LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Louis @, jeudi 14 janvier 2016, 02:21 (il y a 3032 jours)

LORSQUE J'AVAIS DES PENSÉES, je les disposais autour du centre d'une pièce que mon attention circonscrivait, prêtes à renaitre comme un mouvement à l'eau en fait les rides, et ce que je savais refluait à mes gestes de manière concentrique; n'importe qui aurait pu commenter cet agencement, mettre ici ce qui couchait là, redisposer les membres d'une implication, déranger les arguments laissés sur la table; il fallait pourtant une personne pour témoigner de cet ordre qui filait entre mes doigts comme le souffle des histoires qu'on se raconte avant de dormir, une personne pour ignorer une raison invisible d'inexister, mais capable de la justifier à tout instant, comme s'il y avait eut une nécessité à sa présence, ici; une personne pour que les soleils tournent autour et tombent au hasard des jardins que les intentions ouvrent afin que les projets puissent y dormir.

il y avait ici... ET c'est fatal, je ne me souviens plus très bien.
d'abord, où était-ce ? ni dans ma pensée, ni dans ma mémoire, mais juste avant ; pas non plus dans ce que je voyais, mais juste après ; entre les deux, peut-être un passage, une main serrée, un principe ou un ordre, un baisé échappé, une main filée, une bouffée de cigarette qu'on avale ou rien de cela. je suppose que les choses que l'on sent peuvent connaître l'influence d'un principe qui les organise sans que l'on s'en aperçoive mais il suffit d'un rien pour que ces bouquets se dérobent à leur origine, pour que les pensées tombent par terre, pour qu'on s'ennuie à les fouler. il y a des choses qui m'étonneront à tout jamais.

le rapport à la mémoire, par exemple. rapidement il y a quelque chose de vain à ce que le hasard y met, n'y découvrant d'ordre que celui d'à mon égard un semblable rapport. mais drôle de rapport qu'un élément supplémentaire interroge à nouveau, et réordonne. c'est comme un crépuscule qui reviendrait sur ses pas à chaque fois qu'une poussière quelconque se déposerait sur l'épigée. c'est comme...

...pourtant la mémoire est un soleil qui ne se couche jamais au-dessus de ses propres occurrences. l'absence de pensée est aussi un indexical. lorsque j'avais des pensées, j'en goûtais le mésusage ou l'absence, ponctué de cigarettes. je sais toujours qu'on ne justifie pas mieux son temps:

CAR QUE L'ON PENSE OU QUE L'ON ÉCRIVE, LE CONTEXTE EST LE SOLEIL DES SYNTAGMES. IL SE LÈVE AUX PRÉDICATS, LES ATTACHE A SES VARIABLES COMME ON AGRAFE DES ROBES. l'aube est une opinion (le crépuscule une pudeur ou une politesse).

ainsi tout commence toujours n'importe où au milieu du langage... ça ne fait pas une phrase ni une pensée pourtant. cette lumière se distribue comme le dé fait des nombres. peut-être que si je résumais sous mes yeux ma mémoire à touffes éparses je réussirais à formuler quelque chose qui se tienne en deça d'une opinion comme en deçà des lèvres se tiennent les intentions des baisers. c'est qu'il fait beau dans l'impersonnel comme tout mieux que moi semble se refléter exactement aux miroirs (c'est une question d'angle d'incidence, rien de plus). toi, tu te lèves et ignores ce que tu vas faire, aucune direction générale n'a été donnée, ton absence d'hésitation qui en est la conséquence est ton miracle, mais tu ignores jusqu'au semblant des miracles ni ne fait de distinction entre les différents modes d'apparaitre : tes yeux ont un usage général, ils sont purs, ils ne mêlent d'aucune autre eau celle mobile des objets.

les objets portent sur eux leurs noms, qu'ils inscrivent sur leur fonction, je veux dire leur visage. cependant ces présentations se déroulent informulées, car ce que j'ignore d'un objet il le sait lui-même, et se tait en lui-même lorsqu'il se déplie suivant le ruban vague d'un bonjour comme un ciel s'étale en reprenant sa respiration, et sans doute

SANS DOUTE est-ce le discours des matins pris au hasard des yeux ou des calendrierS et un principe commun aux promenades, aux pensées, aux cafés, aux rues tournées lorsqu'on y verse la présomption des chemins à venir ou celle des doigts qui s'épuisent à parcourir un dos dénudé ou au discours celui du couteau des césures c'est à dire de celui qui témoigne dans ma voix des hésitations qui partout sont ces alexandrins cherchant leur chemin (PEUT-ÊTRE)


CE PRINCIPE, QUI EST CELUI DU HASARD


NE GÉNÈRE QUE DES PENSÉES QUE J'ACCROCHE AU PORTE-MANTEAU AVANT D'ENTRER AU DISCOURS DE LA PIÈCE POUR LES VOIR RENAÎTRE PARTOUT DANS TA CHAMBRE à la fréquentation d'un livre d'une table d'une commode d'un lit ou de ton dos de tes mains de ta gorge de ta nuque de ta peau (comme un livre qu'ouvre le vent n'importe où et tombe sur la phrase qu'il cherchait) de ta bouche de ta gorge et ce que je dis nait de ces choses éparpillées dans l'ignorance que tu les sèmes c'est partout le centre des boussoles ou un soleil rembobiné ma pensée est ta lecture et je trouve à tes lèvres ma ponctuation cependant que tous les mots tombent des livres lorsque pour dormir tu veux te déshabiller


CE PRINCIPE, QUI EST CELUI DU HASARD, RECOMMENCE N'IMPORTE OÙ AU MILIEU DE LA VIE



















mais tes mains sont douces comme les choses abolies

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par dh, jeudi 14 janvier 2016, 09:14 (il y a 3032 jours) @ Louis

c'est un texte comique ?

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par julien, jeudi 14 janvier 2016, 20:26 (il y a 3031 jours) @ Louis

A mon humble avis, tu devrais épurer. Je sais bien que tu es plutôt dans l'expansion, mais franchement, il y a ici de très très bonnes choses parfois noyées dans un magma de notions et dans des circonvolutions syntaxiques.

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Claire, vendredi 15 janvier 2016, 11:32 (il y a 3031 jours) @ julien

oui, j'admire dans les textes de Louis la façon qu'il a de traiter les pensées, concepts, exactement comme des objets matériels qu'il met en scène de façon poétique. J'aime bien les trucs un peu tarabiscotés et égarants qu'il y sème, ces doubles ou triples négations, le lien avec le sentiment amoureux, la fumée des cigarettes et le soleil....mais là, j'ai eu du mal. Quand le lecteur force trop son attention, c'est mauvais signe.

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par cloud, vendredi 15 janvier 2016, 13:32 (il y a 3031 jours) @ Louis

Je qualifierais l'auteur de linguiste romantique
et mon état au sortir de ce texte de las.

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par dh, vendredi 15 janvier 2016, 14:55 (il y a 3031 jours) @ cloud

oui il y a certaines phrases qui valent leur pesant de cacahouètes.

"...pourtant la mémoire est un soleil qui ne se couche jamais au-dessus de ses propres occurrences."

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Jambon l'illustre, mercredi 20 janvier 2016, 00:43 (il y a 3026 jours) @ Louis

J'ai rarement lu quelque chose d'aussi joli et d'aussi singulier. Tu devrais garder ces textes pour toi à mon avis

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par catr, mercredi 20 janvier 2016, 04:26 (il y a 3026 jours) @ Jambon l'illustre

oui, raffiné et rare (et exigeant la lenteur)

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Jambon l'exceptionnel, mercredi 20 janvier 2016, 23:21 (il y a 3025 jours) @ catr

Oui, de plus tes termes valent mieux que les miens (tu es plus précise)

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par kelig, mercredi 20 janvier 2016, 07:49 (il y a 3026 jours) @ Louis

Dslé mais je trouve ce texte pompeux.
A qui c'est adressé, une élite ?
Des fois on se dit qu'il faudrait avoir un qi de cent cinquante pour capter la poésie... Les autres ? La plupart quoi. On s'en fout.
Non, merci.

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Louis @, vendredi 22 janvier 2016, 10:33 (il y a 3024 jours) @ kelig

lorsqu'on écrit on se promène dans son langage, et à s'aventurer comme au hasard on peut tomber sur n'importe quels mots ou images dont il faut bien s'accommoder : en ce moment je me promène quelque part entre les sentimentaleries et mes souvenirs de concepts linguistiques. CEST AUDACIEUX, IL FAUT L'AVOUER. cependant soyons honnêtes, certaines choses ne veulent rien dire (d'autres si : j'insiste). mais je n'ai que QI 140. aussi merci pour vos commentaires

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par dh, vendredi 22 janvier 2016, 10:50 (il y a 3024 jours) @ Louis

de rien, monsieur le graphomane.

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Claire, vendredi 22 janvier 2016, 11:53 (il y a 3024 jours) @ Louis

mais il faut pas être gêné, Louis, 140 c'est très bien pour un début :))


et puis est-ce que l'intelligence fait le bonheur ? pas sûr du tout.
Par exemple je connais un 160, chaque fois qu'il voit une jolie fille (une 100-110 par exemple), il ne peut pas s'empêcher de lui faire pétarader son 160 sous le nez. La fille, bien sûr elle peut pas suivre alors elle se vexe légèrement, elle détourne la tête et juste à ce moment-là elle voit sortir du pédiluve un 90-100, son voisin du dessous, celui qui passe ses journées à la salle de sport où mon 160 s'ennuie au bout de 10 minutes.
Elle imagine tout de suite les jeux amusants auxquels elle va pouvoir jouer avec lui, du genre il la soulève dans ses bras et la jette dans l'eau pendant qu'elle rit...elle sent bien qu'elle pourra lui dire tendrement "gros bêta" de temps en temps, plutôt que de jouer au scrabble avec 160.
Et c'est fini pour lui, pédiluve dans l'autre sens, vestiaires, soirée morose en tête à tête avec Spinoza, qui pourtant devant en avoir un paquet aussi, mais à l'époque on ne mesurait pas .

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Louis @, vendredi 22 janvier 2016, 12:50 (il y a 3024 jours) @ Claire

ça laisse songeur.

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Claire, vendredi 22 janvier 2016, 12:54 (il y a 3024 jours) @ Louis

oui, surtout le "pour un début", je trouve. après l'avoir écrit je me suis mise à réfléchir.

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Louis @, vendredi 22 janvier 2016, 13:06 (il y a 3024 jours) @ Claire

je me mets illico à la musculation mentale

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Louis @, vendredi 22 janvier 2016, 13:09 (il y a 3024 jours) @ Louis

on admirera les biceps bandés de mes métaphores dans mes prochaines productions

toujours plus haut...

par Claire, vendredi 22 janvier 2016, 13:47 (il y a 3024 jours) @ Louis

pas trop, surtout !

en fait j'ai triché dans ma petite histoire, un sondage sur un échantillon féminin représentatif a montré que le sport le moins admiré par les femmes est la musculation, le plus admiré l'escalade : les longs archanges efflanqués aux tendons d'acier, qui mangent bio.

LE HASARD ET LA NECESSITE (J. MONOD)

par Jambon, samedi 23 janvier 2016, 19:24 (il y a 3022 jours) @ Louis

Il y a des phrases qui ne veulent rien dire, il y a d'autres défauts comme le côté égocentré ou des artifices d'intellectuels. On peut s'arrêter à ces défauts, ce qui est concevable, on peut aussi les négliger totalement compte tenu de la rareté, du raffinement et de la singularité de l'écriture que j'ai cru lire et qui serait plutôt ma position. Pour suivre cette position, il faut ne pas se sentir humilié par le talent d'un autre auteur, ce qui est une erreur ni lui vouloir du mal en conséquence qui en est une seconde ; autrement il est fatal que les auteurs de mauvais goût n'écrivent jamais rien