mes réponses à un questionnaire

par dh, vendredi 24 février 2017, 14:07 (il y a 2621 jours)

Recours au Poème affirme l’idée d’une poésie conçue comme action politique et méta-poétique révolutionnaire : et vous ? (vous pouvez, naturellement, ne pas être en accord avec nous, ou à être d’accord dans un sens diamétralement opposé au nôtre)

Mallarmé parle d’ « action restreinte » dans les divagations, et en effet Il ne faut sûrement pas s’attendre à de gros bouleversements politiques provoqués par un poème. Et quand bien même, cela prouverait-il la valeur, la justesse de ce poème ? Non. Il n’y a pas de preuve dans ce domaine et ceux qui prétendent en apporter sont toujours des imposteurs. Breton avait tort de vouloir mettre la poésie « au service » d’une quelconque idéologie, et cela a donné les horreurs que l’on connait. Ce n’est pas la poésie qui doit être au service de la révolution, mais au contraire la révolution qui doit être au service de la poésie.
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« Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve ». Cette affirmation de Hölderlin paraît-elle d’actualité ?

C’est parfois dans des périodes de crise où de grands désordres que surviennent de grands poèmes. Mais n’en faisons pas une loi. Est-ce que la poésie « sauve » de quoi que ce soit ? Méfions-nous des sauveurs, des mandarins-émancipateurs de toutes obédiences qui prétendent détenir le remède à tous les maux du siècle …
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Dans Préface, texte communément connu sous le titre La leçon de poésie, Léo Ferré chante : « La poésie contemporaine ne chante plus, elle rampe (...) A l'école de la poésie, on n'apprend pas. ON SE BAT ! ». Rampez-vous, ou vous battez-vous ?

Que ce soit dans le purgatoire de Dante ou dans « comment c’est » de Beckett, on voit des personnages qui rampent … Le serpent, l’un des animaux fétiches de Zarathoustra, reste collé au sol, près de l’humus, de la terre et des racines ... On a parfois pas d’autres choix que de ramper, de se cacher, de se conformer en attendant des jours meilleurs … Et je ne suis pas d’accord avec Ferré, on apprend aussi en lisant, en écrivant, en vivant. C’est même l’une des choses qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. Quand à se battre, oui, contre l’inertie et une trop grande passivité, peut-être, mais pas pour la domination.
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Une question double, pour terminer : Pourquoi des poètes (Heidegger) ? En prolongement de la belle phrase (détournée) de Bernanos : la poésie, pour quoi faire ?

Bernanos comme Heidegger et Hölderlin (et Kafka) sont des écrivains empreints de spiritualité, voire de religiosité. Je ne crois pas pour ma part à la poésie comme outil de connaissance donnant accès à une perception plus vraie du réel, ni à une quelconque efficience émancipatrice et politique du poétique. Peut-être devrait-il être un chemin nous incitant, plus modestement, à développer un plus grand raffinement esthétique et moral, et ainsi à renoncer à la cruauté qui nous est propre ?

mes réponses à moi au même questionnaire

par Rémy @, mardi 28 février 2017, 22:54 (il y a 2617 jours) @ dh

Recours au Poème affirme l’idée d’une poésie conçue comme action politique et méta-poétique révolutionnaire : et vous ? (vous pouvez, naturellement, ne pas être en accord avec nous, ou à être d’accord dans un sens diamétralement opposé au nôtre)

Y s'la pète, ce Recours au Poème... Mais grand bien lui fasse, du moment qu'il ne vient pas m'obliger, moi, à penser à ses révolutions pendant que j'écris.
L'inspiration me vient d'où elle veut, et c'est d'elle que je m'occupe au moment d'écrire ; si par hasard elle m'envoyait des idées de poèmes politiques ou révolutionnaires, je lui obéirais, mais jusqu'ici, elle s'est plutôt contentée de me faire parvenir des mots, des sons, des rythmes, des images, des étymologies, des instants, des phénomènes naturels et des angles de vue.
La poésie qui sortirait en se pressant le citron dans un domaine donné ou en se restreignant à une cause, je n'y crois pas.

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« Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve ». Cette affirmation de Hölderlin paraît-elle d’actualité ?

Je refuse de répondre à une question aussi vague. Précisez de quel(s) péril(s) vous voulez parler.

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Dans Préface, texte communément connu sous le titre La leçon de poésie, Léo Ferré chante : « La poésie contemporaine ne chante plus, elle rampe (...) A l'école de la poésie, on n'apprend pas. ON SE BAT ! ». Rampez-vous, ou vous battez-vous ?

Les deux, mon capitaine... Ferré n'a-t-il donc jamais fait l'armée, pour ignorer ainsi que les combats se passent beaucoup plus souvent allongé dans la gadoue que fièrement debout ? C'est en soignant chaque lettre de ses textes qu'on leur donne de l'efficacité. Et pour ça il faut beaucoup apprendre.

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Une question double, pour terminer : Pourquoi des poètes (Heidegger) ? En prolongement de la belle phrase (détournée) de Bernanos : la poésie, pour quoi faire ?

Why do dogs lick their balls ? Because they can.

mes réponses à un questionnaire

par zeio, mercredi 01 mars 2017, 01:05 (il y a 2616 jours) @ dh

Recours au Poème affirme l’idée d’une poésie conçue comme action politique et méta-poétique révolutionnaire : et vous ? (vous pouvez, naturellement, ne pas être en accord avec nous, ou à être d’accord dans un sens diamétralement opposé au nôtre)

J'en reste à l'affirmation de Baudelaire : "la poésie n'a d'autre but qu'elle-même."

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« Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve ». Cette affirmation de Hölderlin paraît-elle d’actualité ?

Ça me semble être une loi de la vie. Dans le cas contraire, les forces mortifères auraient depuis longtemps eu raison d'elle.

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Dans Préface, texte communément connu sous le titre La leçon de poésie, Léo Ferré chante : « La poésie contemporaine ne chante plus, elle rampe (...) A l'école de la poésie, on n'apprend pas. ON SE BAT ! ». Rampez-vous, ou vous battez-vous ?

Je rampe, mais sur le dos.

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Une question double, pour terminer : Pourquoi des poètes (Heidegger) ? En prolongement de la belle phrase (détournée) de Bernanos : la poésie, pour quoi faire ?

Pour commencer enfin ce qu'on a fini.