Comme des Marie-salopes poème Fabrice Selingant

par le Rouge-gorge, samedi 11 février 2017, 14:40 (il y a 2632 jours)

[image]

Comme des marie-salopes

Troublants reflets de l'acide des nuits
Muets et stupéfaits tels des objets surpris
Par la violence des choix, des gestes et des faits
La masse frappe lourd car telle est sa mission
Sans état d'âme, sans pudeur et sans trouble
La hache tranche fort même si l'arbre est en vie
La chaise sans miroir y perd ses oxydes
La chaise n'est aphone que du prénom caduc
De celui qui sans joie est parti loin d'ici
Quittant son quotidien, la chaleur des amis
Pour la rudesse d'un tarmac sous l'âpre silence de touristes contraints
La chaise sans miroir y perd ses oxydes
La chaise n'est aphone que du prénom caduc
De celui qui sans joie est trop tôt retraité
Quittant son atelier, les collègues solidaires
Pour rester seul chez lui quand son usine fuit
S'installer sous des cieux bien plus roses pour les grands prédateurs
La chaise sans miroir y perd ses oxydes
La chaise n'est aphone que du prénom caduc
D'une Marianne qui s'abîme au pluriel fosse océanique
O abysses O mutisme des ténèbres
Quand mille cent mètres de vases te comblent
Là, viendront des chalands, navires sans idéaux
Qui recevront les fonds, boues aux remugles infâmes
Les berges resteront d'herbe verte si tendre.


Fabrice Selingant

Comme des Marie-salopes poème Fabrice Selingant

par Claire, samedi 11 février 2017, 15:11 (il y a 2632 jours) @ le Rouge-gorge

tu vois, j'ai bien aimé tes escalators vides parce qu'ils faisaient un grand pas de côté par rapport à mon poème, un grand pas de côté mais c'était incontestablement visuellement relié.
Mais là, et souvent, tu écrases le poème par ton image, c'est redondant, illustratif, bref, c'est trop.

Comme des Marie-salopes poème Fabrice Selingant

par le Rouge-gorge, samedi 11 février 2017, 15:40 (il y a 2632 jours) @ Claire

Oui, c'est vrai, c'est redondant, mais le poème, Claire, l'apprécies-tu ?

Fabrice

Comme des Marie-salopes poème Fabrice Selingant

par Claire, samedi 11 février 2017, 15:43 (il y a 2632 jours) @ le Rouge-gorge

honnêtement, non. mais c'est ce que je te disais de nos deux tempéramments : je n'aime pas la poésie qui démarre sur des idées et des théories, si louables qu'elles soient. Elle devient illustrative, et pour moi la poésie est exploratrice.

Comme des Marie-salopes poème Fabrice Selingant

par Claire, samedi 11 février 2017, 15:47 (il y a 2632 jours) @ Claire

ah, et tant qu'on y est, après je vous laisse tranquilles pour quelques jours : c'est un peu lourd tes titres : "XXXXXX poème de Fabrice Selinguant", ça fait des gros pavés sur la page et on a l'impression d'une auto-promo alors que je n'ai pas l'impression que tu sois du genre.

allez, bon week-end.

sous les pavés la page

par le Rouge-gorge, samedi 11 février 2017, 17:42 (il y a 2632 jours) @ Claire

sous les pavés la page,
sous les pavés la plage,
sous les ondées la nage.

sous les pavés la page

par Chrys la liseuse @, samedi 11 février 2017, 17:56 (il y a 2632 jours) @ le Rouge-gorge

sous les pavés la page

par le Rouge-gorge, samedi 11 février 2017, 18:39 (il y a 2632 jours) @ Chrys la liseuse

Merci Chrys, ce texte fait un aller sur les jeunes sortis des classes un soir et renvoyés dans leurs pays d'origine parce que sans papiers, et les choix de gestion qui fait que les usines les suivent car les décideurs d'aujourd'hui n'ont de valeur que le moins disant social.

Fraternellement.

Fabrice

sous les pavés la page

par essim, samedi 11 février 2017, 18:55 (il y a 2632 jours) @ le Rouge-gorge

Des idées dérangeantes, ancrées dans la réalité ci-présente et criante.

Quelle poésie pourrait être sans idée, à l'origine de toute poésie ? Il me semble, qu'elles soient conscientes ou intuitives ou, entre deux. Là peut se situer, éventuellement, des nuances.

Si exploration il y a, c'est la quête d'une écriture idoine.

sous les pavés la quête

par Agabardine, samedi 11 février 2017, 19:09 (il y a 2632 jours) @ essim

"...la quête d'une écriture idoine..."

J'ai bien rigolé. T'as pas fini d'faire la quête...

sous les pavés la page

par essim, samedi 11 février 2017, 21:26 (il y a 2632 jours) @ essim

finalement enlever la dernière phrase.

Princesse de Clèves

par Chrys la liseuse @, dimanche 12 février 2017, 05:54 (il y a 2632 jours) @ essim

Est-ce à cause de "si tendre" qu'il faut mettre ce vers au vert ?
C'est bien de tendre la perche , ceci évitera de se prendre une volée de bois vert

Hors temps :

[image]

sous les pavés la page

par Chrys la liseuse @, dimanche 12 février 2017, 04:55 (il y a 2632 jours) @ le Rouge-gorge

Faire enfin dire quelque chose à quelqu’Un qui serait le Pauvre, ce bon pauvre dont tout le monde parle et qui se tait toujours.

Voilà ce que j’ai tenté.


Jehan Rictus, Les soliloques du pauvre

chair à patrons

par Chrys la liseuse @, dimanche 12 février 2017, 05:05 (il y a 2632 jours) @ le Rouge-gorge

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit

Tu fais écho au poème d'Hugo d'actualité consternante

Tout pour le Dieu Economie, rien pour nos frères humains

la beauté est à chaque coin de rue

par le Rouge-gorge, samedi 11 février 2017, 19:27 (il y a 2632 jours) @ Chrys la liseuse

Donnons du sens aux écrits, Bella attend Chrys.

la beauté est à chaque coin de rue

par Chrys la liseuse @, dimanche 12 février 2017, 04:42 (il y a 2632 jours) @ le Rouge-gorge

Je n'y manquerai pas, Mister Renard ;)
mais je suis bloquée : voilà qu'ils me demandent mon mot de passe, oublié bien sûr, hier j'ai fait la demande d'un nouveau et j'attends toujours de le recevoir dans ma boîte à mél.

Chaleureusement,

Chrys

la beauté est à chaque coin de rue

par essim, lundi 13 février 2017, 17:56 (il y a 2630 jours) @ Chrys la liseuse

Je l'attends à mon tour patiemment.

Aplomb

par Chrys la liseuse @, dimanche 12 février 2017, 05:13 (il y a 2632 jours) @ Claire

Ceci s'appelle une posture il me semble
(mais le doute est père de la poésie)

Aplomb

par Claire, lundi 13 février 2017, 18:20 (il y a 2630 jours) @ Chrys la liseuse

non, c'est juste une position.
Je ne sais pas pourquoi j'ai cette vision de la poésie. Par exemple j'aime beaucoup la littérature engagée, et le cinéma aussi.

Pour employer une métaphore je dirais que la littérature (prose, roman, théâtre) est un magnifique cheval mais que la poésie est un zèbre. On ne peut rien faire d'un zèbre à part le regarder. On ne peut ni l'élever ni le domestiquer pour lui faire porter des charges, ni le monter pour l'amener quelque part.
La poésie surgit d'une partie sauvage de notre pensée, de notre émotion nue, et quand nous cherchons à lui faire porter des concepts nous l'alourdissons. La poésie tente de libérer les mots et la langue des concepts, d'en faire comme de la musique ou de la peinture.

J'entends bien ce que dit Fabrice de l'inspiration qui surgit au décours de ses poèmes et je la vois bien aussi, c'est pourquoi je les trouve souvent bons. Mais les thèses trop qu'on y perçoit les abiment à mon avis. C'est comme si on me proposait une leçon.
Les beaux poèmes "engagés" que je connais ont jailli d'une grande douleur, pas d'idées, même généreuses.
De toutes façons, nos idées transparaissent forcément dans notre sensibilité et dans l'écriture, pas besoin de leur dédier le poème.

Mais, encore une fois, c'est ma position.

Aplomb

par Chrys la liseuse @, mardi 14 février 2017, 07:34 (il y a 2630 jours) @ Claire

Merci Claire, d'avoir pris la peine de me répondre.
J’ai bien compris : une position (bis). Je préfère cependant le mot « posture » ( l’opposé d’imposture) plus gratifiant il me semble que la position ( dans position il y a pose) car je vois derrière elle une idée d’ordre, de maintien , presque militaire (la position ennemie) voire de compétition (pole-position) qui me paraissent contraires à l’esprit invoqué dans le nom de ce forum. La posture me fait penser au yoga, c’est quand même plus sympa. Et puis, mon médecin, non conventionnel, affirme que la posture est un atout.
Donc j’ai bien compris ta fermeté en matière de positionnologie, à savoir tes réticences envers l’engagement en poésie, et je la respecte. Tu fais un lien intéressant entre idées et réalisme.

Je voudrais ajouter que je trouve sur ce forum nombre de commentaires par trop péremptoires et cassants, voire inhumains. On se croirait à l’école d’avant, lue dans les romans et racontée par nos pères confrontés aux humiliations de maîtres imbus et méprisants. Tu vas me dire :
- Nous ne sommes pas des enfants !
Eh eh... on peut rétorquer :
- Pas de poète si pas d’âme d’enfant dans la tête !
« À tous ceux qui crevèrent d'ennui au collège ou qu'on fit pleurer dans la famille, qui, pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs parents, je dédie ce livre ».
(Vallès, dédicace de L’enfant)
Je sais que c’est pour cela que beaucoup ont voulu devenir prof : ne pas reproduire ces postures éducatives.
Mais je suppose que ces écrivains « doloristes », comme on dit aujourd’hui, et dixneuviémistes de surcroit, ils vous gonflent, si j’en crois vos soupçons exacerbés de mièvrerie.
Il est vrai que quand on voit ce que certains appellent poésie sur le net, il faut être vigilant et rechercher l’excellence en traquant par exemple les jolis ornements d’antan qui ressortent par tous les pores de la plume, à moins d’une longue pratique je suppose.
Mais il convient d’exercer aussi sa vigilance en n’étant pas dogmatique. La barbarie naît de l’absence de nuance, tout comme à l’inverse la nuance devient gage de liberté. Ce n’est pas moi qui le dis, mais JP Siméon, Goncourt de la poésie 2016. ( aïe, je suppose que le mot Goncourt vous fait frémir)
Voilà, j’ai plaisir à lire les textes sur ce forum, déplaisir à lire les jugements non constructifs et/ou réducteurs.

Bien chaleureusement,

Chrys

Aplomb

par Claire, mardi 14 février 2017, 07:59 (il y a 2630 jours) @ Chrys la liseuse

c'est drôle on ne met pas la même chose derrière un mot, comme "posture" qui pour moi renvoie à quelque chose de forcé, d'impérieux et de prétentieux, alors que "position" est au contraire reconnaître sa propre subjectivité.

Pour le reste je suis d'accord avec toi, même si j'ai vu pas mal de lieux où l'agressivité était tout aussi présente bien que très dissimulée (du coup c'est difficile d'y répondre ou de la dénoncer) et où les "positions" esthétiques étaient si enrobées qu'on n'y pigeait rien.
Je crois que la brutalité de pas mal d'intervenants ici cherche à éviter ces écueils...en dehors de leur sale caractère.

Mais je reviens de plusieurs mois d'éloignement tant cette agressivité avait fini par me sortir par les yeux.

Aplomb

par Merle, mardi 14 février 2017, 08:33 (il y a 2630 jours) @ Claire

Je crois que la brutalité de pas mal d'intervenants ici cherche à éviter ces écueils

Chante

par Merle, mardi 14 février 2017, 22:57 (il y a 2629 jours) @ Merle

Comme des Marie-salopes poème Fabrice Selingant

par Périscope2 @, samedi 11 février 2017, 18:09 (il y a 2632 jours) @ le Rouge-gorge

Peut-être que le vocabulaire pourrait être plus simple, se méfier du soit disant poétique.

Trouver un équilibre entre poésie et compréhension, ce n'est pas facile, soit l'abscons l'emporte sur le réalisme plat, ou le contraire.
Ton texte m'intéresse car il pose cette question là entre autres...

Comme des Marie-salopes

par le Rouge-gorge, samedi 11 février 2017, 18:36 (il y a 2632 jours) @ Périscope2

Je trouve une violence latente dans les verbes compliqués.

C'est aller retour entre concret et abstrait, entre mots de tous les jours et secrets à percer fait partie de ma recherche.

Moi aussi, j'aime me surprendre.

Je pense que les marie-salopes ne font pas partie du vocabulaire le plus usité et j'ai surpris de ces gens cultivés lors d'une lecture de ce texte qui n'avaient pas saisi de quoi l'image était faite, ainsi, si l'image picturale vient se surajouter au texte, c'est bien redondant et illustratif, c'est volontaire. Mais, les mêmes gens, ayant, enfin, saisi le sens de ces navires, généralement, prétendent avec ostentation, avoir saisi immédiatement.

Fraternellement.

Fabrice

Comme des Marie-salopes

par Chrys la liseuse @, dimanche 12 février 2017, 04:25 (il y a 2632 jours) @ le Rouge-gorge

Je ne connaissais ce mot que pour son utilisation péjorative : j'entends encore mon père le prononcer avec désinvolture.
Peut-être que s'il avait lu un poème sur ce sujet aurait-il réfléchi à 2 fois et, qui sait, aurait-il même pu contribuer à faire l’histoire dans la lutte pour la libération des femmes...

La poésie sauvera le monde : c'est le titre du Goncourt de la poésie 2016.

J.Pierre Siméon rappelle aussi ces mots du poète tchouvache Gennadi Aigui¨:

"La poésie est le travail-langage de la fraternité humaine"