appuis

par Claire @, vendredi 03 octobre 2014, 14:18 (il y a 3494 jours)

c’est étonnant le pouvoir parfois des mots. ce pouvoir-là ne parle pas à l'esprit.

certains mots (écrits) forment deux phrases brèves
et les lire donne comme un mouvement en arrière - le saisissement
quelque chose de tiède coule dedans alors, se réchauffe…
on est obligé de rester appuyé un moment sur le dossier pour que le message coule
peut-être contre la paroi interne du thorax
en arrière du cœur ou dans la cheminée haute imaginaire du médiastin…
le pouvoir de ces mots-là, c’est la voix interne.
et ce n’est pas soi c’est la voix de l’autre qui est entré c’est entré dedans…
par l’amande frangée de cils, des deux yeux…
en les lisant on a senti la couleur des yeux
qui envahissait tout l’ovale du blanc.
et la belle forme obscure de cette frange de cils, elle a fait comme une fourrure.
bordant l’entrée des mots de l’autre…

on reste comme appuyé à toutes les surfaces verticales en arrière
ou bien on est soudain vraiment assis
les mots de l’autre par leur force obligent à se trouver assis...
comme si on était un manège
qui a besoin d’un socle bien stable pour tourner, tourner et révéler tout alentour.
mais aucun vertige, bien au contraire, ces mots vous ont rendu stable.
alors on peut tourner sans fin, et tout voir…
et une lumière qui contient les couleurs coule, toutes les couleurs vues
en tant que nouveau-né.
voici l’effet parfait que font les mots de l’autre
quand ils sont exactement tels qu’ils devaient être.

appuis

par dh, vendredi 03 octobre 2014, 17:06 (il y a 3494 jours) @ Claire

on connaissait déjà la psychanalyse de comptoir, maintenant il y a aussi la phénoménologie de comptoir.

appuis

par Claire @, vendredi 03 octobre 2014, 17:30 (il y a 3494 jours) @ dh

ah c'est bien possible, je ne connais pas du tout la phénoménologie.

appuis

par dh, vendredi 03 octobre 2014, 17:32 (il y a 3494 jours) @ Claire

bah, tu ne perds pas grand chose.

appuis

par Claire @, vendredi 03 octobre 2014, 18:07 (il y a 3494 jours) @ dh

c'est un peu exploratoire, alors c'est peut-être tout à fait inintéressant. à ce stade-là, je suis parfaitement incapable de m'en rendre compte.

appuis

par .. & réglisse, samedi 04 octobre 2014, 17:24 (il y a 3493 jours) @ Claire

je ne vois pas pourquoi ce serait "tout à fait innintéressant" (sauf pour Denis..)

ce texte m'apparaît comme un débriquement de mur, il retire un certain revêtement (l'isolant aussi)
il importe (amène à l'intérieur) et je retrouve des choses que je "connais" dedans, mais je ne les ai jamais lues

je ne m'arrête pas à la forme ou à certaines formules un peu forcées puisque si exploratoire donc en processus
mais il y a un aller vers, une avancée, une percée (donc un mouvement in/hors synonyme et symbole de vital, pour moi)

appuis

par .. & réglisse, samedi 04 octobre 2014, 17:47 (il y a 3493 jours) @ .. & réglisse

pour les deux vers de chute : tu parles du parfait - de ce qui est imperfectible
imperfectible puisque déjà dans la plus juste adéquation,
sous entendant à la fois enthousiasme, étonnement, et libération.


je pense que la difficulté, précisément dans cette chute-ci, vient du fait que ce ne peut être "entendu" (d'entendement)
que dans la mesure où le contenu du texte aura été reçu/vécu/expérimenté (je parle de réalité impliquante) déjà
parce qu'il contient/porte son propre ésotérisme (au sens grec — savoir partageable qu'avec certains choisis).
c'est une intériorité doublée... ça, ce que ça comporte et représente, c'est vraiment superbe et surprenant (à mon sens) ..

et j'en ai assez dit.. ;)

appuis

par Claire @, dimanche 05 octobre 2014, 18:29 (il y a 3492 jours) @ .. & réglisse

ce qui est compliqué (et même un peu pire) par rapport à ce texte, c'est que ce que tu dis ici est complètement juste, mais ce qu'en dit mce sur le forum bleu aussi...une impression de diplopie.

appuis

par cat,'trine, dimanche 05 octobre 2014, 19:04 (il y a 3492 jours) @ Claire

oui. c'est qu'il y a ce que tu tentes de cerner/formuler dans le reçu/senti
et il y a ce que les mots du textes produisent et transmettent..

mce fait très bien ce qu'elle fait (critique argumentée),
mais pour moi c'est comme si elle parle en russe (syntaxe inversée)
je vous y laisse..

(d'ailleurs, dans sa roulette - russe - c'est toujours l'autre qui se prend la balle)

appuis

par Claire @, dimanche 05 octobre 2014, 22:10 (il y a 3492 jours) @ cat,'trine

Oui, je tiens compte aussi de ce dernier élément :)

appuis

par cat', mercredi 08 octobre 2014, 04:38 (il y a 3490 jours) @ Claire

mais en même temps que j'entends pourquoi, je ne suis pas du tout d'accord avec son point de vue, qui m'apparaît facile voire convenu, point de vue de surface donc qui n'entre pas dans la matière réelle de ce que tente d'identifier-nommer le texte, tente de saisir dans une langue qui se cherche et tâtonne entre différentes formes — tout à fait en cohérence avec le senti glissant et mouvant (comme le réel glisse de seconde en seconde et est mouvant) — alors que la langue écrite et la pensée fixe ou fige ce "soudain senti réel".

je sens/perçois que dans ce texte ce qui est la véritable matière est à la fois 1) le mouvement de "pénétration" (en l'occurrence des mots reçus/lus), 2) le mouvement in de percutance (le choc), et 3) le mouvement dans la sensation produite ensuite, par a) entendement intellectuel, b) corporel, et c) sensitif... (et là on est déjà à 6 degrés...et je me retiens) le texte trace deux fois trois angles de perception... deux triangles, masculin/féminin... avais-tu réalisé que le symbole que dessine ton texte est l'étoile de Salomon ?

appuis

par Claire @, mercredi 08 octobre 2014, 10:44 (il y a 3489 jours) @ cat'

Je suis contente que tu reviennes sur ce texte, parce que quand je parlais de diplopie, de double perception qui se superposent, c'était vraiment ça. J'étais perdue.

En fait, mce y perçoit une hystérie : Anaïs Nin se décrit se regardant dans son miroir en train de faire l'amour, l'autre n'étant plus alors qu'un pantin, un faire-valoir), quelque chose donc de tout à fait narcissique et onaniste...
mais en fait je crois que c'est justement le contraire que j'essayais de dire : dans cette immense difficulté de la communication, un moment où ce que dit l'autre vient vous sortir de l'imaginaire des belles ou des horribles histoires (l'autre m'aime/l'autre ne m'aime pas) qu'on se raconte dans le miroir. Moment où ce qu'il dit diffère de ce qu'on pensait, mais vous semble complètement vrai. Alors on ressent profondément qu'on n'est pas seul.
Du coup, c'est comme si cette certitude de ne pas être seul venait confirmer de l'intérieur l'existence de votre propre corps...vous faire vraiment exister.
Le masculin/féminin que tu soulignes, c'est aussi un des grands modèles de l'altérité.

Ce qui m'a aidée à comprendre ça, c'est quelqu'un qui m'a envoyé le film de Bergman "Persona", qui raconte le contraire : comment le silence de l'autre peut faire miroir et conduire à la folie, à travers les projections et l'empathie qui tourne à vide. Je l'ai regardé hier soir.

puisqu'on est entre latinistes:) je crois que "persona" signifie "masque" en latin :)

Peux-tu développer ce que tu voulais amener avec l'étoile de Salomon ?

"Persona" d'Ingmar Bergman

par Claire @, mercredi 08 octobre 2014, 10:47 (il y a 3489 jours) @ Claire

appuis

par Claire @, mercredi 08 octobre 2014, 11:14 (il y a 3489 jours) @ Claire

confirmer de l'intérieur = être le contraire d'un masque,

être et paraître en même temps puisque face à l'autre les deux sont liés et nécessaires.

appuis

par cat', mercredi 08 octobre 2014, 19:06 (il y a 3489 jours) @ Claire

oui, c'est exact

appuis

par cat', jeudi 09 octobre 2014, 15:45 (il y a 3488 jours) @ Claire

1) le texte parle en trois temps ou aspects de ce qui est reçu, de ce qui "entre"
[image]

2) le texte parle en trois temps ou aspects de ce qui en est produit ou de ce que ça génère
[image]

3) et la chute du texte exprime le "parfait" ou l'adéquation exacte
[image]


donc le texte relate ou exprime un point de rencontre "parfaite" et de complétude exacte.
[image]





le symbole du sceau de Salomon est une phrase ... et je lis cette phrase-là en lisant ton texte...
mais presque tous les textes contiennent des formes géométriques et comme je pense en image les formes ou symboles m'apparaissent (c'est une chance que je ne sois pas mathématicienne...je vous transformerais tout ça en équations loll)

p.s.

par cat', jeudi 09 octobre 2014, 15:53 (il y a 3488 jours) @ cat'

et je suis consciente que c'est probablement "parfaitement" ridicule tout ça
enfin... pour toi, ou pour les autre, ça doit vous paraître un peu con...

p.s.

par Claire @, jeudi 09 octobre 2014, 21:57 (il y a 3488 jours) @ cat'

oh non, c'est limpide, essentiel, une ligne de fond pour la plupart des choses que j'ai tenté de faire dans ma vie.

p.s.

par cat', jeudi 09 octobre 2014, 23:51 (il y a 3488 jours) @ Claire

j'ai fais enlever les deux messages chargés, mais je te les envoie via e-mail

p.s.

par dh, vendredi 10 octobre 2014, 16:57 (il y a 3487 jours) @ cat'

dommage, j'aurais voulu voir ça.

p.s.

par cat', vendredi 10 octobre 2014, 19:29 (il y a 3487 jours) @ dh

ha, je sais pas Denis, quand j'enlève un truc c'est parce que je veux pas influencer et aussi parce qu'il faudrait prendre le temps "d'entrer dedans", de pénétrer, forer, excaver... et le roulement du forum rend ça plutôt difficile. voilà pourquoi j'ai laissé ci-haut la forme la plus synthétique.. ensuite si on est un peu curieux on peut chercher par soi-même à partir des formes géométriques leur symbole et ...atteindre du sens..

d'autre part, je ne suis pas convaincue que ça te corresponde (remarque, peut-être bien que je me trompe, mais..)

appuis

par VeM, vendredi 03 octobre 2014, 19:29 (il y a 3494 jours) @ Claire

C'est une troublante évocation de la lecture
pas perçue comme fascination mais pénétration de la voix interne de l'autre,
un fluide chaud, un alcool aux effets visionnaires


( et c'est drôle je viens justement de lire quelques pages de l'autobiographie de Julien Green dans lesquelles il raconte comment enfant il s'abreuvait de lecture comme un ivrogne de son cognac )

appuis

par Claire @, samedi 04 octobre 2014, 11:03 (il y a 3493 jours) @ VeM

Oui, boire...c'est très sexuel aussi, ces images, ce qui est dit des yeux, etc..(à la relcture bien sûr, ce n'était pas conscient en l'écrivant). J'ai écrit des trucs sur le forum bleu, à ce sujet, je ne vais pas radoter, va voir :)

appuis

par zeio, samedi 04 octobre 2014, 02:55 (il y a 3494 jours) @ Claire

Je crois que c’est la première fois que je lis un texte de toi sur le langage Claire
de cette façon en tout cas
Je ne suis pas fan des points de suspension
Le texte est peut-être trop descriptif/anatomique
Il contient une certaine naïveté touchante mais peut-être légèrement exagérée venant de toi
il donne un peu l’impression d’être surfait, forcé et quelque part anecdotique
mais sinon j’aime bien le thème et il est élégant (comme toujours)
il n’est peut-être pas allé assez loin je n’ai en tout cas pas vraiment ressenti
la sensation provoquée par ces deux mots, seulement le « compte-rendu »
un peu comme le compte-rendu d’une musique ne provoquera jamais l’émotion de celle-ci

appuis (une lettre)

par Claire @, mardi 14 octobre 2014, 18:44 (il y a 3483 jours) @ Claire

des mots (écrits) forment deux phrases brèves
et elles vous donnent une petite poussée en arrière.
quelque chose coule, se réchauffe,
contre la paroi intérieure du thorax
et dans la haute cheminée imaginaire du médiastin
à l’arrière du coeur.
le pouvoir de ces mots, c’est la voix interne
(ce n’est pas soi)
c’est la voix de l’autre qui est entrée - entrée dedans.

par l’amande frangée de cils, des yeux
en les lisant on a senti la couleur
envahir presque tout l’ovale du blanc
et la belle forme obscure de cette frange, comme une lisière
borde et protège
l’entrée des mots.

on est appuyé
à toutes les surfaces verticales
alentour et vraiment assis
par les mots par leur sens.

comme un manège
a besoin d’un socle bien stable pour tourner
tourner et révéler tout alentour

mais aucun vertige, ces mots vous ont rendu stable
et on peut ainsi tourner sans fin, et tout voir…
une lumière qui contient les couleurs coule, toutes les couleurs vues
en tant que nouveau-né.

c’est l’effet que font les mots de l’autre
disant quelque chose d’inconnu
quand ils ont été écrits puis lus
et qu’on les sent
exactement tels qu’ils devaient être.