mémoire sans événements
I
et le soleil
et sa lourdeur
- démence des vents et des migraines -
et le soleil
de plomb
gris claque
sur le bitume
et le tonnerre
la nuit venue
- démence des vents et des migraines -
et le tonnerre
de pluie bleuâtre
déjà s'endort
déçu
II
ici, dit-on, les bruits du jour font mue - frissons
ici les villes vivent de mélancolie
ses êtres glissent vers l'été, ça sent déjà l'automne
ici le printemps tambourine aux portes
"je vous ai tant aimé"
dit-on
d'une haleine de muguet oublié...
ici, toutes les mélodies semblent destinées à échouer
près de vous, sans vous avoir consolé
III
je me suis vu tomber peu à peu
dans une telle surdité de l'âme ...
senti sourire assidument à tout à rien (comme je suis poli)
vivre la vie d'un autre (on dirait moi)
mais rien: cette vie bavarde, ne grince
qu'un peu
malpolie, comme toutes les portes - la nuit.
IV
tu as tout déformé: l'amour
par naïveté extrême
tout désenflé: la beauté
par obsession morbide
mais les rêves ont dansé en cette nuit, les rêves enluminés
comme aux rues d'une ville bien entretenue par la gentille mairie parce que celle-ci a l'esprit christique de Noël
tout cela est bien beau
pour un printemps
où les neiges par tornades sur la scène des mers
ont fait leurs premiers pas
V
écoute: ça commence
dit-on
l'odeur des doutes dans le jardin du Vieux Lille
et la première certitude: cueillir
regarde: une fille passe
aux grands yeux - ailleurs mais d'une clarté ! - qui jettent la rue hors d'elle-même
une telle surdité de l'âme...
souviens-t'en: une femme est passée
juste à côté du jour...
et le soleil
et sa lourdeur
- démence des vents et des migraines -
et le soleil
de plomb
gris claque
sur le bitume
et le tonnerre
la nuit venue
- démence des vents et des migraines -
et le tonnerre
de pluie bleuâtre
déjà s'endort
déçu
II
ici, dit-on, les bruits du jour font mue - frissons
ici les villes vivent de mélancolie
ses êtres glissent vers l'été, ça sent déjà l'automne
ici le printemps tambourine aux portes
"je vous ai tant aimé"
dit-on
d'une haleine de muguet oublié...
ici, toutes les mélodies semblent destinées à échouer
près de vous, sans vous avoir consolé
III
je me suis vu tomber peu à peu
dans une telle surdité de l'âme ...
senti sourire assidument à tout à rien (comme je suis poli)
vivre la vie d'un autre (on dirait moi)
mais rien: cette vie bavarde, ne grince
qu'un peu
malpolie, comme toutes les portes - la nuit.
IV
tu as tout déformé: l'amour
par naïveté extrême
tout désenflé: la beauté
par obsession morbide
mais les rêves ont dansé en cette nuit, les rêves enluminés
comme aux rues d'une ville bien entretenue par la gentille mairie parce que celle-ci a l'esprit christique de Noël
tout cela est bien beau
pour un printemps
où les neiges par tornades sur la scène des mers
ont fait leurs premiers pas
V
écoute: ça commence
dit-on
l'odeur des doutes dans le jardin du Vieux Lille
et la première certitude: cueillir
regarde: une fille passe
aux grands yeux - ailleurs mais d'une clarté ! - qui jettent la rue hors d'elle-même
une telle surdité de l'âme...
souviens-t'en: une femme est passée
juste à côté du jour...
mémoire sans événements
VI
Jour après jour,
ma présence
cellulairement s'est divisée
l'heureuse unité a chu
comme d'une enfance si haute
dans un songe de pluie
je vous salue, converse avec toute la bienveillance
toute la gaieté lente, appliquée, sincère
toute la générosité que mes forces de surface
me permettent d'émaner
j'éprouve vos intentions comme des courants d'air tièdes
des plénitudes
qui me bercent en des régions que nul ne soupçonne
tout cela, pourtant, en moi éclos sous vide
un vide assourdissant...
ce qui de vous est pleine lumière
par moi
est crépusculairement inspiré
le présent est la beauté triste d'un souvenir
déjà happé par le rêve d'une autre vie
Jour après jour,
ma présence
cellulairement s'est divisée
a-t-on percé dès ma naissance
le germe de l'esprit
pour y laisser croître et s'épandre
une tâche d'ivresse blanche ?
a-t-on laissé à bout de doigts
un tact au vent tel
que le moindre frisson rappelle
une vague mélancolie ?
je sais juste que la fragile unité a chu
et chute encore
à des degrés inexpliqués
profonds et diffus
c'est un deuil porté très haut
un deuil de quoi ? j'ai oublié
- parmi le tendre bercement
de la vie et des amitiés... -
j'ai oublié...
Jour après jour,
ma présence
cellulairement s'est divisée
l'heureuse unité a chu
comme d'une enfance si haute
dans un songe de pluie
je vous salue, converse avec toute la bienveillance
toute la gaieté lente, appliquée, sincère
toute la générosité que mes forces de surface
me permettent d'émaner
j'éprouve vos intentions comme des courants d'air tièdes
des plénitudes
qui me bercent en des régions que nul ne soupçonne
tout cela, pourtant, en moi éclos sous vide
un vide assourdissant...
ce qui de vous est pleine lumière
par moi
est crépusculairement inspiré
le présent est la beauté triste d'un souvenir
déjà happé par le rêve d'une autre vie
Jour après jour,
ma présence
cellulairement s'est divisée
a-t-on percé dès ma naissance
le germe de l'esprit
pour y laisser croître et s'épandre
une tâche d'ivresse blanche ?
a-t-on laissé à bout de doigts
un tact au vent tel
que le moindre frisson rappelle
une vague mélancolie ?
je sais juste que la fragile unité a chu
et chute encore
à des degrés inexpliqués
profonds et diffus
c'est un deuil porté très haut
un deuil de quoi ? j'ai oublié
- parmi le tendre bercement
de la vie et des amitiés... -
j'ai oublié...
mémoire sans événements
Une suite à la beauté sombre que l'on parcoure la gorge serrée, avec l'impression de tenir la main du poète.
mémoire sans événements
oui, je le pense aussi
mémoire sans événements
:)