Rendez-vous
Le toubib était une jeune femme au visage extraordinairement quelconque. À tel point que ses traits refluaient de ma mémoire à mesure qu'ils s'y inscrivaient. Une physionomie d'ardoise magique, songeais-je. Impossible à retenir. Elle aurait pu se lancer dans une carrière de tueuse à gage ou d'espionne industrielle, ou toute autre activité similaire exigeant une discrétion hors norme. Au lieu de quoi, elle avait hérité d'un métier conventionnel, raisonnablement bourgeois, quoiqu'exposé aux affres de la condition humaine. De cela, peut-être, découlait que l'on dénombra plus de médecins mélancoliques que de cordonniers mal chaussés.
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Rendez-vous
la dernière que j'ai vu était anesthésiste, mais au réveil son aura avait changé, elle s'endormait à coté de ses pompes
Rendez-vous
Bientôt, l'intérimaire ouvrirait son propre cabinet. D'ici là, elle palliait aux absences de confrères installés. Le spécimen qu'elle remplaçait ce jour était avide de profits. Développer son business et complaire aux autorités de la Sécurité Sociale caracolaient en tête de ses priorités. Soulager le patient (sauf à entendre la formule sous l'angle strictement pécuniaire : l'alléger de son argent), ne constituait qu'une tierce préoccupation. Un passage obligé. Lorsqu'il appliquait son stéthoscope sur votre poitrine, vous éprouviez l'étrange impression que le bonhomme sondait une part de marché. Un entretien téléphonique et deux consultations m'avaient convaincu. Ce mercantile avait prêté le serment d'hypocrite. J'avais cessé de solliciter sa science.
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