Consolation

par zeio, mercredi 29 mars 2017, 00:01 (il y a 2605 jours)

Ici il ne subsiste qu'un peu de neige fondue, des branches mortes. D'autres se sont certainement arrêtés ici même. Lieu propice. Certains ont repris la route, d'autres se sont laissés allés. Ils ont succombé à la fatigue, au froid. Peu de différence. Il suffit de pas grand chose pour inciter les Hommes à faire une halte. Un talon légèrement douloureux, le soleil bas, une pensée négative. Une question en suspens. Tenir en respect les bêtes de la nuit. Après une halte ordinaire, parfois ils ne parviennent pas à se remettre en route. Ça hoquète, rechigne. La plupart du temps ils n'ont pas de raison valable de s'arrêter. C'est mieux ainsi. Quelqu'un a fait un feu, la terre en est témoin, en faire un, ou non, qu'importe. En faire un. Pour le soulagement, la consolation. Parce qu'on n'attend rien. Passer le témoin. Voire éteindre la nuit. Pour le suivant qui aura froid lui aussi. Le grand sapin en surplomb ne protège de rien, certainement pas du vent, mais il veille, sans doute n'osera t-il pas déverser en éboulements sur le feu ces nappes de neige qui le recouvrent. Malgré les vagues de chaleur ascendantes. Il tiendra fermement. On a de quoi prier, les mains jointes, gelées, pour que le feu ne s'éteigne pas trop vite. Toujours ça de pris sur le dehors, et l'anéantissement qui menace. Un hibou guette un infime mouvement. Des bloc de glace se détachent, dans un bruit sourd de martèlement. Il fait meilleur.

Une terrible beauté st née

par Chrys, mercredi 29 mars 2017, 08:03 (il y a 2605 jours) @ zeio

Comme tout tremblant on offre un bouquet de fleurs, je dépose en partage un texte écrit il y a longtemps à partir d'un vers de Yeats. Ce sera peut-être un pensum, je prends le risque,auquel cas je m'excuse de vous l'infliger, mais chacun est libre de passer son chemin, de ne rien dire s'il ou elle a la flemme, de râler aussi ! Je devance les critiques : hyper classique, lourd, indigeste, démonstratif, pompeux, psychothérapie à 2 balles ;)
Mais il m'est venu à l'esprit en lisant le texte de Zeio ( bien plus subtil et universel ), avec aussi des images du film La route.

Cela n'apportera pas grand-chose, si ce n'est un vague écho. C'est juste pour dire quelque chose sur cette humaine Consolation qui m'a touchée. Pour dire mon Plaisir du texte, et je ne sais pas faire mieux que Barthes.
Un autre écho, d'un auteur sombre souvent : Stig Dagerman , Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.

Alors voici mon texte :


Eugénie ouvre les yeux. Elle aime ne pas se lever aussitôt réveillée, se prélasser dans l'émerveillement initial du lieu choisi pour ses échappées, la clairière et son ruisseau d'eau transparente, les pépiements d'oiseaux, les grappes violines des digitales.
Mais ce samedi-là, un silence lourd de présages et de souvenirs régne. Elle se sent envahie par cette impression bien connue de catastrophe, qui la fait se réveiller parfois en sursaut, comme piquée par une aiguille. Elle devine qu'aujourd’hui rien ne rit ni ne chante. Par la fenêtre elle entrevoit les hauts sapins noirs qui lui semblent être des figures d'ogres. Dans les formes des nuages, elle croit voir le tableau effrayant de Saturne dévorant ses enfants.
La bien-née ! Un prénom prometteur. Son frère jumeau n'avait pas même eu le temps de porter cet autre prénom glorieux prévu pour lui, du nom d’un ancêtre paternel. Même pas un soupir pour Victor, le mort-né.
Tu l'as mangé, avait dit un jour la mère, sans explications. C'était une femme implacable aux mains sèches.Le médecin-accoucheur avait dit que la petite avait pris toute la nourriture dans le ventre de sa mère, qu’il ne restait rien pour l’autre bébé.
Souvent Eugénie rêve qu'elle tombe, se relève, titube, appelle à l'aide- qui ? peut-être Victor.
Mais elle est seule, comme chacun finit toujours par être seul un jour. Et souvent elle tombe réellement, sans raison dans la rue, dans les couloirs bondés du métro, sur le carrelage chez elle, ou tout bêtement dans l’escalier, en portant les courses, ou en trébuchant sur une roche en randonnant.

Depuis quelques semaines dans le fracas du monde on assistait à un fort beau spectacle sur les écrans : des astrophysiciens de l'Institut de Mécanique Céleste avaient détecté une géante gazeuse. Des images psychédéliques défilaient. Tous, poètes, photographes et rêveurs étaient dans l'euphorie de la nébuleuse.

Tout est changé, changé absolument :
Une terrible beauté est née


Pas de risque que cette nouvelle planète ne vienne percuter sa mère la Terre, dit-on. Pas de cataclysme prévu avant des millions d'années.
Ce samedi-là, c’est le dernier jour de l'été. Étrange souffle de vent, ballets d'oiseaux affolés dans le ciel devenu métallique, craquements d'arbres rompus. L'obscurité tombe, coupée d'éclairs. Le ruisseau chantant devient torrent boueux.
A peine le temps d'avoir peur.

Consolation de zeio et Une terrible beauté st née de Chrys

par le Rouge-gorge, mercredi 29 mars 2017, 08:44 (il y a 2605 jours) @ Chrys

Je comprends cette réponse d'un beau texte à un autre beau texte...

Consolation me fait penser au film turc Yol, la permission d'Yılmaz Güney. L'atmosphère du texte nous donne un bien maigre espoir. C'est beau.

Une terrible beauté, lui, est plus fatal avec cette Eugénie née belle pour mieux tomber, du drame infime, le passage au chaos universel est posé là avec la légèreté d'un constat tragique. J'aime.

Bravo à tous les deux.

Fraternellement.

Fabrice le Rouge-gorge

Une terrible beauté st née

par Claire, mercredi 29 mars 2017, 10:25 (il y a 2604 jours) @ Chrys

Je connais une petite fille à qui est arrivé à peu près la même chose. Elle s'appelle Victoria.


J'aime bien ton texte, sa simplicité et l'écho entre dedans et dehors, la nature et l'histoire personnelle de l'héroïne. Le dernier paragraphe en particulier.

Mais je me dis : qu'est-ce qu'on a peur, nous les femmes, du regard ! Ici, où absolument rien de grave ne peut arriver, Cat, toi et moi venons en quelques jours de dire notre peur de poster quelque chose.

Une terrible beauté st née

par Chrys, mercredi 29 mars 2017, 12:08 (il y a 2604 jours) @ Claire

Merci Claire et Fabrice pour votre sympathique et encourageante lecture. Il y a encore des maladresses, des répétitions dans ce texte que je n'en finis pas de corriger.
Le difficile exercice que l'écriture,pour moi du moins.

A propos de peur , peut-être que comme dans mon texte mon inconscient voit des ogres partout , et sur ce forum on se fait parfois dévorer tt cru !

A approfondir : notre roi de la profondeur Remy 1er s'en chargera ;)

Une terrible beauté st née

par Rémy @, mercredi 29 mars 2017, 13:05 (il y a 2604 jours) @ Chrys

Tu seras dévorée comme les autres ! Passée aux foudres du participe ! Gravée d'accents ! Essorillée des assonances et alitée des allittérrassions ! Scrutée des gros yeux, ratatinationellement !



D'ailleurs, là dans ton texte : la gniarde a mangé son frère avant même que d'être née, elle est copine des digitales violines, quand elle sera grande elle niaquera tout le monde par tous les moyens et elle conquerra l'univers, ce sera elle la terrible beauté. Du coup on ne voit pas ce que la peur vient faire là-dedans ! Ce qu'elle devrait ressentir, c'est un peu de mépris pour les mains sèches de sa mère et une jubilation carnassière en apprenant la géante. Tu décris une parfaite ouineuse, ça ne fait pas sens de la plonger artificiellement dans la louse... C'est les autres qui devraient avoir peur d'elle et de tous ces présages.

Et NON, NON, NON, il NE FAUT PAS greffer d'oiseaux en ballet, de ciel métallique, de rompus ni d'obscurité coupée d'éclairs dans la dernière phrase. Cette rafale de cucuteries pouet-pouettiques tombe là comme une perruque dans la soupe. Si tu tiens à mettre en scène un crépuscule orageux, fais-le avec d'autres mots, ceux-ci sont trop galvaudés.

Une terrible beauté st née

par Claire, mercredi 29 mars 2017, 13:18 (il y a 2604 jours) @ Rémy

tu n'y comprends rien, la méchante ogrette c'est la maman aux mains désséchées par cette grossesse gémellaire ratée (et par les fessées qu'elle administre) qui la voit. La pauvre enfant au contraire a tenté pendant toute la gestation, serrant son propre cordon de ses mains mains fragiles, de garantir à son frère un flux sanguin suffisant...en vain ! les foetus ont tant besoin de sommeil.
Elle est née portant son échec et la réprobation maternelle, et depuis, toute beauté est terrible comme un crépuscule orageux, comme une nébuleuse éloignée.

Une terrible beauté st née

par Rémy @, mercredi 29 mars 2017, 13:30 (il y a 2604 jours) @ Claire

Ah, vous vous complaisez dans ce genre de ratages dépressifs. La petite tuera la mère et s'en sortira par le haut. Elle deviendra astronome et préférera les grands espaces sans nuages et les gros télescopes de nuit aux clairières à ruisseaux. Les ballets d'oiseaux, c'est le tonnerre de sa carabine qui les effarouchera.

Une terrible beauté st née

par Rémy @, mercredi 29 mars 2017, 18:30 (il y a 2604 jours) @ Chrys

Sinon, un problème de ce texte, c'est qu'on ne sait jamais qui parle, et que ça donne des informations contradictoires.

Par exemple la mère dit un truc "sans explications", et juste après vient l'explication - on se doute bien que l'accoucheur a parlé à la mère et pas à la nouvelle-née, mais tu écris "il avait dit" au lieu de "il lui avait dit", de sorte que c'est au lecteur de remettre tout ça en ordre malgré les infos que tu lui donnes et pas grâce à elles.
Un peu plus loin, c'est quand on apprend la géante : quel âge peut bien avoir la mouflette ? À l'âge où on s'invente des clairières et où on a peur des mains sèches de sa mère, on n'a pas assez de distance face à la télé pour réaliser que "tous, poètes, photographes et rêveurs sont dans l'euphorie", c'est un concept beaucoup trop adulte.
C'est pareil pour la réflexion sur la bien-née, la solitude, etc. : il y a contradiction entre les différents âges et états d'esprit qui résultent des indications que tu donnes.

Il faut que tu choisisses de quel point de vue du racontes, soit dans la peau du personnage soit vu globalement par un narrateur extérieur. Tu peux changer de point de vue de temps en temps, en particulier quand tu rapportes des paroles ou des pensées, mais pas flotter au hasard à ce point, sinon le lecteur finit par ne plus savoir de quoi tu parles.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Narration#Les_points_de_vue_de_narration


Il y a un problème d'époque, aussi. La télé intervient dans le truc, donc on doit être après 1970. Les belles images astronomiques plaident même pour après 1990. Mais après 1970 ou 1990 aucun médecin accoucheur n'irait raconter qu'un des bébés à accaparé la nourriture dans le ventre ! C'est une manière de présenter les choses qu'on peut à la rigueur placer au XIXe siècle, mais pas plus tard. Pareil pour la clairière avec ruisseau, d'ailleurs, et pour l'orage de la fin - on se croirait dans un roman des Brontë. Le peu que tu dis de la mère fait penser un personnage dur typique d'entre 1850 et 1950, Hugo ou Bazin... Au total, on ne sait plus où on en est.

Une terrible beauté st née

par Chrys, jeudi 30 mars 2017, 08:13 (il y a 2604 jours) @ Rémy

Eh bien tu vois, moi, je n'ai pas du tout envie de créer ce genre de personnage, qui abonde dans la littérature, dans les films, du meilleur Chabrol au plus mauvais thriller. Et les personnages de la louse, Kerouac et Chaplin en ont fait des clochards célestes, pleins de dignité comme ceux de Kaurismaki ( pardon si je me répète pour Kaurismaki, je repense à ses poètes de la Bohème).
D'ailleurs, dans mon texte mon intention n’était pas tant de créer un personnage que de créer un univers, né de l'observation d'une photo contemporaine de clairière dans les bois, et d'images de la planète gazeuse de 2011, et aussi le résultat de bien d'autres réminiscences littéraires contemporaines ( et non, pas Bronté ! mais Dagerman et David Vann) dans ma tête.
Quant à la narratologie, connaissant bien pourtant les outils de point de vue , je reconnais que je les ai allègrement laissés de côté, au risque d’embrouiller le lecteur, merci de me le rappeler M. l’omniscient ;)
Les paroles rapportées sont authentiques ( j’aurais dû utiliser le discours indirect libre, ps si facile à d’usage d’ailleurs) : la mère en question a accouché en 59, et a rapporté elle-même ces propos à la fille dans son enfance, sans se rendre compte du mal qu’elle pouvait faire. Ce n'est donc pas si loin, et la preuve que les mentalités mettent du temps à évoluer , ne suivant pas forcément les progrès sociaux.

Désolée pour Zeio : on s'éloigne de son beau texte pas ordinaire, j'aurais dû poster le mien à part.

Une terrible beauté st née

par dh, jeudi 30 mars 2017, 09:44 (il y a 2603 jours) @ Chrys

David Vann>>>


pouark ! quelle horreur !

Une terrible beauté st née

par Chrys, jeudi 30 mars 2017, 11:13 (il y a 2603 jours) @ dh

Que voilà un jugement prompt et péremptoire , sur un article seulement ?
Lis donc ses livres !

Ah d'accord

par Rémy @, jeudi 30 mars 2017, 10:13 (il y a 2603 jours) @ Chrys

Tu as écrit avec des tas d'intentions, d'images et de paroles préfabriquées. Mais ce collage est loupé, il ne tient pas ensemble. Dommage...

Sauvage

par Chrys, jeudi 30 mars 2017, 11:25 (il y a 2603 jours) @ Rémy

Dommage ce nouvel arrivage
A mon désavantage son savonnage
Sur mon collage- gribouillage
J'ai raté mon bachotage
Je redouble à cause de mon langage
Sans en faire un fromage

On n'est pas des sauvages

Ah d'accord

par catr @, jeudi 30 mars 2017, 19:14 (il y a 2603 jours) @ Rémy

bon... Rémy, lâche un peu ce morceau ! s'il te plaît !
c'est tellement mais tellement relou !
et franchement, t'es pas LE critère d'écriture ici!

on est pas dans TA salle de rédaction d'un grand journal ou de whatever le rêve de grandeur qu'oncque pourrait nourrir, et surtout on met pas sous presse à trois heures de la nuit avec la pression de vendre toutes les copies ! et en plus tu n'es pas le directeur littéraire du forum !

(chu ben ben tannée)

Une terrible beauté st née

par sobac @, mercredi 29 mars 2017, 13:01 (il y a 2604 jours) @ Chrys

"Depuis douze ans je souffre sans avoir reçu les consolations que l’amitié prodigue aux coeurs endoloris"
HB

Consolation

par Rémy @, mercredi 29 mars 2017, 09:42 (il y a 2605 jours) @ zeio

D'autres se sont laissés aller. Rrah ces foutus participes en -é impossibles à différencier de l'infinitif en -er...

(Recommandations 1990 : d'autres se sont laissé aller, sur le modèle de : elles se sont fait mourir (et pas "faites mourir" ni "faites mortes").)

Consolation

par catr @, mercredi 29 mars 2017, 20:03 (il y a 2604 jours) @ Rémy

ou par exemple avec "mordre" en remplacement: mordre / er ; mordu / é

Consolation

par le Rouge-gorge, mercredi 29 mars 2017, 22:56 (il y a 2604 jours) @ catr

Pour moi aussi c'est mordre -re donc -er et mordu -u donc -e accent aigu. réflexes canibales de la pédagogie ogresque.

Fraternellement.

Fabrice le Rouge-gorge

Consolation

par zeio, mercredi 29 mars 2017, 23:47 (il y a 2604 jours) @ Rémy

En effet. Je vais corriger ça, merci.