Babel

par Claire, mardi 31 janvier 2017, 16:08 (il y a 2650 jours)

à côté du tas de compost elle dort
deux mouches sous son cou.
ailes grises d’un ange si bien repliées
dors, oiseau, dors ma belle, roucoule ailleurs
bientôt tu pueras
je reviendrai voir ton fin squelette.

vois la fille courir
sur la plage de sable noir
sautant vers la lumière du nord
bondissante, le soleil gris s’est endormi, aussi
le corps de la fille est une lumière
ses cheveux roux
elle pourrait être nue, sans rien changer.

on n’est ni du nord ni du sud
les larmes montent quand même
devant des larmes sincères.

Babel

par Constance @, mercredi 01 février 2017, 09:48 (il y a 2649 jours) @ Claire

Il y a dans ce début cruel une image qui me fait penser aux « deux trous rouges » du Dormeur du Val.
La fille-oiseau insouciante proie, ainsi que le contraste des couleurs, donnent un effet très visuel à ce poème au commencement brutal, rendu plus léger par le tercet final.
Car, à la différence du tableau de Rimbaud, la fille –oiseau résiste par sa course, par son corps-lumière à la dichotomie vie/mort, bon/ mauvais.
Je veux donc voir, puisque le poème se clôt sur un adjectif mélioratif, une lueur d’espoir. (Tu es homme puisque tu pleures)


Mais peut-être que je n’ai rien compris, peu importe, reste l’étonnement d’un bel objet- lyre

Babel

par le Rouge-gorge, mercredi 01 février 2017, 10:32 (il y a 2649 jours) @ Constance

Et, en effet, le pauvre être fut sur le point de s’élancer dans le creek qui le séparait de la forêt, et ses jambes se détendirent un instant comme un ressort…mais, presque aussitôt, il se replia sur lui-même, il s’affaissa à demi, et une grosse larme coula de ses yeux !
« Ah ! s’écria Cyrus Smith, te voilà donc redevenu homme, puisque tu pleures ! »
Oui ! le malheureux avait pleuré ! Quelque souvenir, sans doute, avait traversé son esprit, et, suivant l’expression de Cyrus Smith, il s’était refait homme par les larmes.

Jules Verne - L’Île mystérieuse (fin du chapitre 15 et début du 16)

Comme Constance, j'ai pensé à Arthur RIMBAUD et à son dormeur du val.

Merci à Claire qui m'a permis de me lancer dans l'écriture d'un poème hier-soir durant le trop long CA de mon collège... Ce texte a pour titre Méditerranée, il n'est pour le moment écrit que sur mon téléphone.

Cordialement.
Fabrice

Babel

par Claire, mercredi 01 février 2017, 11:37 (il y a 2649 jours) @ le Rouge-gorge

merci beaucoup à vous deux, pour l'écho et la sensibilité, qui saisissent toujours le fonddes choses.

Je sais qu'on ne devrait pas "démonter" un poème, mais celui-ci c'est l'occasion de parler de la magie, quelquefois, des collages :

la tourterelle est réelle, je l'ai vraiment trouvée là, telle que je l'ai décrite, et il y avait l'aura de la mort autour d'elle (comme autour du dormeur du val), mais surtout j'ai pensé à cette odeur effroyable qui allait venir ensuite, que j'ai déjà sentie, qui est comme la personnification de la mort...heureusement quand je suis revenue, elle avait disparu. J'ai vu passer un renard récemment en haut de ma rue.

il y a ensuite une vidéo, d'un groupe norvégien, une belle chanson, une belle vidéO.

il y a enfin une chronique de Nicole Ferroni sur Alep, qui m'a beaucoup émue.

je ne sais pas pourquoi j'ai mis tout cela bout à bout, mais un sens s'en est dégagé sans que je l'ai prémédité. Ça parlait de la paix.

la vidéo de Nicole Ferroni

par Claire, mercredi 01 février 2017, 11:41 (il y a 2649 jours) @ Claire

la vidéo de Nicole Ferroni

par le Rouge-gorge, mercredi 01 février 2017, 11:55 (il y a 2649 jours) @ Claire

J'ai la sale habitude de ne rien manquer de Nicole Ferroni, depuis un an environ, c'est sensible, toujours, c'est si souvent loufoque et si vrai à la fois.

Un ami est allé au Liban au pire moment, il m'a dit à son retour que plus que les images ou les bruits, ce sont les odeurs qui l'on marqué à jamais. Pourtant, cet ami déteste toute forme de poésie, mais dans sa voix, l'émotion était là, palpable.

Cordialement.

Fabrice

la vidéo de Nicole Ferroni

par Claire, mercredi 01 février 2017, 12:00 (il y a 2649 jours) @ le Rouge-gorge

oui, et très documenté aussi.
et je ne sais pas si tu as vu dans le sous-titrage, à un moment on écrit que je jeune homme dont elle parle n'est plus sur les réseaux sociaux.

la vidéo de Nicole Ferroni

par Claire, mercredi 01 février 2017, 12:03 (il y a 2649 jours) @ Claire

ah, je voudrais ajouter encore : cette chronique, pour moi, avec : images d'info/réseaux sociaux/guide du routard/histoire et phrase du père/larmes, c'est de la poésie : le choc entre des choses qui révèle une vérité qu'on ne peut pas dire autrement, en tout ca pas aussi fort.

J'en doute, même d'avantage

par essim, jeudi 02 février 2017, 08:42 (il y a 2648 jours) @ Claire

- pas de texte -

merci !

par Claire, mercredi 01 février 2017, 12:42 (il y a 2649 jours) @ Aide en ligne

- pas de texte -

merci !

par Constance @, mercredi 01 février 2017, 16:21 (il y a 2649 jours) @ Claire

Merci Claire pour l’intéressante genèse de ton poème, et mes compliments pour avoir traité ce sujet avec acuité.
Le titre devient évidence.

De rien, moins encore.

par essim, jeudi 02 février 2017, 08:38 (il y a 2648 jours) @ Claire

- pas de texte -

Babel

par Périscope @, jeudi 02 février 2017, 18:59 (il y a 2648 jours) @ Claire

Sur le passage inéluctable du temps à partir de l'oiseau

et l'enfant est insouciante de tout ça

puis une émotion au nom du "on", nous tous, la narratrice
la focale se referme, du dehors au dedans, du volatile à l'humain.

Excuse-moi pour ce commentaire un peu explicatif, mais c'est ma manière de rentrer dans ton poème, qui me parle

Babel

par Claire, jeudi 02 février 2017, 20:46 (il y a 2647 jours) @ Périscope

merci Périscope, de ta lecture et d'être ici.