Recherche sans objet

par zeio, jeudi 23 octobre 2014, 02:03 (il y a 3471 jours)

Tandis que mon corps se désagrège avec lenteur, que les jours
semblent, eux, s’accélérer, je suis encore dans un rêve étrange
que je n’ai jamais quitté. Je mène une seconde vie qui m’est
étrangère.

Dès lors, impuissant, je ne puis qu’écouter. Qu’écrire, lorsque
ça n’est plus moi qui pense. J’écoute et, vaguement, j’écris sur
le papier des pensées qui me sont étrangères, sitôt déposées.

J’attends, qu’un autre naisse en moi. Devant une grille, sur le
pas d’une porte, aux pieds d’une femme qui n’a jamais été. Un
voyageur en moi dont je ne connais pas le nom, rapporte des
provisions d’un pays lointain.

J’ai peur de ma fin. Cependant cette peur m’alourdi et ne semble
pas venir de moi. À mon état naturel, qui est un flottement, je
n’ai pas peur de ma fin, je me porte, confusément, dans un
espace intérieur.

Être ce que je suis est une tâche impossible. Je ne suis pas.
Une brume, peut-être, qui transite d’une ornière à une autre,
silencieusement. Je suis égaré. Je n’ai pas, comme d’autres, la
faculté d’oubli des métamorphoses qui entretiendrait l’illusion
que j’ai toujours été moi. Je suis mélancolie. Je ne le suis
plus, car je m’évade.

La nuit. Une sonate au piano. Le bourdonnement d’un moteur au
loin. Les pas d’un voisin occupé, qui résonnent dans ma chambre.
Les cris de quelques fêtards dans la rue. Tout cela m’est
familier, mais semble relever d’une autre existence. J’écoute,
la vie, qui veut entrer en moi, la vie quotidienne à laquelle je
n’ai jamais bien su appartenir.

Il n’y a guère que l’immobilité qui me rassure, la répétition
monotone des événements. Je pourrais revivre le même jour à
l’infini, et m’y endormir, m’y intoxiquer, m’engouffrer dans les
automatismes, pour ne plus jamais avoir affaire à ces renouveaux
non désirés.

Je porte en moi la mémoire d’évènements qui n’ont jamais eu
lieu. Je les retrace, les transcris, je les revis jusqu’à
satiété, comme on revivrait perpétuellement un rêve choisi. La
réalité glisse sur moi, et me parasite. Je n’ai pas tant besoin
d’elle autrement que pour respirer et subsister. Pourtant, c’est
elle qui me blesse le plus. C’est elle, ma servitude translucide.

Je suis arrivé au point précis où ma vie devait se trouver, à
cet instant. Il n’est pas la peine de pleurer. La mémoire est
mienne désormais.

Recherche sans objet

par Florian, jeudi 23 octobre 2014, 12:44 (il y a 3470 jours) @ zeio

Tu parles de la réalité comme l'ont traduit les Romains d'après les Grecs, or il s'agit là d'une grande méprise historique, qui a décidé de toute notre manière de penser depuis. Selon les Grecs, la réalité précède le possible, c'est à dire qu'elle est cachée, plus encore, incompréhensible, intraduisible, presque inexistante. Or les Romains ont traduit, par une erreur d'interprétation due au langage : le possible précède la réalité ! Ce qui fait que la réalité serait ce que nous voyons, ce que nous vivons, ce à quoi nous sommes assujettis, or selon les grecs cela n'a jamais été le cas.

Recherche sans objet

par dh, jeudi 23 octobre 2014, 13:13 (il y a 3470 jours) @ Florian

il faudrait savoir de quel grec on parle.

ce n'est pas la même chose si c'est épicure, platon, héraclite, parménide, sophocle, euripide ...

Recherche sans objet

par dh, jeudi 23 octobre 2014, 13:15 (il y a 3470 jours) @ dh

et mec, n'oublie pas qu'on se voit à 18h à la fac de pharma.

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par Florian, jeudi 23 octobre 2014, 14:16 (il y a 3470 jours) @ dh

aristote, dans la physique.

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par dh, jeudi 23 octobre 2014, 14:57 (il y a 3470 jours) @ Florian

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par cat', jeudi 23 octobre 2014, 22:35 (il y a 3470 jours) @ Florian

..alors, si je comprends bien ce que tu dis, nous habitons un possible au sein duquel se cache une réalité, plutôt que d'habiter une réalité où se cachent des possibles ? ... Aristote, hm ?

Recherche sans objet

par zeio, jeudi 23 octobre 2014, 15:00 (il y a 3470 jours) @ Florian

Le sens de certains mots fluctue avec le temps (dans les langues vivantes, au contraire des langues mortes), est-ce ça revient à dire qu'il s'agit à chaque fois d'une méprise historique. Et ce qu'on met dans ce mot aujourd'hui ne compte pas nécessairement moins que ce qui y a été mis dans l'antiquité grecque (si ce que tu dis est vrai mais j'ai un doute, tu généralises un peu)

Recherche sans objet

par Florian, jeudi 23 octobre 2014, 17:08 (il y a 3470 jours) @ zeio

Je t'ai dit qu'il s'agit d'une erreur toute conne de transcription, qui a changé complètement le sens de ce qui a été dit. Pour le reste j'en sais rien. Mais moi quand j'ai lu ça, la phrase primitive, je me suis dit mais non c'est l'inverse, et ensuite j'ai lu la remarque qui expliquait cette inversion de sens qu'on fait quasiment tous aujourd'hui.

Ce n'est pas une évolution du sens, qui en général n'est qu'une atténuation du sens premier.

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par zeio, jeudi 23 octobre 2014, 21:25 (il y a 3470 jours) @ Florian

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par Claire @, lundi 27 octobre 2014, 09:08 (il y a 3466 jours) @ zeio

je crois que je l'aurais plutôt appelé : "recherche d'un objet" ;)

L'ensemble est plein de qualités, dans sa marche à tâtons, l'acceptation de ses propres limites. J'aime bien le flottement entre intériorité et extériorité, le sentiment que quelque chose échappe, et que c'est d'abord soi, soi-vivant..
Il me semble que tu insistes un peu trop, de façon un peu répétitive, sur l'imprécision, l'insaisissable. Au risque de perdre ton lecteur.


(qu'est-ce que j'aime les images que tu ne cesses d'apporter, en haut !)

Recherche sans objet

par zeio, lundi 27 octobre 2014, 15:30 (il y a 3466 jours) @ Claire

Je ne suis bon qu'à ça désormais, faire des images. J'écris mal, ou disons, ennuyeux, tiède, ce qui est pire. Depuis bien longtemps déjà. Simple constat...

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par cat @, lundi 27 octobre 2014, 17:02 (il y a 3466 jours) @ zeio

bla bla bla zeïo ;)
je ne marche pas dans ton auto-commentaire négatif





c'est trop facile, tous les auteurs ressentent que ce qu'ils écrivent est de la merdasse, ça va bien avec cette histoire de l'imposteur et l'autre histoire de la page blanche, bordel, n'importe quoi pour se tirer dans le pied. c'est fou ce qu'on peut être ingénieux pour s'empêcher de vivre et de faire, de faire le Faire du faire, écrire. si, au lieu de s'évertuer à se perdre comme ça, l'énergie était placée à écrire, faire et vivre, qu'est-ce ça donnerait !? et si l'auteur avait la force de fermer ces messages négatifs, d'en faire fi, de les oublier !? parce que, entre nous, là, c'est de la foutaise non? c'est des enfantillages, ça, non? dans le sens où ça participe de l'auto-castration, c'est de la foutaise. alors, attrape ces conneries qui flottent autour de ta tête, attrape-les et fous les par la fenêtre ! hop ! bon débarras !

psst perso j'ouvre la fenêtre régulièrement...

ha oui, autre chose encore... dis-toi bien qu'une personne qui écrit toujours pareil, les mêmes choses, dans des formes toujours similaires et sur des sujets semblables, n'écrit pas, non, elle n'écrit pas, elle tourne en rond, comme les chevaux des manèges...

Recherche sans objet

par Claire @, lundi 27 octobre 2014, 17:13 (il y a 3466 jours) @ zeio

non, ce n'est pas du tout ce que je dis. Tu as une écriture très particulière, troublante, hypnotique, que j'aime beaucoup, mais là il me semble que tu devrais élaguer quelques choses un peu convenues. J'ai l'impression aussi que l'énergie met un moment à circuler pleinement.

Recherche sans objet

par cat @, lundi 27 octobre 2014, 18:14 (il y a 3466 jours) @ zeio

je pense que c'est le niveau narratif qui interfère ici, zeïo, je pense que ça vient fermer les images qui voudraient respirer et avoir de l'espace.. si tu reculais un peu le [ je ] du texte, ce que tu tentes d'évoquer deviendrait vivant : on sent une hésitation entre le journal, le récit et une "volonté poétique". hors il est nécessaire de tasser la "volonté" pour embrasser le poétique. quant au style, le besoin est d'absolument marier ta voix à ta perception, et qu'ainsi la voix (écrivante/lue) devienne celle exacte et précise de la perception et non plus (que) la tienne.

est-ce nébuleux ?

Recherche sans objet

par zeio, lundi 27 octobre 2014, 23:25 (il y a 3466 jours) @ cat

Je sais bien catrine, mais marier la voix à la perception, je connais, l'ai vécu, mais n'y arrive plus, c'st beaucoup trop confus dans les méandres électriques de mon cerveau. Les sensations sont incroyablement nombreuses, les idées aussi. Pareils pour les hésitations, les embouts, les bouchons, les becs des flûtes. Je n'aime pas la poésie, l'interpelle pour lui donner des coups de poing. Elle s'est barrée. La poésie ne m'aime pas. Chacun dans son coin d'ombre.

Recherche sans objet

par cat @, mardi 28 octobre 2014, 02:21 (il y a 3466 jours) @ zeio

Je n'aime pas la poésie, l'interpelle pour lui donner des coups de poing. Elle s'est barrée. La poésie ne m'aime pas. Chacun dans son coin d'ombre



la poésie est libre comme l'eau libre. tu peux bien vouloir la retenir, faire des digues et des barrages, ou vouloir la garder dans ta main, elle fuit, et fuira. rien ne l'attache, jamais. la poésie est un chat noir qui passe dans la nuit et si tu n'y es pas, tu ne vois pas le chat. c'est la qualité d'attention et de présence qui rend la "vision" du chat possible.. ce qui peut poser problème est de vouloir être vu du chat ;)

...si l'eau est là pour l'eau, le chat est là pour le chat. mais toi, es-tu là pour toi ?













«La poésie n'a pas besoin de nous, elle nous fuit plutôt.» — Stéphane Jean

Le petit chat noir est là il est dans mon lit

par zeio, mardi 28 octobre 2014, 02:25 (il y a 3466 jours) @ cat

Le petit chat noir est là il est dans mon lit

par cat @, mardi 28 octobre 2014, 02:31 (il y a 3466 jours) @ zeio

Le petit chat noir est là il est dans mon lit

par zeio, mardi 28 octobre 2014, 02:59 (il y a 3466 jours) @ cat

Merci mille fois catrine.