Insulaire
par RG 
, samedi 08 novembre 2014, 13:48 (il y a 3458 jours)
La poche droite de ma blouse était jaunie, un des gamins me l’a fait remarquer hier. Durant la récréation, je l’ai arrachée. J’ai remarqué que certains fils commençaient à se découdre et j’avais beau les rompre avec ma main, le tissu continuait de s’effilocher. Le retrait de la poche a laissé un trou sur la blouse. Je ne sais pas si c’est lié, mais j’ai aussi découvert que j’étais maintenant trop fatiguée pour descendre chercher les enfants, je me contente de faire un signe de la main. Un signe énergique, pour que toute la classe remonte d’un bloc, et que je n’ai pas à leur gueuler dessus. Ce soir, je corrige quelques cahiers, l’école est éteinte. Devant la fenêtre qui jouxte mon bureau, les baies, elles, n’ont pas de cancer. Elles ont été comme revigorées par le soleil de la journée.
Insulaire
par zeio , samedi 08 novembre 2014, 22:56 (il y a 3458 jours) @ RG
Salut romain, j’ai toujours cette impression de concassement. Un peu comme un patient sur le divan, traumatisé par le fil interrompu de millions de pensées, en proie au frein du doute ou de l’embarras, qui commencerait à parler du beau temps, un peu forcé (laissant échapper quelques signes malgré lui), s’empêchant soigneusement de parler des troubles qui lui remuent le buste. Ou comme un chercheur d’or rentré le soir, à qui l’on demande « alors la récolte d’aujourd’hui ? », « — quasi bredouille, comme d’hab » montrant à ses amis quelques grammes de poussière d’or dans une main, cachant la pépite dans l’autre. Bon cette remarque peut être vue comme comme une simple incitation « dis en plus », oui, c’est sans doute ça, « dis en plus ».
Insulaire
.. il donne soif mais ne donne pas à boire ... ?
..en même temps, il plante bien la banalité, un décor ordinaire, cette odeur de routine quotidienne, et le petit rien qui peut tout chambouler. je trouve toujours intéressant ce genre d'amorce qui au premier abord semble mener nulle part quand en fait c'est ouvert à tant de degrés, je veux dire si largement ouvert, que probablement tous ici nous pourrions poursuivre le fil d'autant de manières différentes et trois fois plutôt qu'une. l'amorce est alors "productive", ce qui confirme étant ta propre "soif" (et la mienne aussi)
..en même temps, il plante bien la banalité, un décor ordinaire, cette odeur de routine quotidienne, et le petit rien qui peut tout chambouler. je trouve toujours intéressant ce genre d'amorce qui au premier abord semble mener nulle part quand en fait c'est ouvert à tant de degrés, je veux dire si largement ouvert, que probablement tous ici nous pourrions poursuivre le fil d'autant de manières différentes et trois fois plutôt qu'une. l'amorce est alors "productive", ce qui confirme étant ta propre "soif" (et la mienne aussi)
Insulaire
par zeio , dimanche 09 novembre 2014, 18:35 (il y a 3457 jours) @ c.
oui, c'est bien, et ça donne soif.
Insulaire
Bah, écoute, finalement je ne peux qu’acquiescer, parce que, oui, c'est vrai, je tourne autour de quelque chose dont je n'arrive pas à trouver la forme écrite, ça paraît bête comme ça, mais je dépasse rarement une demi-page, je condense tout et puis j'arrête, tout ce que j'écris ce sont des fragments, avant je me drapais dans un truc du genre "je fais dans le récit elliptique, tronqué", et puis, en fait, c'est juste une hésitation que j'ai devant la page, j'écris puis j'efface, je sauve parfois des petits bouts comme celui-ci mais dont je ne suis pas satisfait, ça fait très prétentieux comme discours, sans doute, mais je pense que je suis trop impressionné par ce que je lis, de par mon travail j'ai le nez toute la journée dans des bouquins, et tout ce qui sort de moi est comme voué à une négation instantanée parce que sans valeur à mes yeux, d'ailleurs le seul vrai texte que j'ai publié en plaquette chez La Vachette alternative raconte ça : l'histoire d'un garçon qui n'arrive pas à écrire.
J'ai mal placé ma réponse, je crois. Elle était pour zeio.
- pas de texte -
J'ai mal placé ma réponse, je crois. Elle était pour zeio.
par zeio , lundi 10 novembre 2014, 19:40 (il y a 3456 jours) @ RG
Ta réponse est bien placée (si tu as un doute tu peux voir "en réponse à..." en haut de tes messages.
Tu sais je fonctionne un peu pareil à ce niveau, je m'y retrouve, je pense qu'il n'existe qu'un antidote : travailler encore et toujours, ne pas lâcher "l'affaire", puis ça finit par venir, l'écrit devient synchrone avec le cheminement des pensées, un espace s'ouvre qui libère l'expression. C'est presque comme un blocage sexuel ou affectif dans la mécanique créatrice. Il vaut mieux être une poule avec un anus trop serré pour un œuf trop gros, qu'une poule avec un anus grand ouvert mais qui pond des fœtus bleuis et malingres. On sent en tout les cas une vraie passion pour la littérature, dans tes revues mais aussi dans tes textes (et à mon sens cette "obstruction" naît de cette passion assez démesurée)
Tu sais je fonctionne un peu pareil à ce niveau, je m'y retrouve, je pense qu'il n'existe qu'un antidote : travailler encore et toujours, ne pas lâcher "l'affaire", puis ça finit par venir, l'écrit devient synchrone avec le cheminement des pensées, un espace s'ouvre qui libère l'expression. C'est presque comme un blocage sexuel ou affectif dans la mécanique créatrice. Il vaut mieux être une poule avec un anus trop serré pour un œuf trop gros, qu'une poule avec un anus grand ouvert mais qui pond des fœtus bleuis et malingres. On sent en tout les cas une vraie passion pour la littérature, dans tes revues mais aussi dans tes textes (et à mon sens cette "obstruction" naît de cette passion assez démesurée)
Insulaire
par Claire , mercredi 12 novembre 2014, 12:26 (il y a 3454 jours) @ RG
idem que ci-dessus.