un cauchemar (âmes sensibles, s'abstenir)

La vérité sur les extra-terrestres, c’est qu’il y a une civilisation qui domine « notre » galaxie ; ce sont des sortes de poulpes. Ils ont quelques millions d’années d’avance sur nous. Leur intelligence est très supérieure, très différente de la nôtre : avec huit membres-mains, ils ont pu développer des raisonnements dont nous n’aurons jamais idée, résoudre des problèmes dont nous ne connaissons même pas les prémisses, développer le voyage intersidéral, coloniser la galaxie, s’adapter à des milieux naturels divers. Fermez les yeux et imaginez que vos mains font la longueur de vos bras, plus même, que votre paume s’étend tout du long, idem pour les pieds ; puis imaginez le double de tout ça. Vous n’y arrivez pas, et c’est normal. Cela dépasse votre entendement. Aristote dit que l’homme diffère de l’animal par la main, l’instrument des instruments, qu’il a des mains parce qu’il est le plus intelligent. Alors huit au lieu de deux, ça donne une idée de ce qui nous différencie d’eux. Bref, on ne sera jamais à leur niveau. Ces extra-terrestres nous ont semés là, sur cette planète, il y a bien longtemps. Ce sont en ce sens nos créateurs (Raël dit vrai sur ce point). Mais il n’y aura pas de grande rencontre pacifique entre civilisations un jour prochain. Ils se fichent de cela. Ils se fichent pas mal de nos civilisations qu’ils trouvent minables et puériles, qui existent déjà en milliers d’exemplaires de par l’univers, qu’ils ont eu tout le loisir d’étudier avant même qu’on existe, qu’ils connaissent par cœur. Non, on est prévu pour quelque chose d’autre, qui leur est utile. S’ils nous ont semés, nous, les hommes de Cro-magnon, comme ils l’ont fait ailleurs sur des milliers d’autres planètes ; si, avant cela, ils nous ont conçus génétiquement (oui, sûr qu’on est des OGM), ça n’est pas pour une expérience scientifique. Les sciences de l’univers et du vivant, il y a longtemps qu’ils les ont circonscrites. S’ils ont dézingué les dinosaures à coup de méga-bombes nucléaires pour nous laisser la place, s’ils ont implanté notre lignée d’hominidés, eh bien, c’est simplement en vue de se préparer un garde-manger. Ils en ont déjà des milliers, dans la galaxie, des frigos dans notre genre, qu’ils se sont constitués au cours des derniers millions d’années. Parce qu’il leur faut des protéines, pour leur population de trillions d’octopodes carnivores. Pourquoi nous, pourquoi une espèce relativement intelligente, alors qu’il existe des tas d’autres sacs à viande ? Eh bien, déjà, ils ont le droit d’avoir leurs préférences ; moi, je ne mange pas de limaces ni d’araignées, par exemple. Ensuite, des steaks intelligents, ça permet à terme de disposer d’un frigo autonome, autogéré, qui se ravitaille et fonctionne tout seul, et qu’il n’y a plus qu’à prélever le moment venu. Parce qu’il faut du personnel pour organiser la reproduction, l’élevage, l’abattage, la découpe, le conditionnement et la conservation. Il faut des usines perfectionnées, des camps organisés, des abattoirs modernes. Il faut atteindre un certain degré de productivité. Et le plus simple dans ces cas-là, c’est de recruter sur place. En ce sens, les camps d’extermination nazis étaient un entraînement, une répétition. La solution finale n’était que le commencement du processus. Peuple élu, oui, il y en a un : ceux qui seront les kapos de l’humanité. On ne sait pas encore qui, mais on peut avoir des idées. Je parle des camps d’extermination du Troisième Reich, mais le goulag de Staline ou les camps de détention khmers, c’est la même chose, la même répétition. L’histoire du vingtième siècle est jalonnée de tests en vue de la réalisation du grand dessein de nos créateurs. Quand la population mondiale aura passé un certain seuil, quand la mentalité moyenne aura atteint un certain degré d’ignominie (c’est imminent, puisqu’ils savent que c’est possible depuis 1942 ; encore quelques décennies tout au plus), on sera engraissés, parqués, abattus, débités, conditionnés, conservés, prélevés et consommés. Une petite fraction d’élus, peut-être 1 ou 2 % des nôtres, fera fonctionner le système, s’assurera du rendement, surveillera les cages. Il existe des milliers de planètes comme la nôtre, déjà organisées en gigantesques élevages industriels, et ça marche très bien. Une sorte de fin de l’Histoire, d’état stable de l’humanité. Mais le mieux, c’est encore quand la cage est invisible. Il y aura une religion, un courant de pensée, un truc qui fera passer la pilule. Un Big Brother bien intentionné (Google, Microsoft, Facebook, le code barre de la carte de fidélité Carrefour ou quelque chose dans le genre) nous surveillera et nous parquera à notre insu. Tout peut être dématérialisé, même les camps de concentration. On croira avoir la belle vie : boîte de nuit tous les soirs, travail limité, sexe à gogo, bonne bouffe, que sais-je encore ; puis abattage vers quarante ans, le temps de prendre un peu de gras. Finalement, ça n’est pas si mal ; cela permettra d’éviter les affres de la décrépitude. Une vie de plaisir pour tous. Une mort utile à des êtres qui nous sont en tous points supérieurs. Une utopie socialiste enfin tenable, réalisable, réussie. Ils nous ont donné la vie, ils peuvent bien la reprendre, après tout. A-t-on fait mieux avec les espèces inférieures ? Nous aussi on a trafiqué leur ADN à notre convenance en vue de se nourrir : bœufs plus gros, céréales plus résistantes... Non, franchement, ça n’est pas pire que ce qu’on aurait fait tout seuls, comme avenir. Je suis certain que tout se passera bien.