes de la voix qui te porte

tu ne sais faire que ça
jouer les humbles et simuler le génie
stimuler ta colère pour feindre le déni

tu pardonnes trop
ta voix sonne faux
et pourtant bientôt
tu sortiras de ton exil

tu seras libre et tu naîtras au son des villes
à l'odeur âcre du délire

et la foule t'emportera et tu seras malheureux
libre de perdre un peu de toi
à chacun de tes pas peureux

je suis ta mère et je t'en veux
ivre de voir que je te sers de feu de joie

tu es un homme de peu de foi






*





*


feu de joie

par kelig, mardi 29 septembre 2015, 18:12 (il y a 3140 jours) @ 411

salut,

n'étant pas amateur d'électro, à part Dominique A plus quelques autres parfois, pas évident de donner un avis, si j'ai à choisir ma préférence va pour la troisième.

oui, entre rap et poésie, pour moi c'est un slam, j'apprécie dans ton texte plusieurs passages qui me causent d'avantage que d'autres. l'ensemble est sombre (trop?), je trouve, mais fort.

feu de joie

par julienb, mardi 29 septembre 2015, 18:18 (il y a 3140 jours) @ 411

la première

feu de joie

par LECTRICE :)), mardi 29 septembre 2015, 23:12 (il y a 3139 jours) @ 411

Bonne chance 411 :)) :)) :))

3 avis 3 choix :))

ça m'a été très difficile de choisir de cette façon :))
C'est pas du tout évident !
En définitive et suite à plusieurs écoutes, je trouve que la 2 est celle qui s'adapte le mieux aux paroles

prends mon avis sous réserve 411 :))

feu de joie

par Claire, mercredi 30 septembre 2015, 10:56 (il y a 3139 jours) @ 411

Beau texte, à la fois violent et subtil. Quand on le lit, on se met à visualiser aussi la gestuelle particulière du rap, et c'est bien une des qualités de cet art de rassembler texte, musique, danse.

Moi aussi je trouve que la seconde musique irait mieux. Aussi parce que comme dans le texte il y a une voix féminine qu'on entend en arrière-plan.

feu de joie (yes)

par 411, mercredi 30 septembre 2015, 13:51 (il y a 3139 jours) @ Claire

Yep, alors si je résume c'est deux voix pour la 2 et une voix chacune pour la 1 et la 3.

En fait, sur la deux, paradoxalement, c'est celle où je rap le plus lentement, alors qu'elle est la plus rapide. Car en rap, plus ça va lentement, plus on va avoir tendance à rapper vite. Et rapper plus smooth m'intéresse, plutôt que de choisir le tricotage de mots super rapides.
Le choix n'est toujours pas fait, en tout cas, alors j'attends d'autres avis.

Merci, sinon, pour la critique du texte. Je ne pense pas que ça soit du slam, mais bien du rap. Vous allez voir, ça pulse.
Bref.
SIsi ma gueule.

feu de joie (yes)

par Claire, mercredi 30 septembre 2015, 23:06 (il y a 3138 jours) @ 411

Quand je parlais de la gestuelle du rap, je pensais à ces gestes des bras et des mains ritualisés qui ressemblent à une plongée ou une désignation, et puis à ces mouvements de redressement du corps, comme de gens qui combattent avec humour une situation d'humiliation et soutiennent une fierté. Dans ton texte par exemple ce mot de "king", plein d'auto dérision mais assez résolu quand même.
Les mots et la gestuelle, même sens, même combat.
.

feu de joie

par catr, vendredi 02 octobre 2015, 17:21 (il y a 3137 jours) @ 411

hello


je dirais.. des trois pièces misicales que la seconde est plus dans le commercial, et que tout dépend de ce que tu veux, toi, de ce que tu prends comme direction. le tube ?
personnellement j'hésite beaucoup entre la première et la troisième... mais la première est bien spacieuse, j'aime ça (tu te débrouilles bien !)

feu de joie

par julienb, vendredi 02 octobre 2015, 17:29 (il y a 3137 jours) @ catr

Tout dépend si tu veux une instru qui "aille avec", ou bien une instru qui crée une certaine distance, un certain rapport avec le texte, un décalage en lui-même fort ou poétique, signifiant. Dans la dernière optique, 1 et 3 sont les meilleurs choix.

feu de joie

par catr, vendredi 02 octobre 2015, 17:36 (il y a 3137 jours) @ julienb

oui, j'adhère et c'est mieux dit

feu de joie

par 411, vendredi 02 octobre 2015, 20:36 (il y a 3136 jours) @ catr

ENcore merci pour vos commentaires. Oui, Claire, le geste fait partie intégrante du rap, et, même involontairement, on bouge quand on pose son texte. C'est un réflexe.
En fait, j'envisage vraiment le rap comme une science, une décomposition du temps, des syllabes, de la rime (riche ou pas), du mouvement... Il y a une alchimie du verbe lié au corps, au souffle, qui moi me plaît beaucoup. Et qui inspire même ma production strictement poétique.
Quant aux instrus, j'en ai trouvé une quatrième assez badass, je pense choisir celle-là, plus jazzy, ça rebondit bien et ça finit pile-poil. Faut que je la travaille et je vous ferez partager le résultat final.

feu de joie

par catr, samedi 03 octobre 2015, 00:58 (il y a 3136 jours) @ 411

enjoy, 411 ! ;)